Pour avoir brandi une pancarte considérée comme antisémite lors d'une manifestation contre le pass sanitaire, Cassandre Fristot a été jugée ce mercredi 8 septembre par le tribunal correctionnel de Metz pour provocation publique à la haine raciale. En son absence.
Pas moins de 13 associations dont la LICRA, le CRIF et le consistoire israélite de la Moselle se sont portées civiles dans cette affaire où la prévenue Cassandre Fristot est poursuivie pour provocation publique à la haine raciale. En raison de la foule de journalistes accrédités pour cette audience et du nombre important des parties civiles, c'est la grande salle du tribunal de Metz - celle habituellement réservée aux procès d'assises - qui a été réquisitionnée pour ce procès en correctionnelle. Mais coup de théâtre puisque avant l'audience, on a appris que la jeune femme de 33 ans ne serait pas présente pour son procès. Ce qui a fait dire à Maitre Lagarde l'avocat du mouvement contre le racisme: "Madame Fristot n'a pas le courage d'ailleurs de venir répondre de ses actes puisqu'elle n'est pas présente dans cette salle".
Que reproche-t-on à Cassandre Fristot?
Même si elle est physiquement absente, Cassandre Fristot est jugée pour provocation publique à la haine raciale. La jeune femme de 33 ans au centre d'une tempête médiatico-judiciaire s'est faite représenter, ce que les parties civiles contestent. Ce samedi 7 août lors d'une manifestation à Metz contre la mise en place du pass sanitaire, l'enseignante - ancienne membre du Front National - a brandi une pancarte considérée par beaucoup comme antisémite. Sur cet écriteau en carton on pouvait y lire le slogan "MAIS QUI?" en rouge avec les cornes d'un diable et l'exclamation "TRAÎTRES!!!", et des noms de personnalités dont certaines appartiennent à la communauté israélite. C'est lorsque les images de cette pancarte ont envahi les réseaux sociaux que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin était intervenu pour dire que de tels propos ne resteraient pas impunis. Lors de l'audience, des extraits de la garde à vue de Cassandre Fristot ont été lus: "Je n'ai rien vu de répréhensible sur cette pancarte", a-t-elle déclaré aux enquêteurs, "je voulais juste dénoncer les puissants".
3 mois de prison avec sursis requis
Pour se défendre des faits qui lui sont reprochés et pour lesquels elle encourt jusqu'à un an de prison et 45 mille euros d'amende, Cassandre Fristot a fait appel à Paul Yon et François Wagner. Les avocats de la prévenue qui ont d'ailleurs demandé la nullité de la procédure, en arguant que ce sont la LICRA et Gérald Darmanin qui ont fait eux-mêmes la publicité de la pancarte. A l'issue des débats, au nom du ministère public, Julien Berger a demandé dans ses réquisitions 3 mois de prison avec sursis et 3 ans d'inéligibilité tandis que les avocats de la défense ont demandé la relaxe de leur cliente. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 20 octobre.