Végétaliser la ville est devenu un argument clé dans cette campagne pour de nombreux candidats. A chacun sa méthode et sa communication qui passe souvent par le nombre d’arbres à planter. Entre solution miracle, conviction et greenwashing, petit tour d'horizon avec quelques candidats lorrains.
A Metz
A défaut de faire la différence, c’est assurément la proposition qui se distingue le plus parmi toutes celles des autres candidats. Une promesse végétale qui s’appuie sur une thématique chère au parti de Marine le Pen : la famille. Car Françoise Grolet, la candidate Rassemblement National souhaite aussi se lancer dans la végétalisation de la ville de Metz mais à sa manière : "Nous voulons une ville qui respire : un arbre sera planté pour fêter chaque nouveau-né messin". Et Françoise Grolet de préciser une statistique : la ville de Metz a enregistré en 2018, 1421 naissances domiciliés (Source INSEE). On peut donc compter en moyenne, sur 1 500 arbres plantés chaque année à Metz où Françoise Grolet souhaite "rendre les terres à leur vocation nourricière. Toutes les écoles auront leur jardin». On est loin, très loin des déclarations du fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, qui qualifiait en 2010 l’écologie de “nouvelle religion des bobos gogos”. Le greenwashing est sans doute passé par là !
Pour le candidat François Grosdidier (LR), beaucoup d’ambition sur le sujet mais aussi des chiffres à la hausse. Une de ses propositions phare est de planter 3 000 arbres par an, soit le double du Rassemblement National. Pour l’actuel sénateur de la Moselle : "la végétation en ville est une nécessité. Il faut préserver les arbres comme dans le quartier de Bellecroix et en replanter". C’est ce qu’il déclarait en novembre 2019 sur la chaine Public Sénat. Sa position n’a pas changé. En résumé : 18 000 arbres en six ans sur l’ensemble du mandat s’il est élu.
Voici ce qu'on trouve dans vos tracts. Pas grand chose, beaucoup de flou et aucun engagement chiffré sauf pour les 3000 arbres par an. C'est un peu léger, non ?
— Mathias Boquet (@MathiasBoquet) February 17, 2020
La seule originalité, la navette fluviale : gadget électoral inutile pic.twitter.com/NW3ie49cR5
Du côté de Xavier Bouvet (EELV), l’arbre tient aussi une place prépondérante au volet écologie de son programme. Mais sur l’aspect chiffrage, "pas de coup de pub, ni de course à celui qui plantera le plus d’arbres. En planter, le sujet est majeur mais le débat est trompeur. On ne cherche pas à rentrer dans la compétition. Les arbres, c’est réduire l’écologie à un simple cadre esthétique. Il faut d’abord faire un gros travail sur les essences d’arbres nécessaires, utiles et viables. Cet engagement s’inscrit dans cadre bien plus vaste qui va de l’étalement commercial à la politique de déplacement".
Pour Richard Lioger (LREM), comme pour la plupart des autres candidats, une précision : la végétalisation de la ville ne se résume pas qu’aux arbres même si l’objectif est "de mettre la nature en ville avec l’aménagement de nos places, nos rues et façades par des arbres, des haies végétales et des fontaines et jets d’eau". Pas de chiffre, Richard Lioger parle plutôt d' "un plan massif de plantation d’arbres y compris des arbres fruitiers en cœur de ville et dans nos quartiers" sans oublier la création "de jardins partagés, familiaux et des fermes urbaines".
A Nancy
Le maire sortant et candidat à sa succession, Laurent Hénart (Nancy Positive) s’avance sur un chiffre, difficilement vérifiable : 4500 arbres plantés depuis 2014 à Nancy. "Nous proposons d’en planter 7000 de plus lors du prochain mandat" promet-il, avec la "création d’une forêt urbaine, extension du parc Sainte-Marie, végétalisation de la V.E.B.E, mais aussi avec la rénovation de sept places de quartier qui seront végétalisées et transformées en îlots de fraicheur". Un terme lui aussi très à la mode...
Végétalisation Vs Bétonisation, le débat fait rage à Nancy. C’est un des sujets qui crispe l’équipe de campagne de Laurent Hénart avec ses adversaires et notamment Mathieu Klein (Nancy en grand). Les échanges entre les deux camps sur Twitter en sont la parfaite illustration.
