Michael est nigérian, a 24 ans et est homosexuel. En 2016, il doit quitter son pays. Un trajet qui le mène de Lybie en Italie, et à Metz. Mais sa demande d’asile a été rejetée. Michael risque l’expulsion du territoire français et un retour dans un pays où il risque sa vie.
Michael est nigérian. Il a 24 ans et est homosexuel. En 2016, il doit quitter son pays après une agression violente qui coûte la vie à son compagnon. Un trajet qui le mène de Lybie en Italie, après une traversée de deux jours sur un bateau en Méditerranée, et enfin en France.
Aujourd’hui, assigné à résidence à Metz, sa demande d’asile a été rejetée. Toutes les voies de recours sont épuisées. Michael risque donc l’expulsion du territoire à tout moment.
Depuis 2 ans, Michael est accompagné dans ses démarches de demande d’asile, par les bénévoles mosellans. Mais son dossier a été rejeté par l’OFPRA, puis par la cours nationale du droit d’asile. Les institutions n’ont pas été convaincues.
Le 11 septembre, l’association « Couleurs gaies » a sollicité les services préfectoraux en fournissant la une d’un journal nigérian contenant un article avec la photo de Michael et incitant la foule à le tuer.Michael, il a fuit son pays suite à une tentative de lynchage.
"Michael a fui son pays suite à une tentative de lynchage" explique Mathieu Gatipon-Bachette, le président de "Couleurs gaies", qui poursuit : "Michael demande l’asile à l’appui de preuves matérielles. Michael apporte des journaux, des preuves sérieuses."
Mais depuis le 30 octobre dernier, Michael est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, délivrée par le préfet de la Moselle.
Michael doit se rendre mardi 20 novembre 2018 au commissariat de police de Metz pour pointer dans le cadre de son assignation à résidence. Mais les membres de l’association craignent que ce rendez-vous ne soit le dernier avant un placement en centre de rétention qui signifierait une reconduite prochaine à la frontière.Michael demande l’asile à l’appui de preuves matérielles. Michael il apporte des journaux, des preuves sérieuse.
Depuis quelques jours, l’association LGBT de Metz "Couleurs gaies" l’a donc pris en charge et l’héberge. Les bénévoles s’organisent pour tenter d’obtenir un nouveau sursis au jeune homme.Nous avons décidé de placer Michael sous la protection du centre LGBT de Metz.
Notre entretien avec Michael
Une équipe de France 3 Lorraine a rencontré Michael dans les locaux de "Couleurs gaies" à Metz, jeudi 15 novembre. Il était alors très sollicité par les médias. Une médiatisation pour attirer l’attention sur sa situation.
C’est un jeune homme perdu avec qui nous avons échangé. Il raconte, inlassablement son histoire. Des mots qui ont du mal à sortir, tant ce qu’ils disent est dur.
Le Nigeria fait parti des pays les plus répressifs
Le Nigeria est un pays de quelques 150 millions d’habitants. Le nord du pays est majoritairement musulman, le sud chrétien. L’homosexualité y est punie de 14 années de prison, et même de lapidation dans les douze États qui ont adoptés la charia.
Depuis 2009, le fait de participer à un mariage homosexuel est passible d’une peine de prison. L’union homosexuelle est interdite. Une position qui est largement approuvée par la population : 97% des nigérians considèrent que l’homosexualité devrait être rejetée par la société, d’après le « Pew Global Attitudes Project »
Des journaux sont allés bien au-delà, en publiant, le 12 septembre 2008, les noms, coordonnées et photos de membres de l’église communautaire métropolitaine de Lagos (favorable aux droits des personnes LGBT). Plusieurs personnes avaient alors été battues et lapidées. Ces articles sont similaires à celui qui appellent à tuer Michael.
Dans le monde, de grandes disparités de traitement
D’après les dernières analyses de l’Ilga, l’association internationale des lesbiennes, gay, bisexuels, trans et intersexes, 72 États dans le monde criminalisent la question homosexuelle, parmi lesquels, 8 appliquent toujours la peine de mort. A l’inverse, 85 États assurent une protection (dans la constitution, par exemple, ou en poursuivant les crimes de haine) aux personnes homosexuelles. Enfin, 47 États reconnaissent un statut juridique aux homosexuels, dont 24 ont ouvert le mariage, et 28 le partenariat civil.
Toutes ces données sont tirées de « Homophobie d’État – Une enquête mondiale sur le droit à l’orientation sexuelle : criminalisation, protection et reconnaissance », un rapport de l’ILGA rédigé par Aengus Carroll et Lucas Ramón Mendos, à retrouver sur le site de l’ilga : www.ilga.org
Plus d'infos : Voir la carte des lois sur les personnes homosexuelles dans le monde.