Ils n’ont pas connu un tel engouement pour les produits fermiers depuis la crise de Covid. Cette semaine, certaines structures de vente directe de produits fermiers ont connu un afflux remarquable. Un constat qui réjouit les producteurs lorrains.
Faut-il une crise à chaque fois pour éveiller la conscience des consommateurs ? En tout cas, les chiffres de fréquentation des magasins de producteurs sont en hausse ce samedi 3 février 2024, après une semaine riche en rebondissements pour le monde agricole.
Plus 30% de commandes
Viande, produits laitiers, œufs, légumes, lentilles, pâtes... Au drive fermier de Metz, une trentaine de producteurs se relaie toutes les semaines pour fournir des colis, commandés en ligne. Avec une centaine de clients par semaine et trois points de distribution, cette semaine l'association connaît un engouement remarquable.
"C’est une belle progression, plus 30 % pour une dernière semaine du mois, c’est beaucoup mieux que l’année dernière. Nous n’avons pas connu ça depuis le Covid", explique Philippe Duval, producteur de fromage de chèvre à Bazoncourt (Moselle) et président du drive fermier à Metz.
Le drive fermier de Metz a été mis en place durant la crise sanitaire. Il a connu un beau démarrage avec 300 commandes par semaine avant de perdre 60% de la clientèle.
"C’est clair, la mobilisation agricole est pour quelque chose. Les gens sont de nouveau conscients de ce qu'on leur fait avaler et ils sont retournés dans les courts-circuits. C’est une prise de conscience qu’on a connue lors du Covid", ajoute le producteur de fromage.
" Les étals sont vides" à Nancy
À Nancy au magasin de producteurs La Belle campagne, les clients ont également été nombreux tout au long de cette semaine.
"On a eu du monde toute la semaine et là il nous manque plein de produits", précise une des vendeuses du magasin.
Dans ce magasin, trois quarts des produits sont bios, et ils viennent des producteurs dans un rayon de 80 km.
"Depuis huit mois on a une croissance régulière", ajoute Aline Choné, productrice bio de viande et de pâtes, "alors que dans les autres magasins de producteurs, la tendance est à la baisse. Là cette semaine, on a fait plus de 10 %, les étals sont vides mais nous ne pouvons pas faire plus de chiffre d’affaires même si on a plus d’affluence, notre production est limitée".
La jeune agricultrice commercialise sa production en vente directe depuis huit ans. Pour elles, les habitudes de consommation passent par l’éducation des clients.
"On a des clients qui font demi-tour car ils ne trouvent pas la pièce de bœuf qu'ils souhaitent. Et là on est obligé de faire de la pédagogie et expliquer. Nous avons 6 kg de paleron dans une vache, quand il n'y en a plus, il faut l'accepter et peut-être prendre une autre pièce. Si le consommateur veut consommer comme dans une grande surface, ce n’est pas possible", précise la jeune femme.
Rien n'empêche les clients de faire une partie de leurs courses chez les producteurs et compléter au supermarché. Les magasins de producteurs fonctionnent avec des produits saisonniers. On ne trouvera pas des brocolis, ni des concombres en ce moment.