Depuis plusieurs mois, la Meuse subit des vols de chênes dans des parcelles de forêts privées. Des opérations éclairs et des malfaiteurs suspectés de fonctionner en réseau. Au moins une quinzaine de propriétaires ont été touchés, dans cinq communes du sud du département. Les gendarmes mènent l'enquête.
Dans la Meuse, devant leurs parcelles dévastées, c'est la désolation pour une quinzaine de propriétaires de forêts privées. Les vols de bois ont commencé en décembre 2023. Le dernier en date a été déclaré au mois d’août 2024. Le phénomène interpelle dans le département, car le procédé des malfaiteurs est nouveau.
Aulnois-en-Perthois, Nançois-le-Grand, Cousances-lès-Triconville, Louppy-le-Château, Saint-Aubin-sur-Aire, dans toutes ces communes, les propriétaires ont vu leurs chênes disparaître. Des voleurs avec un mode opératoire très réactif et une organisation proche de la bande organisée, selon le syndicat des forestiers privés de la Meuse.
"Un homme identifie la ressource, c’est-à-dire la parcelle à dépouiller. Il repère des beaux chênes dans une parcelle isolée avec peu de circulation. Une équipe de bûcherons arrive ensuite et en une nuit tout est parti", explique François Godinot, président du syndicat des forestiers privés Fransylva 55.
Au total, quatre hectares ont été rasés dans le département. Parfois de très gros troncs, de 50 à 80 cm de diamètre, ont été coupés et enlevés.
Ils prennent ce qu'ils veulent et ils laissent ruine et désolation
François GodinotSyndicat Fransylva 55
"Ce sont toujours des petites parcelles, jamais des parcelles de l’ONF, jamais des grandes propriétés bien surveillées et jamais des parcelles communales", continue le responsable meusien.
Des grumes de chênes faciles à placer sur le marché. À Aulnois-en-Perthois, les auteurs présumés auraient été identifiés, grâce à des voisins qui ont pris des photos des camions sur place. Selon l'enquête du syndicat des forestiers privés, une société basée en région parisienne se serait fait passer pour le propriétaire de quatre parcelles sur la commune et aurait vendu le bois à un exploitant forestier meusien. L’acheteur final a également été retrouvé, il s'agit d'une scierie dans les Ardennes.
La brigade de recherche de la Meuse a été saisie et enquête sur les vols. Sur certaines parcelles, le préjudice dépasse les 40 000 euros.
Des vols de bois en Moselle entre 2017 et 2023
La Moselle a également connu une série de vols de bois, entre 2017 et 2023. Une vingtaine de propriétaires privés près de Thionville ont été touchés. Le préjudice était estimé à 500 000 euros. En janvier 2023, en première instance, un ancien dirigeant de groupement forestier a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis. Ce dernier a fait appel. Un exemple qui ne semble pas avoir été suffisamment dissuasif, car d'autres cas ont été constatés par la suite. Et les dossiers n'arrivent pas toujours dans les mains de la justice, ou elle n'a pas toujours les moyens de condamner les auteurs, regrette le syndicat des forestiers privés.
C'est un viol du patrimoine familial
Didier Daclinprésident du syndicat des forestiers privés en Moselle
"Les types vont aller piller des parcelles et personne n’est jamais condamné", s'indigne Didier Daclin, responsable du syndicat des forestiers privés en Moselle. "Ils viennent en forêt impunément... La justice ne suit pas. Il faut des sanctions lourdes pour donner l’exemple... La forêt est un bien patrimonial. Ce sont les racines d’une famille... J’ai vu des personnes âgées dévastées, ce sont les souvenirs de leurs parents qui partent avec la destruction d’une forêt", ajoute le propriétaire forestier.
Ces forêts privées sont détruites pour des décennies, les propriétaires rarement indemnisés.