Une douzaine de sinistrés des affaissements miniers de Rosbruck en Moselle ont obtenu une indemnisation de 10.000 euros par dossier de la part de l'Etat, au titre de la perte de valeur de leur maison. Largement insuffisant selon les plaignants dont font partie Joëlle et Gaston Pirih.
C'est un peu l'histoire de David contre Goliath. Depuis un quart de siècle, les victimes des affaissements miniers de Rosbruck dans l'agglomération de Forbach en Moselle se battent pour faire reconnaitre les responsabilités liées aux affaissements miniers et depuis 2007, ils ont intenté des actions en justice.
En janvier 2022, une douzaine de victimes dont Joëlle et Gaston Pirih -les plus connus des plaignants- ont obtenu une victoire sur le papier. L'ancien exploitant des mines de charbon Charbonnages de France, aujourd'hui représenté par l'Agent Judiciaire de l'Etat, a été condamné par le tribunal de Sarreguemines à payer 10.000 euros par dossier en réparation de la perte de valeur des maisons. En revanche, pour les risques d'inondation, les plaignants qui voulaient être indemnisés des coûts de mise en sécurité de leurs habitations, ont été déboutés sur ce point.
Une décision de justice qui laisse un goût très amer aux victimes. " On est vraiment très déçus" a réagi Joëlle Pirih. "10.000 euros, ce n'est pas du tout ce qu'on espérait. Ils nous ont jeté ça à la figure comme pour l'anxiété des mineurs.
10.000 euros, ce n'est pas du tout ce qu'on espérait. Ils nous ont jeté ça à la figure comme pour l'anxiété des mineurs
Joëlle Pirih, sinistrée de Rosbruck
On vous donne 10.000 euros et taisez-vous. Ça ne suffit même pas pour faire des travaux pour protéger notre maison du risque d'inondation".
"Tout ça pour ça" renchérit son mari Gaston. "10.000 euros pour la perte de valeur de la maison alors que l'expert judiciaire estime que notre maison a perdu 140.000 euros de sa valeur.
10.000 euros pour la perte de valeur de la maison alors que l'expert judiciaire estime que notre maison a perdu 140.000 euros de sa valeur
Gaston Pirih, sinistré de Rosbruck
C'est 10%. La prise en compte des dégâts miniers n'est pas faite. C'est un sentiment d'écoeurement."
Les maisons qui penchent
Au fil du temps, certaines maisons de Rosbruck ont subi un affaissement de plus de 12 mètres. Dans l'habitation des Pirih par exemple, un écart de 45 centimètres a été mesuré d'un bout à l'autre de la maison. Concrètement, dans la vie quotidienne cela occasionne de nombreux problèmes : portes ou fenêtres qui ne ferment plus, fissures, meubles à surélever, papiers peints à changer tous les ans en raison de l'humidité, la liste des désagréments est très longue.
Nos maisons, elles sont invendables. Qui c'est qui voudrait une maison fissurée et en pente?
Joëlle et Gaston Pirih
De plus, les sinistrés sont bien conscients que leurs maisons ont perdu énormément de valeur: "Nos maisons, elles sont invendables" disent en coeur les époux Pirih. "Qui c'est qui voudrait une maison fissurée et en pente ?"
D'autres décisions de justice attendues
Dans les jours qui viennent, le tribunal de Sarreguemines rendra son jugement pour douze autres maisons. Les époux Pirih, pour leur part, n'ont pas encore décidé s'ils allaient faire appel. Ce qui est certain, c'est que d'autres décisions de justice sont attendues d'ici la fin de l'année 2022, si les nombreuses expertises et contre-expertises aboutissent d'ici-là. Le combat continue donc. Le combat d'une vie en somme.