Le tribunal correctionnel de Reims a reconnu coupable les ex-patrons de Thomé-Génot. Catherine Zickfeld et Gregory Willis ont été condamnés à 4 ans de prison et 200 000 euros d'amende pour, notamment, "détournement d'actifs" et "abus de biens". Ils ont décidé de faire appel.
Le tribunal correctionnel de Reims a condamné, ce vendredi 10 novembre, les deux anciens dirigeants américains de Thomé-Génot, sous-traitant automobile à Nouzonville à quatre ans de prison pour différentes malversations de cet ancien fleuron industriel, conduisant au licenciement de 316 salariés en 2006.
"Je suis extrêmement satisfait, confie Xavier Medeau, l'avocat des ex-salariés de Thomé-Génot, ce jugement corrobore la thèse du détournement que nous avions défendu."
"Je considère ce jugement mal motivé, constate de son côté Me Stéphane Bonifassi, l'avocat des deux accusés. Le tribunal a retenu à l'encontre de mes clients une aggravation du passif pendant la durée de leur exercice sans aucun élément tangible. Alors que les éléments dont je dispose montrent au contraire une baisse de ce passif durant cette période."
Catherine Zickfeld et Gregory Willis ont été reconnus coupables de "détournements d'actifs", "achats en vue de revente au dessous du cours" et "abus de biens", mais relaxés du chef de "banqueroute par emploi de moyens ruineux pour se procurer des fonds", faute de preuve. Cette sanction est assortie de 200.000 euros d'amende chacun, d'une interdiction de gérer une entreprise pendant cinq ans et d'un mandat d'arrêt international, les citoyens américains n'ayant jamais répondu aux convocations de la justice française.
"Je trouve cette condamnation à 4 ans de prison tout à fait disproportionnée en rapport à des faits équivalents, précise Stéphane Bonifassi. Je pense que mes clients paient un certain anti-américanisme et le fait qu'ils peuvent représenter dans la conscience française le symbole d'un capitalisme sans frontière."
"C'est une condamnation extrêmement lourde, rétorque Xavier Medeau, elle est à la mesure de la gravité des faits et des conséquences sur les salariés."
Une première condamnation avait déjà été prononcée en septembre 2009 par ce même tribunal. Mais une erreur de procédure avait entaché le procès menant à ce second acte judiciaire.
Absents à l'audience, le 6 octobre dernier, les deux accusés résidant aux Etats-Unis ont décidé de faire appel de ce jugement.
En 2004, le tribunal de commerce de Charleville-Mézières avait cédé l'entreprise à la société américaine de consulting Catalina, pilotée aussi par le duo Willis-Felch, qui avait promis la sauvegarde des emplois et "3 millions d'euros d'investissement sur 5 ans", avait rappelé Tiffanie Reiss, la présidente du tribunal.
Au lieu de ça, "la revente des actifs de la société pour être réinvestis à l'étranger" en vue d'une délocalisation au Mexique, des prestations de Catalina à ATG "facturées très chères", ainsi que la vente à perte, ont précipité l'agonie de cet ancien fleuron industriel des Ardennes, avait-elle listé.
Thomé-Génot, leader mondial des pôles d'alternateurs et fournisseur exclusif de Ford, a été liquidée en 2006 pour cause de déficit et de trésorerie exsangue.