Changement climatique : il invite Emmanuel Macron à planter un arbre pour lutter contre le dépérissement de sa forêt

Guillaume Burckel, propriétaire forestier en Moselle, invite le président de la République à venir planter un arbre. Un geste fort qui doit symboliser une réelle volonté de sauver la forêt française victime du réchauffement climatique.

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Guillaume Burckel, propriétaire forestier à Harreberg (Moselle) invite Emmanuel Macron à venir planter et parrainer un arbre. Un geste fort qui doit symboliser un vrai engagement pour sauver la forêt française victime des conséquences du réchauffement climatique. Rencontré au milieu de ses arbres vendredi 29 décembre 2023, il explique la raison de l'invitation lancée au chef de l'État. 

Guillaume Burckel s'est pris de passion pour la forêt lorsque, enfant, il accompagnait son père dans les coupes de bois de chauffage. Depuis dix-huit ans, il acquiert des parcelles. Aujourd'hui propriétaire de quatre hectares, il veut, à terme, unifier sa forêt afin de pratiquer une gestion raisonnée et durable des bois dans le respect de la biodiversité.

Les images des méga-feux qui ravagent 62.000 hectares de pins des Landes en Gironde pendant l'été 2022, provoquent un déclic chez celui qui fût aussi sapeur-pompier pendant 20 ans : "ce qui m'a interpellé, ce sont les plantations de pins en monoculture et je ne veux pas des forêts comme ça chez moi. S'ils avaient eu des bois diversifiés avec du chêne vert ou d'autres essences, ça aurait ralenti les incendies et les pompiers auraient pu mieux les maîtriser." Témoin des effets délétères du changement climatique dans ses propres parcelles, Guillaume Burckel défend l'idée d'une forêt diversifiée et d'une gestion à long terme des bois.

Je lui propose de venir planter un cormier et de devenir le parrain d'un de mes séquoias

Guillaume Burckel, propriétaire forestier

Pour sensibiliser l'opinion publique et rallier les élus à sa cause, il adopte une stratégie de communication efficace en invitant des personnalités à planter et à parrainer un arbre. Après des députés, une sénatrice, le président de la région Grand Est et Miss France, il a envoyé une invitation à Emmanuel Macron : "je lui propose de venir planter un cormier et de devenir le parrain d'un de mes séquoias afin d'enraciner à jamais dans la Moselle-sud son geste, que ça reste ancré dans le sol."

Il a reçu une réponse du directeur de cabinet de l'Élysée. La lettre exprime tout le bien que le président de la République pense de son engagement, étant lui-même préoccupé par l'état sanitaire de la forêt française, soumise au stress hydrique et aux maladies. Guillaume Burckel a bon espoir de voir son invitation honorée. Il espère aussi la visite des ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique.

Le Mosellan se désole des coupes à blanc et de l'abandon de nombreuses parcelles. Dans le Grand Est, contrairement ailleurs en France, la forêt publique est majoritaire. Sa gestion est du ressort de l'Office national des forêts (ONF). La forêt privée, quant à elle, souffre du morcellement de ses parcelles. Lorsque les propriétaires décèdent, elles sont divisées souvent entre plusieurs héritiers. 

Quand je coupe un arbre, j'en plante deux

Guillaume Burckel, propriétaire forestier en Moselle

Cet émiettement nuisible à une bonne gestion des bois est aussi une préoccupation pour Guillaume Burckel. Il cite l'exemple de la vente d'un bout de forêt qui a nécessité de retrouver et de mettre d'accord 22 héritiers... 

Les séquoias géants s'acclimatent très bien chez nous

Amoureux des arbres, Guillaume Burckel aime faire visiter ce qu'il appelle affectueusement "ma petite forêt". Trois cents personnes sont déjà venues voir ses séquoias. Il les a rapportés d'un voyage aux États-Unis en 2012 : " les gens aiment voir les essences atypiques que j'ai chez moi, notamment les séquoias géants des États-Unis. Ils s'acclimatent très bien chez nous." De taille encore modeste, il faut patienter deux cents ans avant qu'ils n'atteignent une hauteur respectable. Le forestier sait qu'il travaille pour l'avenir. Un avenir qui ne s'annonce pourtant pas sous les meilleurs auspices. 

Confrontée au changement climatique, la forêt souffre. L'Observatoire sanitaire du Grand Est regroupe l'Office national des forêts et le Centre national de la propriété forestière. Dans sa note de synthèse de novembre 2022, il s'alarme du dépérissement des cinq essences les plus communes de la région : le hêtre, l'épicéa, le sapin pectiné, le frêne (attaqué par la chalarose, un parasite venu d'Asie) et dans une moindre mesure, le chêne.

Si Guillaume Burckel est conscient des défis que la forêt devra relever pour s'adapter, il refuse de céder au pessimisme. Il est persuadé que la forêt a de l'avenir à condition de faire les bons choix et surtout ne pas répéter les erreurs du passé. Son mot d'ordre : diversifier et éduquer. Il a encore de nombreux projets qu'il entend mener à bien, notamment avec les scolaires. 

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