Jeudi 9 juillet 2020, à l'issue de la séance extraordinaire du Comité social et économique de l'usine Smart d'Hambach pour évoquer l'avenir du site, aucune annonce précise n'a été faite par la direction. A 13h, les salariés se sont rassemblés devant l'usine pour faire part de leur mécontentement.
C'était une journée cruciale pour l'avenir du site Smart d'Hambach. Ce jeudi 9 juillet 2020, le Comité économique et social de l'usine mosellane s'est réuni pour une séance extraordinaire de 11h à 13h15 afin de discuter des modalités d'une potentielle reprise par Ineos Automotive. Des représentants de Smart France, des représentants du constructeur allemand Daimler et une vingtaine de délégués syndicaux étaient présents. À cette occasion, 150 salariés ont débrayé en milieu de matinée pour soutenir leurs collègues présents à ce CSE.
Pas de nouvelles annonces
On ne sait pas comment et ni à quelle sauce nous allons être mangés. Après tous les sacrifices que nous avons fait, nous nous attendons à tout. Nous ne savons pas du tout comment cela va se passer. Aujourd'hui, on ne nous parle que d'un repreneur. Cela ne nous intéresse pas. Pour l'instant, nous voulons savoir pourquoi et comment ils justifient la vente d'un site après deux mois de confinement. Le covid a bon dos !
À l'issue de cette réunion, aucune nouvelle annonce n'a été faite par la direction. Elle a évoqué Inéos sans plus de précisions et n'a pas souhaité répondre aux questions des représentants syndicaux. Dès 13h, 400 salariés ont cessé le travail. Ils se sont ensuite réunis devant l'usine pour protester contre cette situation incertaine et échanger avec les délégués syndicaux. Tous dénoncent le flou entretenu par la direction quant à l'avenir du site.
Pour l'intersyndicale, de nombreuses questions restent en suspend : dans quel contexte sera négocié le rachat de Smart ? Quel avenir pour les salariés du site ? L'incertitude et la colère demeurent pour les 1.600 salariés qui ne s'attendaient pas à un tel scénario. Une partie de la production a repris cet après-midi.
Ineos reste le candidat numéro 1
Actuellement, Inéos est toujours le seul potentiel racheteur de l'usine Smart. Pour rappel, le 7 juillet, le géant pétrochimique britannique avait annoncé dans un communiqué vouloir y produire son premier véhicule, le Grenadier, un 4x4 thermique, similaire au Land Rover Defender et à la Mercedes Classe G. Sa production devait initialement démarrer en 2021 au Pays de Galle et au Portugal.
Comment expliquer cet engouement soudain pour le site de Smartville ? Le groupe explique que le site d'Hambach est idéalement adapté pour fabriquer son nouveau modèle puisqu'une ligne de production a été développée pour construire un SUV de la marque Mercedes.La colère des élus locaux
Mis devant le fait accompli, cette annonce surprise avait déclenché la colère du Président de la région Grand Est, Jean Rottner, qui s'est rendu sur le site le 7 juillet. ''Je ne connais rien à ce dossier, je suis Président de la région, en responsabilité de la stratégie économique de ce territoire et je ne suis informé de rien ! C’est juste anormal, je ne me laisserai pas faire, j’irai au combat. [...] Quand on est dans un territoire qui a souffert après la crise comme la nôtre, je crois que la moindre des choses c’est qu’on soit responsable, transparent, claire sur une stratégie industrielle, autant de la part de Daimler que d'Ineos !''Par ailleurs, trois parlementaires La République En Marche de Moselle-Est, Nicole Trisse, Hélène Zannier, Christophe Arend, députés de Sarreguemines, Saint-Avold et Forbach, ont également fait part de leur désarroi. Dans un courrier du 7 juillet 2020, ils avaient interpellé le Président de la République Emmanuel Macron pour lui demander d'empêcher la fermeture du site, qui ''serait catastrophique pour nôtre bassin de vie d'emploi''. Ils fustigent aussi la décision de Daimler, qui "va à l'encontre des annonces faites en 2018: un investissement de 500 millions d'euros pour produire un SUV électrique à Hambach''.
L'avenir de l'usine Smart reste donc en suspend.