Un crâne de crocodile du Siam, une des espèces les plus menacée au monde, a été saisie par les douanes fin janvier, au hasard d’un contrôle de colis en provenance de Chine. Il était destiné à un collectionneur de Saint-Avold chez qui les douaniers ont aussi saisi des armes et des tortues.
Le 26 janvier 2021, les agents du bureau des douanes d’Ennery en Moselle, en contrôle dans une société de fret express de la région messine, ouvrent un colis jugé suspect. Il est envoyé de Chine à un particulier habitant dans le secteur de Saint-Avold. Ils y trouvent crâne d’animal d’une soixantaine de centimètres pouvant être celui d’un crocodile, d’un alligator ou d’un caïman.
Le vétérinaire en chef du zoo d’Amnéville est appelé pour une expertise. Il s’agirait du crâne d’un crocodile sauvage et âgé de l’espèce Crocodylus Siamensis, un crocodile du Siam, classé parmi les animaux les plus menacés de la Convention de Washington.
Cela fait plusieurs années que les douaniers mosellans n’avaient pas rencontrés ce type de saisie. "La douane est régulièrement confrontée à du trafic d’animaux sauvages dans les aéroports parisiens mais chez nous c’est moins fréquent. On cible les colis par rapport à un faisceau d’éléments comme la provenance mais il y a aussi le flair du douanier", explique Thomas Daguin, chef divisionnaire des douanes de Lorraine Nord.
Armes et tortues vivantes
Le 3 février, la brigade des douanes de Saint-Avold se rend chez le destinataire du colis. Les agents découvrent plusieurs armes et munitions (ogive d’obus de 20mm, carabine semi-automatique 22 long rifle) mais aussi, dans une vitrine, une tête d’alligator, huit carapaces et cinq crânes de tortues, un squelette de serpent. Dans une serre à l’extérieur de la maison sont aussi retrouvées 22 tortues de Floride vivantes.
Le propriétaire dit être un collectionneur. Il comparaîtra devant le tribunal de Sarreguemines le 4 mars prochain.
Le drame du trafic
Ce n'est pas la première fois que le Zoo d'Amnéville est appelé par les douanes pour des identifications d'animaux. Les derniers étaient vivants. Selon le divisionnaire de Lorraine nord, ces derniers mois, "des petits oiseaux saisis à Longwy et un serpent qui s'est révélé être d'une espèce autorisée et a été rendu à son propriétaire."
Selon les ONG, le trafic d'animaux sauvages et de leurs sous-produits (ivoire, corne de rhinocéros ou écailles de pangolins) est le troisième plus gros commerce illégal au monde après la drogue et les armes.
Thomas Grangeat, un des responsables du zoo d’Amnéville, explique : "quand il s’agit de saisies d’animaux vivants, on se porte famille d’accueil. Très régulièrement, on a des tortues, des singes, des félins. Des oiseaux aussi que les gens collectionnent en grandes quantités sans autorisation. Ce qui fait mal au cœur c’est l’état dans lequel on les récupère."
Moins de 1000 individus dans le monde
Le crocodile du Siam est encore présent à l’état naturel au Cambodge au Laos, en Thaïlande ou au Vietnam. Il est classé dans l’annexe 1 de la convention de Washington sur les espèces protégées. C’est la catégorie la plus sévère, la dernière étape avant l’extinction. Selon l’UICN, l’Union nationale pour la conservation de la nature, il ne resterait plus que 500 à 1000 individus adultes dans le monde. L’espèce aurait sans doute déjà disparu d’Indonésie et sa présence est jugée désormais incertaine en Malaisie ou au Myanmar.