Les frontières entre l’Allemagne et la France vont bien rouvrir dans la nuit de dimanche à lundi et non 24 heures plus tard. Les mosellans vont pouvoir se déplacer librement en Sarre et en Rhénanie-Palatinat. La crise sanitaire a mis en lumière des incompréhensions profondes entre les deux voisins.
Le diable se cache parfois dans les détails. La France et l’Allemagne avaient fixé conjointement au Lundi 15 Juin 2020 la réouverture de leurs frontières communes. Mais pas à la même heure. A 0 heure pour les Français, à 23 heures 59 donc un jour plus tard pour les Allemands.
Vu de Berlin ou de Paris, l’histoire pourrait presque prêter à sourire mais en zone frontalière, cette cacophonie sur la date de réouverture des frontières vient rappeler que la vie quotidienne des habitants ces trois derniers mois a été parfois très compliquée.
Cette crise du Covid a mis en lumière les dysfonctionnements déjà identifiés qu’elle a amplifiés
- Christophe Arend, député LREM de Moselle
Cette réouverture était réclamée par certains hommes politiques comme Christophe Arend, le député LREM de Forbach, président du groupe d’amitié entre la France et l’Allemagne et farouche adversaire depuis le début de la crise sanitaire de la fermeture des frontières. "La crise sanitaire a servi de crash-test sur l’Europe, sur la coopération franco-allemande et sur la coopération transfrontalière" explique le député de Forbach. "A ce titre, cette crise du Covid a mis en lumière les dysfonctionnements déjà identifiés qu’elle a amplifiés. Je pense au manque de coordination comme par exemple sur la fermeture des frontières, à la double imposition des travailleurs frontaliers au chômage partiel et aux ressentiments anciens qu’on pensait disparus. N’oublions pas tout de même la coopération sanitaire qui a permis l’accueil en Sarre de malades mosellans touchés par le Covid-19. Désormais, il faut que la confiance revienne entre deux nos pays pour contrer la crise économique."
Soulagement des frontaliers
Le soulagement, c’est le sentiment qui prédomine du côté des 21.000 travailleurs frontaliers qui quotidiennement se rendent en Sarre ou en Rhénanie-Palatinat et qui au cours des premières semaines de la crise sanitaire ont été contraints de faire d’interminables détours pour aller en Allemagne. C’est ce que raconte Cédric Moltini du syndicat IG Metall de l’usine Ford de Sarrelouis : "Ces trois derniers mois ont été très compliqués pour les travailleurs frontaliers mais aussi pour tous les habitants de Moselle-Est qui avaient l’habitude de franchir la frontière pour faire leurs courses."
Les contrôles étaient devenus aléatoires
Depuis le Samedi 16 Mai, les autorités allemandes avaient allégé les contrôles aux frontières. Ils n’étaient plus systématiques comme c’était le cas depuis la mi-mars mais aléatoires. Peu à peu, les barrières rouge et blanche installées devant 31 des 35 postes frontières entre la Moselle et la Sarre avaient été peu à peu enlevées mais depuis un mois, il fallait encore une bonne raison pour franchir la frontière. Une attestation d’employeur pour les travailleurs frontaliers, un document officiel de scolarité pour les étudiants français ou un motif impérieux pour les particuliers sous peine d’amende de 250 euros.
Lundi matin, une initiative de l’Eurodistrict SarreMoselle est prévue entre Français et Allemands sur le pont de l’Amitié qui sépare la commune mosellane de Grosbliederstroff de sa voisine allemande Kleinblittersdorf. Des retrouvailles où Français et Allemands pourraient avoir beaucoup de choses à se dire tant les dysfonctionnement entre deux nos pays se sont montrés au grand jour.