C’est un secteur prometteur avec la possible création de 5.000 emplois dans les trois ans en France. Mais ce domaine reste méconnu. La photonique, c’est la science de la lumière. La seule chaire de photonique de France est à CentraleSupélec, à Metz, en Moselle.
La photonique, c’est la science de la lumière. On l’utilise au quotidien sans même le savoir pour regarder la télévision, avec nos écrans de smartphones et d’ordinateurs mais aussi pour scanner un article dans un supermarché ou encore en utilisant la fibre optique. On la trouve aussi dans les véhicules intelligents qui détectent les obstacle ou dans le domaine militaire, pour guider les missiles et dans les caméras nocturnes.
Pourtant, cette discipline reste méconnue. À CentraleSupélec, à Metz, en Moselle, se trouve la seule chaire de photonique de France. Pour Marc Sciamanna, titulaire de cette chaire, si on connaît si peu cette science, c’est aussi la faute aux scientifiques eux-mêmes : " Il faut qu’on soit capable de toucher les gens au cœur. On doit donner envie aux jeunes. Je suis dans une école d’ingénieurs. Les jeunes parlent beaucoup d’intelligence artificielle. La photonique, c’est une autre façon de penser la technologie. C’est pourtant la trajectoire à suivre pour la transition écologique environnementale énergétique".
La photonique, ce sont aussi 80.000 emplois en France, 18,6 milliards de chiffre d’affaires, 5.000 créations de postes dans les trois prochaines années un document de la filière .
Cacher un message secret grâce à la photonique
La chaire de photonique de Metz a mis au point un cartable pédagogique dont sont équipés tous les collèges de la Moselle. Son nom : E-lumi, une boîte magique qui renferme des dizaines d’expériences à faire en classe. Parmi celles qui ont le plus de succès : comment cacher un message secret grâce à la photonique ? Comment transmettre de la musique avec de la lumière ? Comment rendre invisibles les images de n’importe quel écran sauf pour vous-même grâce à la polarisation.
On travaille sur le guidage de la lumière
Marc Sciamanna, Titulaire de la Chaire Photonique, Professeur à CentraleSupélec à Metz
À la chaire de Photonique de Metz, les chercheurs travaillent sur des pistes pour l’avenir : "ces travaux portent sur le guidage de la lumière. La lumière, pour vous, elle va tout droit. On travaille sur un dispositif qui, sans aucun élément de réglage mécanique électronique, permet à la lumière toute seule d’apprendre son chemin. C’est ce qu’on appelle du routage de l’information tout optique. C’est l’avenir." Elle peut ainsi éviter ou contourner un obstacle. On peut aussi évoquer l’utilisation de laser pour réduire la durée de vie de déchets radioactifs. Pour Marc Sciamanna, elle est aussi indispensable pour atteindre nos objectifs de diminution de notre consommation d’énergie : "c’est la meilleure façon de traiter de l’information demain en consommant moins d’énergie électrique."
On peut mettre de l’information dans la lumière
Lucas Oliverio , Doctorant Photonique non Linéaire
Transporter du son avec de la lumière, c'est déjà le cas dans notre quotidien. Lucas Oliverio est en deuxième année de thèse à l’École Centrale Supelec de Metz, spécialité : photonique. Il nous explique : "sur ce banc de travaux pratiques, la lumière peut devenir porteuse d’informations, en l’occurrence, ici, des sons, cela peut être de la musique. Si on passe une feuille à travers le laser, elle perturbe le faisceau et donc la transmission d’informations et le son se coupe. C’est ce qu’on retrouve dans les réseaux de télécommunications, en miniaturisé, un laser avec différents effets optiques. On peut mettre de l’information dans la lumière. On dit qu’on module la lumière avec une information. Dans les réseaux de fibres optiques, c’est exactement ce genre d’installation que l’on trouve en version optimisée et miniaturisée."
Un Institut français de photonique, bientôt à Metz
La chaire de photonique de Metz voit les choses en grand désormais. Elle a proposé un institut français de photonique qui va devenir réalité très prochainement avec 3.000 m2 dédiés à la photonique. Marc Sciamanna est impatient : "l’idée est de faire un espace que chacun peut s’approprier pour découvrir des applications de la photonique. On y déménagera une partie de nos laboratoires pour les rendre plus visibles. On a pour projet de devenir le premier centre de formation photonique en France. Le projet d'Institut a été validé. On se lance dans une phase de signature de ce qui sera un des plus grands consortiums, qui intègre quatre universités de la région Grand Est, des structures d’accompagnement et innovation et une trentaine d’entreprises. Ce consortium devrait se mettre en place en 2023".
Le bâtiment devrait voir le jour courant 2026. L’Institut de Photonique prendra la forme d’un réseau fédérateur de partenaires et de sites (Metz Nancy-Troyes-Strasbourg-Mulhouse) maillant le territoire du Grand Est. En Europe, il existe actuellement deux instituts de photonique en Allemagne et un en Espagne. Le futur Institut Français sera aussi transfrontalier. Des accords ont déjà été signés dans ce sens.