Les étudiants en grande difficulté financière sont de plus en plus nombreux. Une bonne partie d’entre eux est forcée d’avoir recours à l’aide alimentaire. Illustration à Metz. Angélique Marinacci, assistante de direction à la Banque Alimentaire de Moselle, nous décrit une situation chaque fois plus précaire.
Chaque semaine en France, des dizaines de milliers d’étudiants se rendent dans des points de distribution de nourriture et de produits de première nécessité. Avec la flambée des prix, les associations s’alarment du nombre de jeunes qui peinent à s’alimenter, une fois les factures et les études payées. Angélique Marinacci est assistante de direction à la Banque Alimentaire de Moselle. Entrée dans l’association il y a 9 ans maintenant, elle a vu la situation se dégrader.
Pourquoi les étudiants sont-ils de plus en plus précaires?
(Angélique Marinacci) Il ne fait pas bon être jeune en ce moment. Les étudiants ont été très fragilisés pendant la crise du Covid car ils ne pouvaient pas avoir de petits boulots, beaucoup étaient serveurs ou caissiers par exemple. Maintenant, la situation n’est plus aussi dramatique à ce niveau là, car ils peuvent de nouveau travailler en parallèle de leurs études, mais ils sont très touchés par l’inflation. C’est compliqué pour eux, ils doivent se serrer de plus en plus la ceinture. Avec la hausse des prix, c’est déjà difficile de se payer à manger mais ils doivent aussi baisser le chauffage, faire attention à toutes les factures.
Quels dispositifs sont mis en place pour les étudiants à Metz?
Aujourd’hui, vendredi 10 février, par exemple, nous allons amener des colis alimentaires à l’association AGORAé qui est située au cœur du campus du Saulcy, à Metz (Moselle), pour distribuer des produits de première nécessité aux jeunes en difficulté financière. Ces étudiants ont besoin de nourriture mais aussi de produits d’hygiène, comme les protections périodiques pour les filles, qui coûtent souvent trop cher. L’AGORAé est l’une de nos associations partenaires, c’est un réseau d’épiceries solidaires qui propose toute l’année des produits à moindre tarif aux jeunes précaires. Au total, 500 étudiants bénéficient de l'aide alimentaire de l'AGORAé à Metz, soit 300 de plus qu'avant le Covid.
Combien de personnes sont concernées et qui est éligible?
La Banque alimentaire de Moselle reçoit chaque année 1.926 tonnes de denrées alimentaires et produits d’hygiène. Au total en 2022, 1.486 tonnes de nourriture ont été redistribuées par le biais de nos associations partenaires aux 11.000 bénéficiaires de Moselle, soit 2% de plus qu’en 2021. Cela représente 2.500.000 repas sur une année. Pour en bénéficier, les personnes doivent être inscrites dans une de nos 60 associations partenaires en Moselle. Mais l’aide ponctuelle est possible, tant qu’on a des produits, on en distribue aux personnes dans le besoin.
Comment fonctionne la Banque Alimentaire?
La Banque Alimentaire est l’équivalent d’une centrale. En Moselle on travaille en partenariat avec une soixantaine d’associations, qui se chargent de la distribution. On récupère des subventions, sous la forme de produits, de la part de l’Union européenne, de l’État et des communes. Nous avons aussi des dons d’industriels et de particuliers et nous faisons des ramassages hebdomadaires dans les magasins et les supermarchés. Ensuite, les associations viennent chercher les produits chez nous et se chargent de la distribution.
Les gens donnent-ils toujours autant avec l'inflation?
C’est un grand "non". Malheureusement, les gens donnent beaucoup moins avec l’inflation. Sur le terrain, pendant les collectes de dons dans les supermarchés par exemple, on a parfois des réflexions assez sévères car les gens sont tous en difficulté avec la hausse des prix. En ce moment, on manque de dons et de bénévoles.
Affiliée à la Fédération Française des Banques Alimentaires, la Banque Alimentaire de Moselle fera sa prochaine grande collecte de produits le 1er avril 2023.