Sécurité, mobilité, propreté, écologie… Mais où est passé la culture dans le programme des candidats aux élections municipales. Autrefois moteur, la culture est souvent reléguée au second plan malgré quelques propositions… La culture placardisée, c’est une réalité en 2020
Mardi 3 mars 2020, les candidats à la mairie de Metz étaient sur la scène de l’Arsenal pour parler culture et exposer leur programme sur le sujet. Tous n’ont pas répondu présents et certains se sont même contentés d’envoyer leurs émissaires, leurs ministres locaux de la culture. Le thème, même s’il n’est pas clé dans cette campagne passionne pourtant le public. 300 personnes étaient là pour débattre mais surtout entendre les propositions des candidats en matière de culture.
Et dans cette campagne messine, cru 2020, la culture se résume principalement au développement et au renforcement d’événementiels. L’exemple le plus parlant, c’est "Constellations". La troisième édition du festival international d'arts numériques a installé Metz "comme une destination culturelle incontournable et reconnue" selon Hacène Lekadir, adjoint à la culture et au patrimoine à la Mairie. 1 400 000 visiteurs, 300 000 spectateurs lors des concerts et spectacles. Près de 200 articles web et presse, émissions télé et radio, dans des médias nationaux, régionaux et étrangers. "Constellations" est devenu un des symboles du renouveau de la culture à Metz... sous l’ère Dominique Gros.Beaucoup de monde à l’Arsenal ce soir pour assister au débat public autour de la culture à #Metz en présence des candidats aux élections municipales! ?????#Municipales2020 #DébatCulture #10jours10questions @profedim @SNSPscenes @SYNDEAC @ForcesMusicales pic.twitter.com/lvdidOKitY
— Sarah McKee (@sarmckee) March 3, 2020
Aujourd’hui, sur la liste LREM de Richard Lioger (Metz au coeur), Hacène Lekadir souhaite, sans surprise, renforcer l’existant et faire de "Constellations" un "festival de création internationale et numérique et une plateforme collaborative avec des villes d’arts numériques". Richard Lioger souhaite même y adosser un festival international de science-fiction et des loisirs numériques à Metz !
Sur le sujet "Constellations", il y a même consensus chez la plupart des candidats. Difficile d’enterrer ce rendez-vous estival qui s'est révélé comme une réussite sur le plan culturel mais aussi économique. Un constat difficilement contestable sauf… pour le Rassemblement National qui préfère parler de mise en place de concert gratuits l’été et de spectacles sons et lumière sur l’histoire de Metz. La défense de l’identité locale, c’est sans surprise le créneau de Françoise Grolet qui prône également la création d’une énigmatique "parade du Graoully".Notre équipe veut relancer un projet de festival de #sciencefiction et des loisirs numériques avec les Messines et Messins. Une des mesures de l'ambitieux projet culturel de @richardlioger pour inscrire #Metz comme #capitale culturelle de la #France !
— Richard Lioger 2020 (@Metzaucoeur) January 28, 2020
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Mais concernant "Constellations", une autre voix s’élève. Celle d’Emmanuel Lebeau (Intensément Metz). Lui aussi est critique au sujet de cet évènement synonyme d’"offre pléthorique en été, 535 manifestations…" Et de préciser : "Au-delà des festivals, les fêtes populaires et traditionnelles sont laissées pour compte. Les Fêtes de la Mirabelle sans leur grand feu d'artifice ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. La Saint Nicolas fait désormais pâle figure par rapport à celle de Nancy". De là à déterrer la hache de guerre avec Nancy sur l’évènement de fin d’année, il n’y a qu’un pas qu’Emmanuel Lebeau souhaite finalement franchir… s’il est élu ! La Pax Romana Lorraine (A Nancy, la "Saint-Nic’" et à Metz la "Mirabelle") appartiendra au passé. Retour aux hostilités et à la guerre des chefs et retour aux bonnes vieilles traditions, Emmanuel Lebeau est, à sa façon, un sacré agitateur culturel.
De nouveaux équipements à Metz
Côté équipements, pas de projet pharaonique dans les tuyaux. Mais pour François Grosdidier (Utile pour Metz), il y a néanmoins la volonté de créer un lieu de découverte pédagogique de la culture scientifique et technique (peut-être au Technopôle) et de créer une bibliothèque au centre-ville.
Construire un cinéma grand public en centre-ville près du centre Pompidou et du centre commercial Muse mais aussi une grande "médiathèque métropolitaine", c’est la proposition de Richard Lioger.
Xavier Bouvet (Unis pour Metz) se contente de la création d’une Maison du Théâtre autrement dit un lieu d’accueil pour la création et les répétitions des compagnies amateurs et professionnelles. Dans un registre peu éloigné, Thomas Scuderi, propose la création de tiers-lieux dédiés aux résidences d’artistes et de compagnies.
Enfin, Richard Lioger souhaite également déposer une candidature pour que Metz devienne une "Capitale française de la Culture". François Grosdidier lui, ambitionne de faire de Metz une "Capitale européenne de la culture". Les enchères sont lancées. Qui dit mieux ?
