Il en rêvait depuis tout petit. Faire un grand voyage à moto, seul. Après plusieurs périples au Cap Arctique et en Afrique du Sud, Sébastien Blandin partira le 1er mai prochain de Thionville, direction Magadan, en Sibérie. 40.000 kilomètres aller et retour.
Les rayonnages de la bibliothèque débordent de guides de voyages et d’ouvrages sur la Russie. Sur la table de la salle à manger, des cartes routières déployées, immenses, à l’échelle du pays-continent qu’il compte traverser. "Depuis janvier, je commence à rentrer dans mon voyage" raconte le motard à la voix douce, "bien sûr il y a toute les formalités administratives, et la préparation de la moto qui m’y incitent, mais je sens qu’intérieurement je suis déjà en route".
Dans le civil, Sébastien Blandin travaille à la centrale de Cattenom. Travail posté, usant. Depuis qu’il est monté sur un vélo, il n’a rêvé que de motos et de grands espaces: "à 18 ans j’ai passé mon permis, et je me suis acheté une BMW qui avait plusieurs fois mon âge, je n’ai jamais arrêté depuis". L’un de ses derniers voyages l’a fait passer par la Russie il y a deux ans, en descendant du Cap Nord. "Je suis tombé amoureux de la Russie, j’y ai rencontré des gens formidables, stupéfaits de voir un motard français voyager seul. J’ai été accueilli chaleureusement, partout. C’est de là que s’est construit le projet de traverser l’Europe puis la Russie jusqu’à Magadan, la ville symbole du Goulag".
Préparation
Sa moto est japonaise, mais conçue et fabriquée en France. "Je suis un fan de la marque Motobécane, j’en possède plusieurs. Elle a été rachetée par une marque japonaise, mais j’ai choisi ce modèle parce qu’elle est assemblée dans l’usine française d’où sortaient les mobylettes jusque dans les années 80". Il la connaît par cœur. Il s’entraîne à la démonter dans toutes les conditions, parce que des pannes et des galères, il en aura, forcément. Mais ça ne l’inquiète pas. Il saura se débrouiller : "dans un voyage comme celui-là, impossible de réserver quoi que ce soit, on se laisse porter par les rencontres. J’ai une idée de la route, mais je ferai souvent des détours, je le sais" plaisante-t-il à moitié. "J’y vais pour rencontrer des gens, avant tout. Et me retrouver seul, ça sera une aventure aussi".Périple
Il a accumulé les congés et les récupérations sur son compte épargne-temps. De quoi partir plusieurs mois, et avaler les 40.000 kilomètres aller et retour qui l’attendent. En solo, ou presque : "ma compagne va me rejoindre au début à Saint-Pétersbourg pour quelques jours en famille, et puis avant d’attaquer la fin du périple, Emilie viendra me rejoindre en Mongolie pour trois semaines, histoire qu’on en profite aussi tous les deux".Pour la dernière partie du voyage, la fameuse route des os, qui mène à Magadan depuis Iakoutsk, il sera accompagné par un motard russe. "Il n’y a rien sur cette route de 2.000 kilomètres, ni hôtel, ni secours, ni réseau de téléphone, en cas de problème on est livré à soi-même" explique Sébastien. Emilie est rassurée : "pour cette dernière partie, je suis plus tranquille en sachant qu’il sera accompagné. Je le soutiens à 100%. Bien sûr ça sera dur sans lui pendant cinq mois, mais je partage ses rêves et son goût de l’aventure. C’est le ciment de notre couple".