Entre arrêt, reprise et arrêt, les dessous d'une centrale thermique tout au long d'une année dans "Retour au charbon"

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Arrêt et reprise de la centrale à charbon Émile-Huchet de Saint-Avold (Moselle) ©France Télévisions

Trop polluante, trop de rejet de CO², la centrale à charbon Emile Huchet n'a plus la cote. Son arrêt définitif est décrété pour le 31 mars 2022. Mais la guerre en Ukraine et la stratégie énergétique viennent bouleverser cete décision écologique. La centrale va devoir reprendre du service. Pendant toute une année, Alexis et Yannis Metzinger ont suivi les salariés de la centrale thermique dans sa remise en route et dans leurs questionnements.

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Fin 2018, le président Macron annonce vouloir : " cesser de produire ces énergies charbonnées sur notre territoire. C'est en ce sens que nous avons décidé de fermer l'ensemble des centrales à charbon d'ici à 2022".

Janvier 2022, seules trois centrales à charbon fonctionnent encore. La centrale Émile Huchet de Saint-Avold doit fermer au 31 mars. Deux réalisateurs de documentaire décident de suivre les employés dans les derniers jours d'activité de leur centrale. Mais les choses vont tourner autrement. 

Voici trois raisons de voir "Retour au charbon" d'Alexis et Yannis Metzinger, en ligne ici

1. Pour découvrir les entrailles d'une centrale thermique

C'est l'occasion. Si vous n'avez jamais visité de centrale à charbon, voici une opportunité unique de découvrir une centrale thermique à charbon encore en fonctionnement. Ce devrait être de l'histoire ancienne. Puisque la décision a été prise de toutes les arrêter au cours de l'année 2022. Alors, juste avant sa fermeture, deux réalisateurs ont accompagné les employés dans les derniers jours de ce mastodonte afin de laisser un témoignage de cette histoire industrielle et énergétique.

De la zone de stockage du charbon à la salle des commandes en passant par diverses salles de machines, elle nous apparaît comme un labyrinthe de tuyaux et de machineries complexes. Mais qui n'a pas de secret pour les hommes qui y travaillent.

Et puis il y a cette silhouette, qui se découvre depuis l'autoroute A4 ou la RN 33. Avec sa cheminée de près de 130 mètres de haut et ses tours de refroidissement qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à leurs cousines des centrales nucléaires. Un petit bout qui perdure du vaste décor industriel lorrain d'autrefois. De celui tout droit issu des richesses minières du sous-sol des houillères du bassin de Lorraine. 

2. Pour rencontrer des hommes et leurs savoir-faire

Force est de constater que ce sont essentiellement des hommes qui sont à la barre de la centrale. Les chefs de quart, les rondiers, les responsables des divers secteurs et autres cadres techniques d'exploitation qui témoignent sont tous des hommes, et souvent proches de l'âge de la retraite.

La fermeture annoncée n'a pas incité au renouvellement des équipes et à la formation continue. Leurs savoir-faire, qui se sont transmis de génération en génération, depuis les années 50, étaient voués à disparaître. Repérer à l'œil un risque d'encrassement qui peut provoquer un blocage. Repérer à l'oreille un cliquetis inhabituel dans le vacarme ambiant. Comprendre la mécanique d'une turbine. Et savoir manier les outils, des plus anciens aux plus technologiques.

Et avec ces savoirs-faire, c'en était fini aussi du compagnonnage qui allait de pair : où le chef de quart, derrière sa console de la salle des commandes, doit être capable de guider le rondier dans les recherches de la panne. Tout en accordant sa confiance totale dans les gestes à effectuer par celui qui est sur place, face à la bête.

Et les illusions aussi sont perdues. Dans une vision industrielle de l'emploi, ces hommes se voyaient faire leur carrière entière dans la centrale. "À l'époque, quand je suis rentré dans l'énergie [on m'a dit] tu ne seras jamais au chômage. Ton boulot, il est là jusqu'à la fin. Ton avenir est tout tracé ; t'es là jusqu'à ta retraite", raconte avec nostalgie Sylvain Krebs, responsable manutention combustibles et cendres.

3. Parce que la vie est pleine de surprises et de rebondissements

Pourtant, la guerre en Ukraine (24/02/2022) et la crise énergétique qui s'est ensuivie, sont venues bouleverser le vertueux et écologique plan politique. Le 27 juin 2022, l'annonce de réouverture, au cours de l'hiver à venir, du site de Saint-Avold est faite à la stupéfaction générale. La "realpolitik" prend le pas. La France doit sortir les muscles et la suie. La centrale à charbon redevient un enjeu stratégique national et doit redémarrer. Au diable les valeurs écolos. Il sera toujours temps de décarboner plus tard.

Mais si le politique claque des doigts pour imposer sa décision, l'employé sait qu'il va devoir déployer toute son énergie et sa conviction pour faire repartir l'artillerie lourde de la centrale. L'épopée d'une fin de vie industrielle se mue en défi. Certains employés sont partis sous d'autres contrées, d'autres aspirent au repos mérité après des années de labeur. Alors une équipe recomposée à la hâte, et à grands coups de primes, se réapproprie les outils et les tâches. Avec, en plus, la lourde charge de former de nouvelles équipes plus jeunes, mais plus précaires pour les relayer. Où l'on découvre que de jeunes femmes pénètrent enfin dans ce milieu très masculin.

Au fil des événements, les employés témoignent de leur état d'esprit. Ils oscillent entre une envie légitime de crier à l'injustice du "pourquoi eux ?", leur résignation mâtinée de nostalgie, et leur enthousiasme devant le défi à relever, malgré les doutes et les interrogations.

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