Moselle : un collectif d'opticiens dénonce le manque d'ophtalmologiste

Dans un rapport publié ce matin, le Rassemblement des Opticiens de France souligne le manque important d’ophtalmologistes en France. Cela impactant directement leur profession, ils proposent des solutions pour pallier ces déserts médicaux.

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Ce matin 21 janvier 2022 était présenté par le Rassemblement des Opticiens de France (ROF) un rapport soulignant l’importance des déserts médicaux en termes d’ophtalmologie en France. Ce travail expose des chiffres concrets liés à la pénurie d'ophtalmologistes en France, et des propositions concrètes pour fluidifier l'accès aux cabinets médicaux spécialistes de la vision. "L'idée est de sensibiliser aux déserts médicaux en terme d'ophtalmologie, dans lesquels résident 25 millions de français", explique Didier Cohen, le vice-président du ROF.

Dans le Grand Est, 36% des sondés se sont déjà vu refuser un rendez-vous chez un praticien, c'est même l'une des régions caractéristiques de la pénurie d'ophtalmologistes selon une étude menée par OpinionWay pour le collectif. Un pourcentage qui ne surprend pas Philippe Convy, gérant de la filiale Optical Center à Thionville "de plus en plus d’ophtalmologistes ne prennent pas de nouveaux patients car ils sont submergés dans la région" explique-t-il.

En Moselle, le manque criant d’ophtalmologistes se fait ressentir chez les opticiens, qui ne peuvent prendre en charge un patient, que sur une ordonnance délibérée par ces professionnels. Cette désertification des ophtalmologistes pourrait s’expliquer d’une part par la proximité avec le Luxembourg, où bon nombre de professionnels de la vision iraient s’installer en contrepartie de salaires plus avantageux. D’autres part, les études longues et sélectives requises pour devenir ophtalmologistes pourraient être un frein pour les étudiants.

33% des habitants du Grand Est attendent au moins 6 mois pour un rendez-vous

"si nos patients n’ont pas d’ordonnances, on les dirige vers des ophtalmos, mais parfois le délais de prise en charge peut aller jusqu’à un an et demi, c’est très très long" affirme Philippe Convy avant d’ajouter que ce problème d’attente n’est pas nouveau "beaucoup de professionnels dans la santé présents sur Thionville ont pris, et prennent leur retraite". Selon l’enquête menée par OpinionWay, environ 33% des habitants de la région Grand Est doivent attendre six mois ou plus pour avoir rendez-vous chez un spécialiste.

Un manque de spécialistes qui se répercute chez les opticiens

Cette prise en charge n’est pas sans répercussions sur les opticiens. A Metz,  Nawel Abdelhadi perçoit directement les conséquences du manque d’ophtalmologistes dans son magasin "il y a tellement de temps d’attente pour un rendez-vous d’ophtalmologie, que parfois les clients oublient de revenir vers nous. Cela arrive même que les clients abandonnent avant même d’avoir essayé de prendre rendez-vous".

Il y a tellement de temps d'attente que parfois les clients oublient de revenir chez les opticiens, ou alors abandonnent la prise de rendez-vous

Nawel Abdelhadi, opticienne chez Direct Optic à Metz

Du côté de Metz, l'opticienne rapporte également un temps d’attente supérieur à six mois, pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste, et renouveler une ordonnance. Comme un effet boule de neige, la prise en charge tardive des clients de Nawel Abdelhadi se fait ressentir économiquement "si il y a moins de patients, cela représente moins de vente, et donc moins de travail".

Mais au-delà des impacts sur les ventes de lunetiers, c’est la santé des patients qui est mise en danger lorsque les rendez-vous ne sont pas pris à temps "j’ai déjà eu des clients qui étaient à la limite de ne plus voir car ils gardaient leurs anciennes lunettes trop longtemps" affirme l’opticienne.

Une campagne nationale de mobilisation déployée

Face à ces résultats alarmants, une campagne nationale de mobilisation devrait être lancée prochainement par le Rassemblement des Opticiens de France pour faire réagir le gouvernement au sujet du manque de professionnels du secteur visuels.

Cette campagne devrait s’appuyer sur une pétition en ligne pour que l’accès à ces soins devienne un sujet de santé publique prioritaire, mais aussi sur des affiches qui seront placardées dans les villes de France concernées par les déserts médicaux. Parmi elles, plusieurs villes en Lorraine comme Metz, Thionville et Forbach.

Conjointement à cette campagne, le collectif entend faire valoir au gouvernement quatre propositions destinées à soulager les ophtalmologistes sur les territoires concernées :

  •    Faire connaître la possibilité de renouveler ses lunettes ou lentilles chez son opticien grâce à des campagnes de communication menées par les pouvoirs publics
  •   Allonger la durée de validité des ordonnances pour faciliter le renouvellement des lunettes chez les opticiens et les orthoptistes
  • Permettre aux opticiens de proposer des téléconsultations avec un ophtalmologiste directement en magasin
  •  Permettre aux opticiens de participer aux campagnes nationales de prévention et de dépistages visuels, auprès des adultes comme des enfants, en partenariat avec les ophtalmologistes et les orthoptistes

La campagne nationale devrait être lancée ce lundi 24 janvier, en attendant, il est possible de retrouver les propositions du ROF sur le site www.soindevue.fr

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