De 1915 à 1917, les 400 habitants du village d'Hampont ont cotoyé 180 marins allemands. Une présence qui peut sembler incongrue à 500 kilomètres de la mer mais qui s'explique par l'installation d'une impressionnante pièce d'artillerie : le « Gros Max ». Au début du XXe siècle, les grandes puissances maritimes se sont lancées dans une course aux armements.
Pour rattraper son retard sur l'Angleterre, l'Allemagne décide de produire des canons de 38 cm destinées aux cuirassés. Les premières pièces sortent des usines Krupp alors que la guerre éclate. L'armée allemande a alors besoin de pièces longue portée. Ces canons vont être disposés le long de la ligne de front pour bombarder des villes françaises. Nancy fait partie de ces objectifs. L'installation d'un canon est décidée à Hampont, à 30 km de distance.
Au préalable, une cuve bétonnée (de 400 m3) doit être construite et le chantier dure cinq mois. 1000 hommes font sortir de terre des galeries, des voies ferrées et toutes les structures nécessaires à l'emploi de « Max ». Les premiers obus sont tirés le 1er janvier 1916 sur Nancy, provoquant la stupeur. Les canonniers marins vont tirer 150 de ces énormes obus, occasionnant d'importants dégâts matériels et tuant 28 personnes. Mais les Français ont repéré le canon qu'ils bombardent à leur tour, le faisant taire à tout jamais au début de l'année 1917.
Mastodonte de 260 tonnes nécessitant une importante logistique, le « gros Max » n'aura été utilisé que pendant dix-huit jours mais son impact psychologique a été important. Prisonnier de sa cuve de béton, il s'est révélé très vulnérable. La guerre aura montré que l'artillerie longue portée a un rôle stratégique à jouer... à condition d'être mobile.
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