Dans la Meuse, le Rassemblement national progresse d'élection en élection. Un enracinement qui ne se limite plus seulement aux zones les plus rurales. La liste menée par Jordan Bardella aux Européennes 2024 flirte avec les 50%. Concurrence inexistante même si certains élus locaux affirment qu'il ne faut pas confondre tous les scrutins.
Le relais de la Flamme olympique a rendez-vous dans la Meuse le samedi 29 juin 2024. Deux convois traverseront le département. L'un de Commercy à Verdun en passant par Bar-le-Duc. L'autre de Gondrecourt à Montmédy via le Lac de Madine et le Mémorial - Champ de bataille de Verdun.
L'occasion de mettre un coup de projecteur sur un département qui ce week-end a déjà pris la lumière. En recueillant plus de 46% des votes exprimés, la liste menée par Jordan Bardella (RN) place la Meuse dans le "Big Four" national, juste derrière l'Aisne (50,64%), le Pas-de-Calais (47.46%) et la Haute-Marne (47.1%). Plus de 32.000 voix pour Jordan Bardella, qui balaye la concurrence. Valérie Hayer (Renaissance) est loin derrière avec 13,14% (9.245 voix). Raphaël Glucksmann (PS - Place publique) est sous la barre des 10%. Par rapport au dernier scrutin européen de 2019, le RN progresse de 13 points. Marion Maréchal (Reconquête) obtient 5,70%. Un succès incontestable.
"C'est un département qui a trop souvent été oublié par nos gouvernants et Paris" explique Florence Goulet, députée du groupe Rassemblement national de la 2ᵉ circonscription de la Meuse. "On a abandonné les habitants comme dans de nombreux autres territoires ruraux. Il y a toujours un manque d'écoute et d'intérêt. Sur le terrain, j'ai aussi constaté une aggravation de la délinquance et des problèmes de sécurité. J'ai des retours d'exploitations où on dérobe du matériel mais aussi des animaux. Il y a des cambriolages chez les particuliers, les commerçants ou les artisans aussi mais ce qui désespère les gens, c'est le manque d'écoute et de prise en charge de ces problèmes. On ne traite pas systématiquement le problème de la victime et de sa plainte. Nous, nous proposons davantage de sécurité et de fermeté, les électeurs le réclament", résume Florence Goulet.
Cette percée s'explique par la "désespérance dans les territoires ruraux" selon Bertrand Pancher, député de la 1ʳᵉ circonscription de la Meuse et président du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) à l'Assemblée. "On est dans une disparition des services publics. On est le pays du monde avec les dépenses publiques les pus élevées et les services publics qui fonctionnent mal. Cherchez l'erreur. Hier, les Français et les Meusiens ont dit à Emmanuel Macron que ça ne pouvait pas durer, il y en a marre. Il faut que ça change. Moi, je suis en responsabilité pour apporter des solutions et changer la France".
Bien distinguer scrutins locaux et nationaux
Dans ce département rural, qui est l’un des moins densément peuplés, l'enracinement de l'extrême droite n'est pas nouveau. Il gagne désormais les grandes agglomérations comme Bar-le-Duc (32,13%), Commercy (41,8%) ou Verdun (37,67%). "Il y a un sentiment de déclassement" reconnaît Samuel Hazard, le maire socialiste de Verdun, "mais il y a aussi un déclassement parmi ceux qui travaillent qui n'arrivent plus à subvenir à leur besoin, ça, je le ressens. Notre société est fracturée et la méthode employée par Emmanuel Macron pour gouverner cristallise les choses. Les gens n'en peuvent plus de ce mépris. Il faut cependant bien distinguer scrutins locaux et nationaux. Moi, je connais des gens qui votent RN aux européennes par exemple mais qui votent pour moi aux municipales. Nous, les élus de terrain, on est confrontés aux réalités mais on agit et on accompagne. On n'est pas dans la verticalité macroniste qu'on subit nous aussi. Ce vote n'est pas lié aux politiques locales que l'on mène. Je continue à travailler et j'ai bon espoir". En 2020, Samuel Hazard, avait été réélu dès le premier tour de l'élection municipale à Verdun avec près de 86% des voix.
Faire de la Meuse un des bastions du Rassemblement national, "c'est un objectif" avoue Florence Goulet, "ce département comme ses collègues ruraux ont besoin de lois qui les ciblent davantage. Il leur faut plus d'aide et de soutien en matière de transport, de logement ou d'emploi".
Emmanuel Macron a annoncé dimanche soir la dissolution de l'Assemblée nationale après la victoire écrasante de l'extrême droite aux élections européennes et convoqué des élections législatives le 30 juin et le 7 juillet 2024. Le département de la Meuse est constitué de deux circonscriptions législatives.