ENTRETIEN. Des eaux accumulées dans les anciennes mines de fer, une nouvelle richesse, un "or blanc", pour faire face à la sécheresse ?

En 1993, la dernière mine de fer de Lorraine fermait ses portes. Au fil du temps, l'eau a rempli les 40.000 km de galeries en constituant un gigantesque réservoir de 450 millions de M3. Un "or blanc" qui pourrait à terme représenter une véritable richesse face aux épisodes récurrents de sécheresse (Article publié initialement le 15/11/2022).

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En 1993, la dernière mine de fer de Lorraine fermait ses portes. Au fil du temps, l'eau a rempli les 40.000 km de galeries et constitué un gigantesque réservoir de 450 millions de M3. Un "or blanc" qui pourrait à terme représenter une véritable richesse face aux épisodes récurrents de sécheresse. Nous avons interrogé Emilie Leboeuf, animatrice du SAGE (1) du bassin ferrifère sur l'avenir de cette ressource

Comment s'est constituée cette énorme réserve d'eau ?

Les travaux miniers ont fracturé la couche imperméable sur laquelle reposent les calcaires du Dogger. C’est la nappe qui est présente au-dessus des galeries. L’eau s’est infiltrée et pendant l’exploitation. Il a fallu pomper pour l’évacuer afin de garder les chantiers au sec. C’est ce que l’on appelle "les eaux d’exhaure". À la fin de l’exploitation, la décision a été prise de stopper le pompage. Au cours des années, l’eau a rempli les galeries. La nappe au-dessus s’est reconstituée et les réservoirs ont débordé dans différents points. 

Quel est l'état sanitaire de ces eaux ? 

Au contact des galeries, l’eau s’est chargée en différents minéraux dont les sulfates. Ce sont leurs taux élevés qui la rendent pour le moment impropre à la consommation. Les derniers chiffres dont nous disposons datent de 2019 : pour le réservoir ferrifère nord, on s’approche des 500 mg/litre. Dans d’autres secteurs, on est à 2500 mg/litre… La valeur acceptable est fixée à 250 mg. Cependant, grâce aux points de débordements, l’eau circule, se renouvelle et la teneur des minéraux baisse.

L'épuration des sulfates est-elle rapide ?

En 2005, le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) a fait tourner un simulateur pour voir à quelle échéance on pourrait utiliser cette eau. L’horizon était fixé à 2015-2022.  La courbe décroissante de la teneur en sulfates était conforme à la projection puis a ralenti. Nous avons constaté que les mécanismes de dissolution ne se passaient plus comme prévu. Un facteur explique cela.

Depuis 2015, la pluviométrie a fortement diminué en période estivale et le renouvellement ne se fait plus comme espéré. Cela continue de décroitre, mais moins vite que prévu. Le simulateur va être remis à jour pour intégrer la nouvelle pluviométrie et les pollutions de surface, notamment les produits phytosanitaires issus de l'agriculture et qui n’étaient pas pris en compte.

Quelles sont les perspectives pour une utilisation à terme de ces eaux ?

Pour le bassin ferrifère nord, le retour à la normale est envisagé pour 2025. Nous disposons d’une réserve très stratégique qui pourrait à terme être exploitée, sous réserve que de nouvelles pollutions ne compromettent pas sa qualité. Nous étions tellement focalisés sur les sulfates que cela a masqué nos pratiques en surface, lesquelles ont un impact sur la qualité de cette ressource comme sur toute nappe. Les teneurs en sulfates étaient tellement énormes qu’elles masquaient la présence des produits phytosanitaires.

Cette ressource est une richesse à condition d'en prendre soin dès maintenant ?

Ces 450 millions de M3 représentent une vraie opportunité pour nos bassins de vie à condition que nous puissions les préserver. Il serait dommage que dans 10 ou 15 ans, on ait recouvré une qualité correcte vis-à-vis des sulfates et qu’en revanche, nous soyons pénalisés par une pollution issue des produits phytopharmaceutiques.

À ce jour, l’alimentation des populations en eau potable sur l’ensemble du territoire du SAGE est sécurisée : Aujourd'hui, la consommation s’élève à 20,4 millions de M3/an, Les travaux notamment de canalisations effectués dans le cadre du schéma Dumont assurent un volume de 21 millions de M3. Nous couvrons donc les besoins.                                 

 (1) SAGE : Schéma d'Aménagement & Gestion des Eaux Bassin Ferrifère

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