Projet d'exploitation du gaz de houille en Lorraine (1/4): La Française de l'Energie

Depuis 15 ans le groupe "La Française de l'Energie" ex-European Gas Limited explore en Lorraine le bassin houiller mosellan à la recherche du gaz de couche de charbon. Ce gaz est connu des mineurs sous le nom de grisou. La société a évalué les réserves à 2,14 milliards de mètres cubes.

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Le groupe La Française de l’Energie a été créé en 2007 à l’initiative de la société australienne European Gas Limited. Ses actifs et ses projets de développement se situant en France,  la société change en 2015 sa dénomination sociale et prend le nom de "La Française de l’Energie SA". Son siège social est domicilié à Forbach  en Moselle.
Le groupe possède en autres filiales, Gazonor qui exploite le gaz de mine dans les Hauts-de-France et à Anderlues  en Belgique.
Sur les neuf principaux actionnaires, cinq sont européens. Les quatre autres sont immatriculés aux Bahamas et Monaco.

 

 

Depuis 2018 deux modifications sont intervenues (sources AMF). En date du 6 octobre monsieur Dürr a acheté 515 000 titres (10% du capital à la société Ginko) et le 13 octobre la DELTEC Bank a réduit son exposition alors que monsieur Chalopin augmentait la sienne. Ce qui modifient la répartition géographique du capital essentiellement européen.

La Française de l’Energie a pour objet principal la recherche, l’exploration, l’extraction ainsi que le transport et la comercialisation  d’hydrocarbures. Elle dispose d’un permis de recherche dans le bassin houiller mosellan.

 

La concession "Lorraine bleue"

Son activité consiste à forer pour évaluer et certifier les réserves de gaz exploitables dans le bassin houiller mosellan. Des puits ont été forés à Diebling, Folschviller, Tritteling et Lachambre.
La Française de l’Energie recherche le gaz de couche de charbon. Ce gaz est connu des mineurs sous le nom de grisou. Il est constitué à 97% de méthane. En parallèle, la société a acquis toutes les données de l'ancien exploitant minier: Charbonnages de France et poursuit les études géologiques de terrain.
Selon La Française de l’Energie, le potentiel de la ressource est énorme.

Les réserves de gaz certifiées par des experts indépendants sont de 2.14 milliards de mètres cubes.

Antoine Forcinal directeur général délégué de la Française de l'Energie

Fort de ses résultats, la société a déposé en novembre 2018 une demande de concession de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux dite "Concession Lorraine bleue". Elle couvre 191 km². L’Etat a 36 mois pour instruire, valider ou refuser le projet d’exploitation.

Ne pas confondre gaz de mine et gaz de couche de charbon 

Contrairement à une idée reçue, le gaz de couche de charbon convoité par La Française de l’Energie n’est pas du gaz de mine. Cette distinction a son importance pour le mode d’extraction choisi. Le second s’accumule dans les anciennes galeries de mines de charbon abandonnées. Il est simplement pompé. La Française de l’Energie exploite et commercialise déjà ce type de gaz dans l’ancien bassin minier du Nord et en Belgique avec sa filiale Gazonor.

Ce gaz, puissant contributeur à l’effet de serre est qualifié de vert car s’il n’était pas récupéré, il s’échapperait dans l’atmosphère. La Française de l’Energie en extrait et valorise 600.000 tonnes/an. A contrario, le gaz de couche de charbon de la concession Lorraine bleue est prisonnier des veines de charbon inexploitées. Ces veines ont entre six et dix mètres d'épaisseur. Pour le récupérer, il faut forer à plus de 1.000 mètres de profondeur.

La principale technique employée dans le monde pour extraire les gaz de schiste ou de couche de charbon est celle de la fracturation hydraulique. Elle consiste à injecter à forte pression un mélange d’eau et de produits chimiques pour fracturer les massifs afin de libérer les gaz. Ce procédé très invasif provoque des dégâts environnementaux importants : déstabilisation des sols et pollution de l’eau de consommation. Le documentaire Gasland de Josh Fox a démontré l’extrême nocivité de cette technique employée aux Etats-Unis.

 

Pas de fracturation hydraulique

La Française de l’Energie n’a pas recours à la fracturation hydraulique. Elle utilise une toute autre méthode. Elle fore à la verticale jusqu’à la veine de charbon située à 1.500 mètres de profondeur puis dirige le forage à l’horizontal sur plusieurs centaines de mètres dans la veine.

