Sabine Atlaoui vit dans l'angoisse permanente. Son mari, Serge Atlaoui, serait sur le point d'être exécuté en Indonésie. Cet homme, originaire de Metz, a été condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue et risque d'être fusillé à tout moment.
Sabine Atlaoui vit dans l'incertitude et la peur. Son époux, Serge Atlaoui, risque d'être exécuté prochainement en Indonésie. Ce lorrain a été condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue. Depuis le début du mois de février 2015, son nom figure dans plusieurs journaux Indonésiens qui publient régulièrement la liste des condamnés à mort sur le point d'être fusillés.
Le témoignage de Sabine Atlaoui
(reportage de Gaelle-Anne Dolz et Alexandre Dupont)
Intervenants :
Sabine Atlaoui - Epouse de Serge Atlaoui
Me Richard Sédillot - Avocat de Serge Atlaoui
Raphaël Chenuil-Hazan - Directeur Association "Ensemble contre la peine de mort"
C'est une peur intense qui ne nous quitte pas"
Difficile de garder espoir
Récemment, le président indonésien a rejeté la demande de grâce de Serge Atlaoui, fidèle à la promesse qu'il a faite à son arrivée au pouvoir à l'automne dernier. Joko Widodo avait alors déclaré qu'aucune grâce ne serait accordée aux condamnés à mort pour trafic de drogue, estimant que son pays était dans une situation d'état d'urgence en matière de stupéfiants, à l'origine de la mort de dizaines de jeunes chaque jour. Après un moratoire entre 2008 et 2013, Jakarta a repris les exécutions des peines capitales. Le 18 janvier 2015, 5 étrangers avaient été fusillés et le 12 février 2015, les autorités indonésiennes ont confirmé avoir transféré deux australiens en vue de leur exécution. (Voir notre encadré ci-dessous)Plaider la bonne foi
Les avocats de Serge Atloui ont déposé mardi 10 février une demande en révision du procès, auprès du tribunal de Tangerang. Cette procédure, en théorie non suspensive, s'apparente à une tentative de la dernière chance."Nous espérons très sincèrement que la justice indonésienne acceptera de réexaminer ce dossier car alors, c'est certain, elle sera convaincue que son rôle n'est pas du tout le rôle pour lequel il a été condamné", souligne Me Richard Sedillot. La seule issue serait effectivement que Serge Atlaoui prouve qu'il n'est pas un trafiquant de drogue.L'intervention politique
Le ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, devait se rendre en Indonésie cette semaine pour plaider en faveur d'une suspension de la procédure, avant de reporter le voyage en raison de la crise ukrainienne.L'information du Républicain Lorrain selon laquelle François Hollande a écrit au président indonésien fin janvier pour plaider la cause de Serge Atlaoui et lui demander de surseoir à son exécution a té confirmée auprès de l'AFP par le ministère des Affaires étrangères.
Deux australiens transférés pour être exécutés (AFP)
Les autorités indonésiennes ont donné leur feu vert pour le transfert de deux Australiens condamnés à mort pour trafic de drogue et incarcérés à Bali, vers une prison d'une autre île pour leur exécution prochaine, a indiqué un responsable local.Le chef du parquet de Bali, Momock Bambang Samiarso, a déclaré à des journalistes qu'il y avait une "autorisation de transfèrement le plus tôt possible" des deux détenus dans une prison d'une autre île en vue de leur exécution, ajoutant que le lieu et la date de l'exécution n'étaient pas encore connus.
"Le plus tôt sera le mieux", a-t-il dit.
Les avocats des deux Australiens, Andrew Chan et Myuran Sukumaran, avaient déposé mercredi un rarissime et ultime recours contre le refus du président indonésien de gracier les deux hommes arrêtés en 2005 sur l'île touristique de Bali et condamnés à mort l'année suivante pour tentative de contrebande d'héroïne en Indonésie. Ils étaient à la tête d'un réseau de trafiquants surnommé "Les neuf de Bali".
Le nouveau président indonésien, Joko Widodo, surnommé Jokowi, a fait savoir peu après son arrivée au pouvoir en octobre qu'aucune grâce ne serait accordée aux condamnés à mort pour trafic de drogue, estimant que son pays était dans une situation d'état d'urgence en matière de stupéfiants, à l'origine de la mort de dizaines de jeunes chaque jour.
Depuis plusieurs semaines, les autorités australiennes accentuent leur pression sur l'Indonésie pour tenter de faire épargner la vie de leurs deux ressortissants. La ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop, a ainsi déclaré jeudi devant le Parlement australien que leur exécution serait "une grave injustice". Des dizaines d'Indonésiens et d'étrangers condamnés à la peine capitale pour des affaires de stupéfiants, parmi lesquels le Français Serge Atlaoui, sont dans le "couloir de la mort" en Indonésie, un pays dont la législation en la matière est l'une des plus sévères au monde. Pour la première fois depuis 2013, six condamnés à mort ont été exécutés le 18 janvier. Parmi eux figuraient cinq étrangers. D'autres exécutions sont attendues dans les mois qui viennent.