La centrale thermique Émile Huchet à Saint-Avold (Moselle) doit répondre aux pics de consommation d'électricité. Comment une installation industrielle aussi gigantesque peut-elle répondre immédiatement à la demande ? Nous avons posé la question à Camille Jaffrelo, responsable de la communication de GazelEnergie.
La centrale thermique Émile Huchet à Saint-Avold (Moselle), l'une des deux dernières centrales à charbon encore en activité en France, a été appelée à la rescousse ce mardi 9 janvier 2024, afin de répondre au pic de consommation d'électricité, conséquence du grand froid qui règne sur la France. Comment une installation industrielle aussi gigantesque peut-elle répondre immédiatement à la demande ? Nous avons posé la question à Camille Jaffrelo, responsable de la communication de GazelEnergie, le propriétaire de la centrale. Nous avons aussi évoqué l'avenir du site et les défis à relever.
Comment la centrale peut-elle répondre immédiatement aux pics de demande d'énergie, comme c'est arrivé mardi 9 janvier 2024 ?
Que la centrale tourne, ou qu'elle ne tourne pas, à compter du moment où elle est déclarée "disponible" sur le réseau, vous devez assurer la fourniture d'énergie. Nos équipes sont en 3X8 [trois équipes différentes se relaient sur le même poste pendant 24 heures. NDLR]. Lorsque la centrale ne tourne pas, vous devez avoir un minimum d'équipes sur le site pour assurer la sécurité. L'objectif est de garantir un bon niveau de disponibilité de la centrale. Ces deux dernières années, nous avons réalisé dix millions d'euros d'investissements. C'est important pour un site comme le nôtre. Ce sont des travaux qui correspondent à une grosse révision décennale.
À l'horizon 2027, dans le cadre de la décarbonation, vous devrez vous convertir à la biomasse au moins partiellement ?
Nous allons tester courant de ce mois de janvier 2024, l'introduction de 20% de black pellets [des résidus de bois torréfiés pour augmenter le pouvoir calorique des pellets] Si on monte à 50% de mix combustible, ce que nous visons, il nous faudra investir une centaine de millions en plus des investissements de manutention. Quand vous réalisez des travaux lourds sur l'outil, le niveau de disponibilité de votre centrale n'est pas forcément assuré. Il nous faudra donc mettre en œuvre une solution technique qui nous permettra de faire les travaux, tout en étant disponible l’hiver. C’est surtout ça le vrai défi de la conversion pour nous.
Pour faire tourner une centrale thermique, il faut aussi des compétences. Il s'agit là d'un autre défi à relever ?
Au départ, on a déjà fait appel aux anciens qui avaient quitté la centrale en 2015. Nous avons des enjeux de renouvellement du personnel important, car la courbe des âges est élevée. Nous avons fait une quinzaine d'embauches en partenariat avec France Travail [ex Pôle Emploi) NDLR]. Donc, nous avons une quinzaine de personnes qui sont en ce moment en formation sur le principe du compagnonnage.
Sur le site Émile Huchet, GazelEnergie dispose d'un effectif de 110 opérateurs auquel s'ajoutent 150 salariés sous-traitants.
Les risques de tensions sur le réseau électrique ne se limitent pas à l'hiver. Les étés, avec les épisodes de sécheresse et la baisse du niveau des fleuves, les centrales nucléaires sont contraintes de baisser leur puissance de production. Sans oublier les fortes chaleurs qui engendrent des pics de consommation.