Depuis lundi 23 mars 2020, les professionnels de santé de la maison médicale organisent des consultations spécialement dédiées au Covid-19. Leur but : travailler en amont des hôpitaux, repérer les cas et aussi rassurer. En une semaine ils ont accueilli une centaine de patients. Dont deux cas graves.
"On s’est mis autour d’une table, et en deux heures on s’était organisés".Yves Noël travaille comme infirmier libéral à la Maison Médicale de Morhange. Un superbe bâtiment tout neuf, inauguré en septembre 2019, qui tranche avec le décor environnant : des casernes à l’abandon. L’ancienne ville de garnison, sous l’impulsion de ses professionnels de santé libéraux, s’est transformée en poste avancé contre le Covid-19. L’infirmier se fait le porte-parole de ses confrères :
"on a ressenti le besoin de prendre part à la lutte, d’autant qu’on s’est senti délaissé au début de l’épidémie, pas de matériel, peu d’informations".
- Yves Noël, infirmier
Ensuite, chaque patient est reçu par une infirmière, puis par un médecin. Deux files d’attentes séparées, les patients ne se croisent pas. A la fin de la consultation avec le médecin, les patients sortent par le cabinet, sans repasser dans le hall. Le personnel se relaie: les médecins des alentours viennent aussi assurer des permanences, parce qu’il faut tenir dans la durée, et aussi parce que tous ces professionnels ont des patients à soigner au quotidien, en dehors de ce dispositif.
La médecine libérale en première ligne aussi
Près d’une centaine de patients ont été accueillis pour cette première semaine. Grosse affluence le premier jour, lundi 23 mars, et également vendredi 27. "Notre capacité d’accueil, c’est théoriquement 15 patients en deux heures, mais bon, on peut faire face à plus, et on l’a fait, d’autant qu’on s’attend à avoir beaucoup plus d’affluence avec le pic d’épidémie qui est attendu dans les prochains jours" explique Yves Noël.Sur la centaine, deux cas graves, qui ont inquiété les médecins et qui ont été dirigés vers les urgences car "l’état général des patients semble se dégrader depuis le début de la semaine, vendredi on a accueilli 24 personnes". Le dispositif permet également, au besoin, de dépister les patients, en lien avec un laboratoire de Pont-à-Mousson.
"Ce qu’on veut, c’est assumer notre rôle dans la chaine de soins. On fait un tri, on oriente, afin de soulager le 15 et les hôpitaux. On fera le bilan à la fin, mais ce qui est sûr, c’est qu’on a déjà appris beaucoup de cette situation inédite. Le médecin de famille qui reçoit en bras de chemise c’est terminé"
- Eric Barthélémy, médecin généraliste
Lui-même donne la couleur : blouse, gants, masque, tenue jetable. Comme l’ensemble des soignants et des secrétaires. Le même équipement que dans un hôpital, "qu’on a financé nous-mêmes, on a tout acheté" tient à souligner Yves Noël.