Ce forage horizontal déploie des drains latéraux de 20 centimètres de diamètre. Cette opération achevée, elle pompe l’eau présente dans la couche de charbon pour créer une dépression. En déprimant ainsi le massif, Le gaz se libère naturellement. il migre par les drains et remonte le long du puits vertical de captage.

 

Ces veines de charbon sont naturellement fracturées et fissurées par des épisodes géologiques de compression et de détente. C’est ce qui fait l’intérêt de ce bassin par rapport à d’autres en Australie, en Chine ou aux Etats-Unis.

Antoine Forcinal Directeur général délégué de La Française de l'Energie

Ce que confirme Didier Bonijoly du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM). Docteur en géologie, il est un des rédacteurs du rapport établit en 2013 sur la question de l'exploitation du gaz de houille et l'évaluation des risques environnementaux. Le géologue rappelle la présence d’une très ancienne chaine de montagne qui a provoqué d’importants mouvements tectoniques.

La spécificité du bassin lorrain c’est sa déformation. Les couches sédimentaires sont plissées et faillées avec une amplitude très importante. Les horizons sont très fracturés et cela les rend plus favorables à une exploitation du gaz de couche.

Didier Bonijoly Docteur en géologie au BRGM

Le chercheur poursuit : "comme La Française de l’Energie garantissait le non recours à la fracturation hydraulique ou à toute autre forme de stimulation, le rôle du BRGM s’est arrêté là."

La question de l’utilisation de produits chimiques

La société insiste sur l’innocuité pour l’environnement de la technique mise en œuvre. Interrogée par nos soins et après consultation des documents officiels, voici ce que nous pouvons dire sur cette question qui soulève beaucoup d’inquiétude : le forage du puits vertical est assuré par une société spécialisée dans la recherche de ressources d’eau douce de consommation. Comme ce forage traverse la nappe phréatique, L’opérateur met utilise un mélange d’eau potable et d’argile.
La percée des drains horizontaux dans la veine de charbon nécessite l’utilisation de fluides de forage. Ce mélange eau/ adjuvants est appelé "boue de forage".

Le rapport de forage de la journée du 29 avril 2017 à Lachambre donne la liste des produits utilisés. La Française de l’Energie insiste sur leurs propriétés inoffensives pour l’environnement.

 

Il faut rappeler que la liste des produits susceptibles d’être utilisés lors du forage a été soumise pour approbation d’un hydrogéologue agréé qui a rendu un avis favorable. Ces produits et les volumes potentiellement utilisés ne présentent donc pas de danger pour l’environnement et la santé du personnel sur site.

Antoine Forcinal Directeur général délégué de La Française de l'Energie

L'industriel précise que ces additifs sont indispensables pour permettre une bonne lubrification de l'outil de forage. Le biopol HVL est une gomme xanthane utilisée dans l'industrie agroalimentaire. Elle possède des propriétés épaississantes et gélifiantes.

Les arguments de La Française de l’Energie

La Française de l’Energie met en avant d’autres arguments pour obtenir le droit d’exploiter le gaz de couche de charbon lorrain. La société les expose dans son plan de développement daté du 21 janvier 2020. Dans son exposé, La Française de l’Energie rappelle que le gaz consommé en France est importé. Il vient de Russie, de Norvège, des Pays-Bas  et de plus en plus des Etats-Unis. L’Amérique du nord cherche à écouler sa production massive de gaz de schiste.

La société avance qu’en produisant local pour une utilisation locale,  le gaz de couche de charbon est 10 fois moins polluant que le gaz importé. Cette production locale est « propre » et ne nécessite pas de moyens de transports émetteurs de CO2. Son directeur général délégué demande que cette qualité soit reconnue.

 

Nous militons pour que le gaz de couche de charbon bénéficie d’une certification d’origine car son empreinte carbone est  moindre par rapport au gaz importé.

Antoine Forcinal directeur général délégué de La Française de l’Energie

Une forte ambition dans un avenir incertain

Autre argument de poids : la production locale réduit la dépendance énergétique du pays.
Enfin, La Française de l’Energie affiche son ambition de devenir un nouveau leader français de l’énergie dans la perspective d’une demande mondiale toujours plus forte. Mais nous verrons dans un prochain article que cette ambition n’est pas encore acquise : La Covid bouleverse l’économie mondiale et le prix du gaz face à ses concurrents joue aussi un rôle important dans les perspectives de développement de La Française de l’Energie. A suivre...
 

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