Coronavirus : installé en Suède, un Mosellan raconte comment le pays vit l’épidémie sans confinement

Face à la pandémie de Coronavirus, la Suède a décidé de ne pas confiner sa population. Hervé Foucher a quitté Metz en 2018 pour vivre avec sa compagne suédoise dans le sud du pays. Comme l’ensemble de la population, le couple fait confiance aux autorités sanitaires pour gérer la crise.

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"Torp", c’est la nom suédois de la petite maison en bois où vivent Hervé Foucher et Maria Örn. Lui est français, elle suédoise.
Il a quitté Metz (Moselle) il y a deux ans pour partager la vie de sa compagne. Le couple a fait le choix de s’installer dans la province du Småland.
Il vit dans le hameau de Björkelund entre lac et forêt à quatre heures de route de la capitale suédoise Stockholm.

A Metz (Moselle), Hervé Foucher était le créateur de Sapin Brut, une petite entreprise qui fabriquait du mobilier en bois. En février 2016 il avait notamment recyclé le sapin de Noël installé devant la gare messine pour lui donner une seconde vie.
L’appel de la forêt était déjà dans son esprit mais un voyage en Suède et sa rencontre avec Maria installée à Malmö vont le convaincre définitivement.

J’ai quitté la France pour la Suède, je n’étais plus en phase avec un mode de vie centré sur la consommation.
- Hervé Foucher

Une intégration accompagnée

Hervé Foucher est résident suédois permanent, il a obtenu son "personnummer" à l’issue d’une procèdure accessible à tout citoyen européen.
Ce numéro d’identification unique est indispensable pour déclarer ses impôts, pour le travail, pour la sécurité sociale et pour s’inscrire à l’école ou l’université.

Je suis des cours gratuits de suédois quatre fois par semaine.
- Hervé Foucher

Dans un pays où le bois est une ressource importante, Hervé a repris son activité d’ébéniste. A la création de mobilier s’est ajoutée celle de "kanoter", des canoës et embarcations traditionnelles suédoises.

Face au virus

Si le couple est installé dans un cadre de vie privilégié, il s’est tout de même adapté aux recommandations du gouvernement : travail à domicile pour Maria, gestes barrières et report des longs trajets.

La distension sociale existait avant la pandémie, elle est culturelle.
- Hervé Foucher

Un mode de vie et un atout face à la pandémie : "Les suédois sont des gens qui font ce qu’ils ont à faire, ils ont un esprit positif et pragmatique, ce qui peut les rendre parfois distants et timides. Ils passent beaucoup de temps entre eux, on ne s’invite pas à l’improviste, même dans la famille. Il faut prévoir parfois des semaines à l’avance un diner pour espérer voir des amis", explique le mosellan.

La Suède et ses dix millions d’habitants ont dans leur culture un code de bonne conduite appelé "lagom". Dans son quotidien le couple perpétue ces traditions simples, héritées du passé luthérien du pays.

Une approche atypique

Pas de confinement général pour les suédois, depuis le début de la pandémie le gouvernement a préféré faire confiance à la population :

  • Frontières, écoles, commerces, restaurants, cafés sont ouverts
  • Le télétravail est préféré lorsque c’est possible
  • Lycéens et étudiants ne vont plus en cours
  • Les rassemblements de plus de 50 personnes prohibés
  • Les personnes fragiles et les personnes âgées sont invitées à rester chez elles
  • Les gestes barrières sont conseillés dans l’espace public

La stratégie suédoise m’a laissé perplexe au début.
- Hervé Foucher

A la fin du mois d’avril 2020, le nombre de morts liés au coronavirus s’élevait à 311 pour un million d’habitants. Un chiffre en dessous de la France mais un chiffre qui peut encore évoluer dans les semaines à venir.

C’est Anders Tegnell, épidémiologiste en chef à l'Agence suédoise de santé publique qui pilote cette stratégie  dans la lutte contre la pandémie. 

Dans un entretien accordé à la revue Nature, l’épidémiologiste explique pourquoi son équipe a écarté le confinement obligatoire. "Ce n'est pas une maladie qui peut être arrêtée ou éradiquée, au moins jusqu'à ce qu'un vaccin fonctionnel soit produit. Nous devons trouver des solutions à long terme qui maintiennent la distribution des infections à un niveau décent. Ce que chaque pays essaie de faire, c'est de séparer les gens, en utilisant les mesures que nous avons et les traditions que nous avons pour les appliquer. Et c'est pourquoi nous avons fini par faire des choses légèrement différentes."

Les lois suédoises sur les maladies transmissibles reposent principalement sur des mesures volontaires.
- Anders Tegnell, épidémiologiste en chef à l'Agence suédoise de santé publique

Un bémol important formulé face aux résultats obtenus, le nombre de personnes âgées décédées. "La plupart des problèmes que nous avons actuellement ne sont pas dus à la maladie, mais à des mesures qui, dans certains environnements, n'ont pas été appliquées correctement: les décès parmi les personnes âgées sont un énorme problème et nous nous battons durement", constate Anders Tegnell.

S’inspirer de la Suède

Ici il y a une très grande confiance entre la population et le gouvernement.
- Hervé Foucher

A cette relation particulière s’ajoute des données démographiques comme la densité de population peu élevée. En Suède elle est de 25 habitants par km² alors qu’en France elle est de 117 habitants par km². Par ailleurs beaucoup de salariés sont des "cols blancs" qui ont pu rester à leur domicile pour travailler. Un facteur important est à noter dans cette gestion qui favorise une forme d’immunité collective, l’économie suédoise a très peu souffert de la pandémie jusqu’à ce jour.
Le modèle adopté par la Suède restera sans doute un cas particulier difficile à copier et dont l’avenir dira s’il a été performant face au coronavirus.

Pour découvrir le quotidien en images d’Hervé Foucher, Maria Örn et de leur chien Lucky : Instagram
 

La ville de Lund déverse une tonne de fiente dans ses parcs pour décourager les fêtards
Le gouvernement suédois compte sur le civisme de sa population mais reste vigilant.

Le 30 avril dernier, la Ville de Lund a employé une technique radicale pour empêcher le déroulement de « la nuit de Walpurgis » ou fête du printemps : une tonne de fiente de poulet a été déversée dans les parcs municipaux.

Si cet engrais naturel est bon pour les pelouses, il l’est moins pour l’odorat car ce fumier dégage une odeur nauséabonde. De quoi décourager les rassemblements spontanés dans cette ville dont les 125 000 habitants sont principalement des étudiants.
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