Dans son dernier rapport, l’ONG World Wildlife Fund (WWF) alerte sur la diminution des populations d'espèces animales sauvages. Au cours des cinquante dernières années, la taille moyenne des populations suivies a diminué de 73% et le Grand Est n’échappe pas à la règle. Hérissons, hirondelles des champs ou encore chauves-souris, les animaux sauvages dans la région sont aussi en train de disparaître.
"Au cours des cinquante dernières années, la taille moyenne des populations sauvages suivies a diminué de 73%", c'est ce que dévoile, dans son dernier rapport Planète vivante publié ce jeudi 10 octobre 2024, l’ONG World Wildlife Fund (WWF). L’organisation dresse le constat alarmant d’une planète en péril. La directrice générale, Kristen Schuijt précise d’ailleurs que : "le déclin des populations d’animaux sauvages est en effet un indicateur d’alerte précoce de la perte potentielle de la fonction et de la résilience des écosystèmes".
73 % des populations d'animaux sauvages vertébrés ont diminué entre 1970 et 2020.
— WWF France 🐼 (@WWFFrance) October 10, 2024
C’est ce que nous indique notre dernier rapport #Planètevivante. 🐟 🐼
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L’Amérique latine et les Caraïbes sont les régions les plus touchées par ce déclin, l'Europe est quant à elle moins impactée avec une diminution de 39%. Mais le Grand Est n’échappe pas à la règle.
Alouette des champs ou encore hérisson, les espèces sauvages de chez nous sont aussi menacées. "On constate une dégringolade totale des espèces d'oiseaux qui vivent en milieu rural. C’est le cas de l'alouette des champs, les populations se sont effondrées de 60 à 75% en l’espace d’une vingtaine d'années", explique Patrice Costa, président de l’Institut européen d’écologie. Le spécialiste déplore aussi la diminution drastique de la population des moineaux friquet, les moineaux des champs mais aussi des pies-grièches notamment la pie-grièche grise ou la pie-grièche à poitrine rose. "Plus généralement en milieu rural, les espèces se cassent la figure", précise le naturaliste.
Les petits mammifères concernés
Dans la région, les oiseaux ne sont pas les seules victimes de cette disparition de masse. Patrice Costa confirme la disparition de petits mammifères comme le hérisson, fortement exposé aux pesticides, le lérot, le loir, le chat forestier ou encore les chauves-souris.
Même les espèces phares du territoire sont concernées : "Le grand tétras, dans les Vosges, a disparu à cause du climat", explique Patrice Costa. Il cite également le lynx boréal, présent sur la liste rouge des espèces menacées en France de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui, même s’il a été réintroduit sur le massif, garde encore un équilibre très précaire : "Le lynx a été massacré pendant des années. Maintenant, on a une dizaine d’individus qui sont originaires du programme de réintroduction fait par les Allemands. Ils sont forcément sur la liste des espèces menacées".
Des causes multiples
Pour le président de l'Institut européen d'écologie, les causes de ces disparitions de masse sont très claires : "C’est dû, d’une part à l’agriculture productiviste dans les campagnes, à l’artificialisation des sols et au phénomène d’expansion périurbain, à l’arrivée d'espèces exotiques et aux phénomènes climatiques". Des conditions qui mettent à rude épreuve la biodiversité du territoire et qui privent un grand nombre d'animaux d’une chaîne alimentaire correcte.
De nombreuses solutions
Alors, pour tenter d’enrayer le phénomène, l’expert évoque plusieurs pistes. Retour à une agriculture paysanne, arrêt de l’expansion urbaine ou encore lutte contre le réchauffement climatique, pour lui, les solutions sont nombreuses. "On peut aussi faire quelques aménagements en ville et repenser les choses en végétalisant les cours d’école par exemple", souligne-t-il.
Encourageant, Patrice Costa s'enthousiasme du retour d'espèces dans la région comme le castor ou le lynx boréal, notamment grâce à la protection et à la réintroduction.
Il met aussi un point d’honneur à continuer de faire vivre les associations, toutes engagées dans la lutte contre la chute sans précédent des animaux sauvages, notamment par la pédagogie.
En France métropolitaine, selon l'UICN, 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens et 32% des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition du territoire. 19% des poissons d'eau douce et 28% des crustacés d'eau douce le sont aussi.