Pauvreté en Alsace : où en est-on, un an après le lancement du plan gouvernemental ?

En septembre 2018 était lancé un plan pauvreté doté de 8,5 milliards d'euros. Ses priorités : lutter contre les inégalités dès la petite enfance, rationaliser la distribution des aides sociales et favoriser l'insertion par l'emploi. Un an après, quelles sont les avancées? On fait le point en Alsace.

"Eradiquer la pauvreté en une génération". Ce 13 septembre 2018, alors qu'il lance son grand plan de lutte contre la pauvreté, l'ambition affichée par Emmanuel Macron est claire et ambitieuse. Le chef de l'Etat projette de consacrer 8,5 milliards d'euros à la réduction des inégalités. 

Toute une série de mesures sont annoncées, avec comme priorités la lutte contre la pauvreté des enfants (distribution de petits-déjeuners gratuits dans les établissements scolaires, créations de crèches dans les quartiers dits sensibles,...), l'encouragement au retour à l'emploi, avec la création d'un service public d'insertion (élargissement de la prime d'activité, meilleur accompagnement vers l'emploi des bénéficiaires du RSA,...). Ou encore une meilleure gestion des aides sociales, avec la création d'un revenu universel d'activité, qui regrouperait plusieurs prestations et serait géré par l'Etat.

Un an après, comment ce plan a-t-il été mis en application en Alsace ? Y a-t-il des avancées ? Quelles sont les priorités aujourd'hui ? Eléments de réponse.


Qui est pauvre en Alsace ?

Y a-t-il moins de pauvres aujourd'hui qu'il y a un an ? A en croire les associations d'aide aux plus démunis, qui accueillent et soutiennent chaque année plus de bénéficiaires, non. Une évolution difficile à quantifier en chiffres officiels, car ceux sur lesquels nous pouvons travailler nous sont communiqués par l'INSEE, qui gère ses statistiques sur des périodes longues de plusieurs années. 

Ainsi, le dernier rapport sur les chiffres de la pauvreté, rendu public en 2016, s'appuie sur des données établies pour l'année 2015. A cette date, le seuil de pauvreté en France, que l'INSEE calcule à partir du salaire médian, est fixé à 1026 euros de revenus par mois pour une personne seule et 2024 euros pas mois pour une famille avec deux enfants. 

En Alsace, 13,1% de la population gagne moins de cette somme chaque mois et est donc considérée comme pauvre. Une situation qui touche en particulier les jeunes - 21,1 % des moins de 30 ans vivent sous le seuil de pauvreté -, et les familles monoparentales - près d'un tiers de ces familles est concernée.

L'emploi ne garantit pas d'échapper à la pauvreté, puisque près d'un salarié sur dix est en situation de pauvreté, selon les critères de l'INSEE. Il s'agit pour beaucoup de personnes ayant une activité professionnelle réduite (petits boulots, temps partiels...). Ces chiffres sont inférieurs à la moyenne nationale (14,1% de la population française vit sous le seuil de pauvreté, ce qui représente près de 9 millions de personnes), mais restent en constante augmentation. 
 

Quelles avancées en 2019 ?

En ce qui concerne la lutte contre les inégalités dès le plus jeune âge, le chef de l'Etat avait engagé l'idée d'étendre la distribution de petits-déjeuners gratuits dans les établissements scolaires, pour que les enfants ne démarrent pas leur journée sans avoir mangé : 99 écoles le proposent désormais dans la région.

Toujours dans l'idée d'accompagner les familles, la mise en place de "points conseils budget", pour apprendre à gérer les budgets serrés et éviter de tomber dans la spirale du surendettement. De tels lieux de rencontres et de conseils existent à Strasbourg, Niederbronn-les-bains, Haguenau et Mulhouse.

L'emploi étant au coeur des préoccupations, la prime d'activité, qui soutient les salariés qui ne touchent que de faibles revenus et les encourage à conserver une activité professionnelle, même réduite, a été élargie : 107.627 Alsaciens y ont désormais droit, c'est 29.516 de plus depuis la mise en route du plan pauvreté.
 

Et maintenant ?

Pour poursuivre le travail entamé, le gouvernement a nommé un haut-commissaire à la lutte contre la pauvreté dans chaque région, sous la responsabilité des préfets. Dans le Grand Est, il s'agit de Francis Bouyer, qui sera chargé d'appliquer la stratégie nationale sur le territoire, tout en laissant la place aux initiatives locales, en lien avec les associations et les élus.

Il s'agit de continuer à déployer les dispositifs déjà expérimentés, comme les petits-déjeuners gratuits à l'école, ou la mise en place de "points conseils budgets" (lire ci-dessus). Deux chantiers sont à mener en priorité, ils feront l'objet de concertations à l'échelle nationale dans les mois à venir : le revenu universel d'activité, qui devrait regrouper plusieurs prestations sociales pour rationaliser leur gestion par l'Etat, et l'élaboration du service public de l'insertion.

Sur ce dossier, la mission menée par le président du conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric Bierry, sur l'accompagnement vers l'emploi des bénéficiaires du RSA, servira de feuille de route. Les deux départements alsaciens sont en pointe sur ce thème, avec des initiatives qui marchent, comme le cumul du RSA et du salaire pour les allocataires qui répondent aux offres saisonnières des viticulteurs en période de vendanges. 
 
 
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