Coronavirus : un “géant” du cinéma s'est éteint en Moselle, René Parmentier dirigeait le cinéma Union depuis 1975

Derrière les statistiques quotidiennes de décès liés au Covid-19, il y a des vies et des histoires. Comme celle de René Parmentier. Ce “curieux du septième art”, éternel défenseur du cinéma associatif, avait sauvé le cinéma Union à Ars-sur-Moselle. Il est décédé, emporté par l'épidémie.

Ces quelques lignes ne combleront jamais l'immense amour qu'il avait pour le cinéma. René Parmentier faisait partie de ces “derniers de cordées” dans la chaîne cinématographique. Ces petites mains qui permettent aux films d'exister ailleurs que dans un multiplexe. Aux antipodes de la consommation culturelle et de l'élitisme parfois “bobo”, le cinéma Union, qu'il dirigeait, est devenu une exception culturelle. Ici, la magie de l'écran, c'est d'avoir réussi, finalement, à bâtir un cinéma populaire de qualité. Un cinéma associatif et indépendant. “S'il n'en reste qu'un, je serais celui-là” se plaisait-il à répéter en plaisantant.

Cela peut paraître très “carte postale”, très idéaliste, très dépassé... mais dans le petit village d'Ars-sur-Moselle, dans l'agglomération de Metz, ce cinéma familial et exigeant a toujours été une réalité depuis presque cinquante ans. “Son père et son grand-père s'occupaient déjà d'une salle de théâtre dans le village voisin de Novéant” se souvient Jean-Paul Harand, le trésorier de l'association et beau-frère du défunt. “René a toujours adoré les spectacles et lorsque le cinéma Union a failli disparaître en 1975, il pestait contre tout. Je lui ai même dit : si t'es si malin, t'as qu'à faire quelque chose.

Franchement, il fallait être à moitié fou pour relancer ce cinéma mais il a réussi.
- Jean-Paul Harand, trésorier de l'association

L'ancien sidérurgiste relève le défi. Il reprend la présidence de l'association, lance une souscription et réussit à constituer une solide équipe de bénévoles. René Parmentier est parti, on ne l'arrêtera plus. “Il a sauvé le cinéma de la faillite” explique Jean-Paul Harand “il y avait un déficit à combler. Franchement, il fallait être à moitié fou pour relancer ce cinéma mais il a réussi.

Une réussite que René Parmentier attribuait aussi à ces bénévoles qui étaient à ses côtés. “C'était le patron” raconte Jean-Paul, “c'est lui qui organisait les plannings et à chacun sa place.” René Parmentier exigeait d'eux de “faire le travail comme des professionnels. C'est la règle. Je prends le temps de l'expliquer à tous ceux qui veulent se joindre à l'équipe.

Je vous assure que le cinéma Union va continuer! Jamais, René n'aurait souhaité que ça s'arrête.
- Jean-Paul Harand, trésorier de l'association

A la caisse, à la confiserie ou encore à la projection, ils ont été jusqu'à une cinquantaine de bénévoles à se relayer pour faire vivre l'établissement. “Je ne vous cacherai pas qu'il souhaitait un peu passer la main car il était âgé et fatigué” ajoute Jean-Paul mais “je vous assure que le cinéma Union va continuer! Jamais René n'aurait souhaité que ça s'arrête... Même s'il nous quittait. Il faut que ça continue même sans lui. Il le faut ! Il le faut ! Pour sa mémoire.
Car aujourd'hui, le cinéma Union a fière allure.
Il attire chaque année en moyenne près de 20 000 spectateurs dans cette unique salle de 200 fauteuils de velours rouge. Une salle qui a fait trembler le géant du secteur: le groupe belge Kinépolis, ultra présent dans l'agglomération messine. René Parmentier avait même réussi à gagner en justice contre une implantation de multiplexe à quelques kilomètres d'Ars-sur-Moselle. Un combat rude et éprouvant. Partie remise, Kinépolis s'installera finalement ailleurs mais toujours à proximité du petit cinéma.

Terminées les batailles en justice, René Parmentier militait désormais pour le concept de “la pétition humaine”. Il partait du principe que c'était aux gens d'être responsables de la situation. Vous aimez le cinéma? Vous souhaitez nous soutenir? Vous ne souhaitez pas que l'on disparaisse? Alors venez voir des films dans notre salle. “Au public d'être autant acteur que spectateur” répétait ce curieux de cinéma, passionné, entreprenant et toujours modeste. Il n'aimait pas dire que toute cette aventure, c'était grâce à lui” conclut Jean-Paul. René Parmentier avait 75 ans. Le Covid-19 l'a emporté dimanche 5 avril alors qu'il avait été admis à l'hôpital de Mercy. “On ne se faisait guère d'illusions. Il s'est battu comme il a pu... Le plus difficile, c'est qu'il va partir tout seul.” Son inhumation a lieu ce jeudi 9 avril 2020.
Et moi, aujourd'hui, j'ai pensé très fort à René Parmentier pour qu'il ne parte pas tout seul.
 
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