Le dernier wagon est remonté le 23 avril 2004 de la mine de charbon de la Houve à Creutzwald. La France a renoncé à l’exploitation du minerai. Mais depuis quelques années, les projets se multiplient en Moselle-est : hydrogène, gaz de couche, biomasse… le département redevient une terre d’industries tournées vers l'énergie. Retour vers le futur ?

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Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonce une réforme du code minier pour fin avril 2024. Le gouvernement veut raccourcir les délais d’instruction des permis de recherche pour… les mines ! Dans le viseur de l’État, les terres rares évidemment, qui sont présentes dans le sous-sol de l’hexagone. Les projets de mine se multiplient partout.

L’erreur de tout le monde en 2004, c’était d’annoncer la fin de tout. La profusion des projets prouve bien que l’histoire n’est pas finie.

Pascal Raggi, historien spécialiste de l'industrie

En Moselle-est, les chercheurs estiment que les stocks de charbon restent très importants. Un siècle et demi d’exploitation n’aurait permis d’en prélever qu’un tiers. "L’histoire du fer et du charbon" dans son édition de 2004 évoque le chiffre de 630 millions de tonnes de charbon en réserve. Il en reste donc encore… jusqu’à ce qu’on aille le chercher ? La fin des mines en France n’est pas due à la raréfaction du minerai, mais à son manque de compétitivité supposé face aux importations étrangères. Depuis son arrêt dans l'Hexagone, la production mondiale ne cesse d’augmenter : +7,5 % entre 2021 et 2022.

"Dans les années 70 déjà, les ingénieurs des Charbonnages de France réfléchissaient aux méthodes d’extraction du futur" explique l’historien Pascal Raggi, spécialiste de la question, "et ils prévoyaient de réduire encore l’activité humaine au fond, ce qui veut dire qu’ils savaient que les conditions d’exploitation passaient par encore plus de mécanisation". Rouvrir les mines ? L’historien s’amuse : "la question n’est pas farfelue, mais elle susciterait de nombreuses oppositions, d’abord environnementales, puis sociétales, et enfin économiques". Qui irait de nouveau tailler la veine à 800 mètres de fond ? "Personne vraisemblablement… à moins d’imaginer d’avoir recours de nouveau à l’immigration".

Multiplication des projets énergétiques

Le ministère de la Transition écologique a autorisé le 20 novembre 2023 la Française de l’Énergie à exploiter les gaz de couche dans le bassin houiller lorrain. Stocké dans les veines du gisement, il constituerait une ressource importante que la société compte extraire jusqu’en 2040 au nom de la souveraineté énergétique française, malgré les oppositions locales.

GazelEnergie, propriétaire de la centrale thermique de Carling, a annoncé le 31 octobre 2023 la création d’une tranche à biomasse, en partenariat avec l’entreprise Circa.

La découverte récente dans le même sous-sol d’hydrogène blanc suscite également de nombreuses questions. En décembre 2023, deux chercheurs de l’université de Lorraine, Philippe de Donato et Jacques Pironon affirment que le gisement pourrait être le plus important du monde ! Il pourrait contenir "jusqu’à 46 millions de tonnes" d’hydrogène blanc. Dissous dans l’eau, il n’est pas directement exploitable et nécessite encore de nombreuses phases de recherche avant d’être mis sur le marché.

Le français GRT Gaz et l’entreprise allemande Creos Deutschland Wasserstoff ont annoncé la mise en place d’un projet baptisé mosaHYc qui vise à construire un hydrogénoduc de 90 km de long entre Völklingen et Dillingen en Sarre. Il passera également par Saint-Avold et Carling. Son objectif : raccorder les futurs producteurs d’hydrogène du secteur pour alimenter les usines sidérurgiques allemandes qui tentent de se décarboner.

Pied de nez à l'histoire

La Moselle future terre d’énergie ? Le pied de nez à l’histoire est savoureux, comme le souligne Pascal Raggi : "l’erreur de tout le monde en 2004, c’était d’annoncer la fin de tout. La profusion des projets prouve bien que l’histoire n’est pas finie. Celle du charbon peut-être, mais les questions énergétiques seront cruciales dans les années à venir. Que disent les politiques locales à ce sujet, que peuvent accepter les populations concernées ?". Le débat se porte désormais dans l'acceptation sociétale de ces projets, alors que les conséquences de l'après-mine restent vives dans les esprits, notamment sur le plan de la santé des mineurs et de leurs familles.

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