"La végétalisation est un levier essentiel de la #TransitionEcologique." ? #Nancy
— Bertrand Masson (@massonbertrand) January 17, 2020
➡ Nancy Grand Coeur, Place Simone Veil
❌ #ParoleNONtenue pic.twitter.com/OR5ADoyjGE
✅ #Paroletenue
— Laurent Hénart - Nancy Positive (@LaurentHenart) January 15, 2020
La végétalisation est un levier essentiel de la #TransitionEcologique. Entre 2019 et 2021, 25 cours d’école de #Nancy font l’objet de plantations (potagers, plantes grimpantes, arbres…). 3 ont été réalisées en 2019 (Trois Maisons, Gebhart, Charlemagne)???? pic.twitter.com/aBpTC21Ujz
Pour le candidat de la gauche, la plantation du nombre d’arbres à Nancy n’est pas quantifiée. Davantage d’arbres à Nancy s’il est élu, c’est une certitude mais sans plus. Sur le sujet, Mathieu Klein souhaite notamment la création d’un parc urbain de dernière génération : "La Place Carnot deviendra un espace vert pour les habitants et les visiteurs. Un futur lieu de convivialité et de rencontre pensé pour flâner, découvrir, se restaurer". Pour l’aménagement paysager, des arbustes tandis que le cours Léopold deviendra lui une forêt urbaine au service de l’écologie "grâce à la plantation d’arbres en pleine terre".
Faut-il y voir (déjà) un rapprochement, Laurent Watrin (EELV) lui aussi, se refuse à tout chiffrage. "Ça ne sert à rien de faire des annonces démagogiques ! Ce serait par ailleurs prétentieux de ma part que d’avance ce type de chiffres. C’est de l’affichage politique ! Et puis végétaliser la ville ne se limite pas à planter des arbres. En fonction de la rue ou des lieux, il faut choisir les espèces et de petites plantes peuvent parfois suffire à végétaliser dans de bonnes conditions".
A Thionville
Sur le site de campagne de Pierre Cuny (Cuny 2020), les statistiques ne manquent lorsqu’il s’agit de faire son bilan à la tête de la mairie (600 permis de construire, 117 caméras de vidéosurveillance, 1000 emplois créés dans le secteur privé…). Mais pas de précision chiffrée sur le nombre d’arbres plantés. Et rien non plus sur les prévisions hormis cette phrase : "Chaque habitant doit pouvoir apercevoir un arbre depuis son logement et trouver un espace vert à proximité immédiate de son domicile".. On vous laisse le soin de faire le calcul. Pierre Cuny invite chaque citoyen à mettre des balconnières à ses fenêtres et il promet "la plantation systématique de deux arbres pour un arbre abattu, la mise en œuvre de l’action «Une naissance, un arbre» sans oublier la plantation d’arbres fruitiers en collaboration avec les arboriculteurs de Garche".
Pour Bertrand Mertz (Ensemble, faisons Thionville), son adversaire, un axe fort : développer la nature dans la ville en encourageant "les plantations sur les toits, murs, trottoirs, places aux moyens d’autorisations de végétaliser destinées à conseiller les citoyens sur la nature des végétaux à planter… D’une manière générale, nous favoriserons la plantation de milliers d’arbres par l’action municipale mais également en soutenant les initiatives de végétalisation citoyenne qui bénéficieront de l’appui du service des espaces verts municipal".
Du côté des verts, Guy Harau (EELV) parle également de "recréer la nature en ville : nous multiplierons les espaces verts qui seront accompagnés d’abris pour la petite faune sauvage et végétaliserons les bâtiments neufs pour créer des îlots de fraîcheur". Il vise aussi "la plantation de 10 000 arbres d’essences locales et résilientes sur le domaine public et encouragerons les habitants à en planter chez eux. Le but étant de créer de véritables forêts urbaines mais aussi de préserver les milieux naturels existants dans les villages".
A Epinal
A Epinal, Patrick Nardin (LR) a aussi fait de la présence des arbres dans la ville un argument de campagne. "Sur le prochain mandat nous pouvons estimer la plantation de 200 arbres par an en fonction des projets" nous précise-t-il. "Nous favoriserons la diversification des essences d’arbres et la plantation de plantes pérennes" peut-on lire sur son programme. Lors du dernier mandat, Patrick Nardin avance le chiffre de 1346 arbres plantés à Epinal.