Malgré une participation en baisse due au coronavirus, les maires et candidats communistes lorrains l'emportent quasiment tous au 1er tour. L'enracinement local et les mutations sociologiques qu'engendre le travail frontalier sont les deux explications de la persistance du vote PCF.
Ce dimanche 15 mars 2020, ils ont été élus avec des scores de dirigeants d'Europe de l'Est en pleine guerre froide. Jacky Zanardo à Jarny, Patrick Abate à Talange, Laurent Righi à Hussigny ou encore Serge Jurczak à Sérémange-Erzange : 100% des voix. Et pour cause... ils étaient seuls en lice !
Alors qu'ils avaient eu fort à faire en 2014, comme l'ancien sidérurgiste Serge Jurczak qui avait arraché sa victoire au second tour dans la vallée de la Fensch face la liste PS sortante, ou encore Jacky Zanardo qui avait dû batailler à la fois contre le PS et le Modem au premier dans l'ancienne cité minière, cette fois les maires PCF l'ont emporté haut la main. "C'est vrai qu'on a la victoire facile, d'ailleurs aucune réjouissance n'est prévue, surtout en ces temps difficiles avec le coronavirus, mais ça prouve quand même qu'on a bien travaillé pendant six ans" explique Serge Jurczak, "la preuve : l'opposition (de gauche) a appelé à voter pour nous dans le dernier bulletin municipal!"
Opposition et frontaliers
Alors que tous les maires sortants ont été réélus au premier tour dans la vallée de la Fensch, à l'exception de Nilvange, Serge Jurczak partage sa victoire avec un autre camarade, dont il a été le suppléant lors de la dernière campagne législative: Patrick Péron, lui aussi ancien sidérurgiste et syndicaliste, l'emporte également au premier tour à Algrange avec 51,27%, d'une courte tête devant une liste menée... Par une partie de son équipe sortante!Ce duel, que craignait une partie des militants communistes, a tourné à l'avantage du maire sortant qui vire en tête avec 300 voix d'avance sur Jean-Pierre Cerbai, et une participation relativement bonne dans le contexte (43,48%). Patrick Péron entamera donc son troisième mandat.
Comme beaucoup d'autres maires de villes proches du Luxembourg, Laurent Righi sait que la sociologie de sa population change très rapidement: "chez nous tout le monde bosse au Grand-Duché, on compte 1300 frontaliers dans la commune" et "ces salariés qui gagnent bien leur vie veulent souvent tout, et tout de suite... On leur explique que ce n'est pas possible, et qu'on fait au fur et à mesure".
Parmi les projets du prochain mandat, achever la maison de santé, d'un budget total d'1,2 million d'euros, et continuer à soutenir la vie associative. "La vraie question pour nous tous" résume Laurent Righi, "c'est après nous. On a un enracinement local, je suis le fils d'un mineur de fer de la commune, mais quand j'arrêterai, celui qui prendra la relève n'aura pas forcément la même aura".