Parmi les propositions culturelles qui reviennent sur de nombreuses listes : la gratuité du Musée de la Cour d‘Or. Une proposition qui parait assez surréaliste en sachant dans le même temps que l’entrée pour les scolaires à Pompidou n’est plus gratuite… Et au final, peu d’idées nouvelles, peu d’ambition et pas de projets vraiment innovants. Même s’il est géré par la Métropole, pas un mot sur Pompidou Metz. Ni sur la BAM, encore moins sur Bliiida. A croire que tout fonctionne pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et au final, même si le scrutin reste local, pas un mot sur d’éventuels collaborations avec Nancy ou Thionville, histoire de peser avec des projets culturels d’envergure, notamment face à l’ogre luxembourgeois. Sur le plan culturel, le "Rauschisme" semble de retour à Metz après avoir vécu sa "movida" avec le socialiste Dominique Gros et ses équipes.
A Nancy : entre kermesse et nouvelle salle !
A Nancy, c’est un peu le même constat. Le projet culturel reste très nancéo-nancéien. Très ligue 2… Et encore, lorsqu’on s’en préoccupe. On a beau chercher sur le site du vert Laurent Watrin (Nancy Ecologie Citoyenne), pas un mot sur la culture hormis "la mise en place d’un festival solidaire et engagé avec les associations étudiantes" sans oublier une proposition : "l'ouverture des bars et/ou commerce de bouche après 2h, en concertation avec les acteurs concernés : riverains, étudiant.e.s ainsi que les commerçants". Plutôt light pour un parti qui se veut l’incarnation de la jeunesse !
Pour Mathieu Klein (Nancy en grand), une volonté résumée dans son discours de lancement de campagne : "Le temps est venu de changer de braquet, de ne pas subir les transformations du monde et de refaire école de Nancy, cette école de Nancy du 21e siècle ; qui plonge ses racines dans l’histoire industrielle, culturelle, naturaliste, humaniste, et universaliste de Nancy et qui la réinterprète à l’aune des grandes transformations que nous devons conduire pour vivre mieux notre ville." C’est ambitieux, beau sur le papier mais au final un peu creux, voire très flou. Mathieu Klein parle également "de lieux pour les artistes, des espaces pour travailler, créer, expérimenter, se rencontrer, montrer." En gros, de nouvelles MJC ?
Et lorsque Bertrand Masson, son colistier évoque sa volonté de «faire le pari de l’émergence et des cultures alternatives", là aussi, c'est fourre-tout. Street-art, plasticiens, musiciens… allez savoir ! Le plus surprenant, c’est encore la création de "Quartiers en fête". Un festival dont le but est "de mettre en valeur chaque année, des habitants, des artistes et leur quartier. Résidences d’artistes, écoles, MJC, centres sociaux, institutions culturelles, associations de quartier travailleront ensemble pour célébrer l’art et la création." Marier kermesse et culture, il fallait oser. La gauche a fini par confondre culture et animation culturelle. L'adjoint à la culture sera-t-il surnommé Monsieur Bricolage ? Il y a de fortes probabilités.
La seule proposition concrète, c’est la création d’une Maison des écritures. Une première dans le Grand Est. "Le livre et l’écriture sont au cœur de l’identité́ nancéienne" précise le candidat. "Alors allons plus loin que "Le Livre sur la Place". Libraires, bibliothécaires, auteurs, illustrateurs : tous unis autour du livre et de la poésie dans une "Maison des Écritures". Au menu : résidences d’auteurs, formation, ateliers d’écriture, centre de ressources…" Tout cela devrait se terminer (encore une fois ?) dans une MJC. Reste à choisir laquelle…
Une nouvelle salle pour Laurent Hénart
A Nancy, pas de véritables nouveaux équipements culturels en vue sauf pour le maire sortant. Laurent Hénart (Nancy positive) a décidé de sortir le bulldozer. Et pas n’importe où ! A la place de l’actuel parking Vaudémont à côté de l’Opéra, place Stanislas !
Laurent Hénart souhaite la création d’une nouvelle salle de spectacles d’une jauge de 700-800 places. "L’équivalent d’un pôle de l’art vivant qui peut accueillir les artistes de l’Opéra, du ballet de Lorraine ou encore des événements du NJP". Des études sont déjà en cours sur cette emprise de centre-ville qui pourrait donc mettre un terme à l'emblématique mais désastreux Chapiteau de la Pépinière. Une bonne nouvelle pour les oreilles des accros de NJP mais une mauvaise nouvelle pour le porte-monnaie des nancéiens qui devront supporter une bonne partie du coût de fabrication de ce nouvel équipement puis son fonctionnement. La ville de Nancy en a t-elle vraiment les moyens ?
L’autre grand projet culturel du maire sortant, c’est la création d’un "Constellations" à la nancéienne. Laurent Hénart souhaite un festival de printemps avec mapping vidéo, musiques, danse et art. Ce festival pourrait débuter dès 2021-2022 et se dérouler dans plusieurs lieux de la ville comme la galerie Artem, la salle Poirel, l’Autre Canal et certains espaces publics. Derniers souhaits du maire sortant : faire de Nancy la capitale mondiale du livre ! Rien que ça. Sans oublier l'ouverture des bibliothèques le soir et les weekends. Reste à préciser les horaires mais surtout le calendrier de mise en place.
Après Metz, Nancy organise également son débat sur la culture en présence des candidats à l’initiative de Michel Didym, directeur du CDN Nancy Lorraine et Claude-Jean Antoine, président du NJP. Rendez-vous ce samedi 7 mars 2020 à 10 h au théâtre de la Manufacture. Le débat est ouvert au public.