L’extension mosellane du musée parisien d’art moderne a ouvert ses portes le 12 mai 2010. Depuis, après des débuts prometteurs, il fait face à un financement aléatoire et pas vraiment à la hauteur de ses ambitions. Mais les visiteurs lui restent fidèles.
A l’occasion du 5e anniversaire du Centre Pompidou-Metz, et après deux années de fortes polémiques sur son activité, sa programmation et son financement qui ont donné lieu à d’épiques échanges entre les élus concernés, France 3 Lorraine vous propose un état des lieux, en chiffres et à travers une série de questions-réponses, réalisé avec la direction du musée mosellan.À consulter avant de profiter du Centre en nocturne ce samedi 16 mai à l'occasion de la Nuit européenne des Musées 2015 : l’accès aux expositions sera gratuit de 19h à minuit. Et du grand goûter anniversaire gratuit -avec ateliers pour les enfants- que le Centre propose à ses visiteurs dimanche 17 mai 2015 à partir de 16h !
Pompidou-Metz en quelques chiffres
Questions-réponses
Pompidou-Metz est-il sous-financé ?Dans les statuts du Centre Pompidou-Metz, le budget de fonctionnement a été fixé à 10 M€ pour l’année d’ouverture (2010), avec des contributions des collectivités membres (Metz Métropole, Région Lorraine, Ville de Metz) à hauteur de 9 M€, avec 1 M€ minimum de recettes propres à dégager par l’établissement.
En 2011, le budget a été voté à un montant de 12 M€, et pour la période 2012-2014 le budget prévisionnel s’élevait à 12,5 M€, pour un montant de contributions identique à 2010, soit 9 M€. Ces contributions représentent des montants très importants de la part des collectivités membres qui, de plus, subissent actuellement des diminutions de leurs ressources, notamment des dotations de l’État dans le cadre du plan d’économies visant à la réduction du déficit budgétaire de la France.
Compte tenu des charges inhérentes au bâtiment, véritable prototype, aux ressources humaines nécessaires, aux coûts de production des expositions, toujours plus importants et notamment en terme d’assurances des œuvres (par exemple 50 000 € pour une œuvre de Picasso), il apparaît que le budget idéal pour assurer un fonctionnement pérenne du Centre Pompidou-Metz et continuer à proposer une programmation de niveau international s’établit entre 14 et 15 M€, tel que préconisé par les rapports de la Chambre régionale des comptes.
Si l’on se réfère au budget d’établissements récemment ouverts et offrant des surfaces d’exposition comparables (Louvre-Lens, Mucem, Musée des Confluences de Lyon), on note que ceux-ci disposent de budgets plus importants (de 16 à 19 M€).
Le budget 2015 établi à hauteur de 12.100.000 €, avec un socle de financement des collectivités de 9 M€, doit permettre de faire face aux dépenses de fonctionnement de l’établissement et d’assurer une programmation permettant de maintenir la fréquentation, les ressources propres et le rayonnement du Centre Pompidou-Metz.
"Cette année 2015 constitue une année de transition au cours de laquelle des échanges seront engagés entre les membres de l’établissement public de coopération culturelle (EPCC), en tenant compte de la volonté du Département de la Moselle d’intégrer l’EPCC, afin de procéder à une remise à plat des statuts et à un rebasage du budget pour assurer un financement pérenne de l’établissement sur la base d’un budget annuel de l’ordre de 14 M€."
En ce qui concerne le Département de la Moselle, il a participé à la construction du Centre Pompidou-Metz, mais n’a pas souhaité faire d’emblée partie de l’établissement public de coopération culturelle en qualité de membre.
De 2010 à 2014, une convention de partenariat a été conclue entre le Département et le Centre Pompidou-Metz, avec versement d’une subvention chaque année. En janvier 2015, le président Patrick Weiten a annoncé que le Département participerait au fonctionnement du Centre à hauteur de 386 000 € en 2015. De plus, il a fait part de sa volonté d’intégrer l’EPCC.
Le budget permet-il de proposer des expositions de caractère international ?
Depuis son ouverture Pompidou-Metz s’est forgé une réputation saluée par la critique internationale pour la qualité de ses expositions (plus d’une vingtaine), de niveau européen, voire mondial, grâce aux œuvres prêtées par les plus grandes institutions muséales de la planète, et tout particulièrement par le Centre Pompidou-Musée national d’art moderne.
Il a invité des commissaires et des artistes de renom (Daniel Buren, Jean de Loisy, Dominique Gonzalez-Foerster...) qui ont présenté des expositions de grande tenue scientifique et pédagogique qui ont drainé un grand nombre de visiteurs. De plus, plusieurs expositions conçues et présentées au Centre Pompidou-Metz ont fait ou vont faire l’objet d’itinérances à l’étranger (Pararazzi ! à Francfort, Formes Simples à Tokyo...).
"Mais il est vrai que la production des expositions nécessite de plus en plus de crédits, du fait notamment de l’inflation des primes d’assurances qui augmentent en proportion de la hausse notable des prix du marché de l’art."
La situation sociale actuelle de Pompidou-Metz est-elle apaisée ?
Certaines difficultés ont pu en effet être rencontrées avec certains salariés d’un prestataire en 2012. Ainsi qu’il en avait la responsabilité en tant qu’employeur et titulaire d’un marché public de prestations de services, des dispositions ont été prises par cette société pour apporter des solutions aux problèmes soulevés.
Pour sa part, le Centre Pompidou-Metz a toujours été à l’écoute de ces personnes et de leur employeur (rencontres à plusieurs reprises avec les membres du conseil d’administration et avec le directeur du Centre Pompidou-Metz) et a tout mis en œuvre pour aplanir les difficultés rencontrées. Ainsi, il a notamment mis en place un comité de suivi régulier et procédé à des aménagements de locaux pour améliorer les conditions de travail des salariés.
"Depuis lors, nous n’avons pas connaissance de problèmes particuliers susceptibles de remettre en cause la situation sociale de l’établissement."
Le Centre précise que "la direction et les organes représentatifs des salariés du Centre Pompidou-Metz se rencontrent régulièrement dans le respect des dispositions réglementaires et législatives, et abordent les éventuels problèmes sociaux avec une volonté constructive d’aboutir à des solutions partagées."