Pédophilie dans l’Eglise : "les jours passent et on engrange les témoignages" affirme l'archevêque de Strasbourg

La parole semble se libérer peu à peu au sein du diocèse de Strasbourg. Depuis deux semaines et la publication d'une lettre pastorale inédite, l'archevêque de Strasbourg a déjà reçu plusieurs nouveaux témoignages de victimes présumées d’abus sexuels. 

"Les jours passent et on engrange les témoignages" révèle, ce mercredi, l’archevêque de Strasbourg. Le 7 septembre 2018, monseigneur Ravel avait frappé fort en publiant une lettre pastorale, intitulée «Mieux vaut tard», adressée aux prêtres et aux fidèles du diocèse, dans laquelle il entendait briser l’omerta autour des abus sexuels dans l’Eglise. Un appel à libérer la parole, qui semble trouver écho.
 

"Nous avons une double obligation, légale et morale"

Deux semaines plus tard, quatre fidèles, victimes présumées, ont pris contact avec le prélat pour lui demander un entretien. "Je vais rencontrer ces personnes, vérifier leurs dires et ensuite prendre les mesures qui s’imposent" affirme-t-il, avant de préciser "Si nous avons la certitude que ces personnes disent vrai, nous avons une double obligation, légale et morale". Des cas, qui pourraient donc s'ajouter à la trentaine d'affaires déjà dénombrée en Alsace. Plusieurs dossiers devraient être prochainement portés devant la justice. 
  

Une charte de bonne conduite pour 2019

Des démarches judiciaires complétées, au sein du diocèse, par des "démarches canoniques", rappelle l'évêque. "Si les cas sont avérés, nous pouvons prendre des mesures conservatoires, notamment la suspension des missions du prêtre suspecté, en attendant le jugement".

Mais Luc Ravel, veut désormais aller plus loin et réformer dans les grandes largeurs "le comportement de l’ensemble de la communauté chrétienne". Comment ? En élaborant une "charte de bonne conduite" qui devrait voir le jour avant Noël 2019.  Une charte qui doit d'abord "apporter une réponse morale adaptée aux victimes", précise-t-il. Concrètement, la cellule d’aide et d’écoute mise en place au sein du diocèse, est au point mort. Elle n'a même jamais été sollicitée. Une grande concertation devrait être prochainement lancée pour définir de nouveaux moyens d’accompagnement plus efficaces. "Il faut que nous incitions les fidèles à parler en trouvant les bonnes mesures pour cela". Une réflexion qui devrait aussi servir les prêtres. "Nous savons qu’ils font aussi partie des victimes". Sur les quelques 400 ecclésiastiques présents en Alsace, huit auraient subi des abus sexuels. 
 
Plus globalement, l'archevêque veut également définir des règles de prudence "applicables par tous". "Les enfants ne doivent plus partir seuls avec un prêtre en week-end par exemple. Nous n’avons aucun moyen de détecter les pervers à l’avance. Il faut donc être prudent" lance-t-il, en appelant à des "changements de comportements profonds". Des propos lourds de sens, incitant dorénavant les fidèles à la méfiance après des années d'interventionnisme au sein des familles chrétiennes, mais Luc Ravel assume. "Nous voulons protéger tout le monde. Et je refuse qu’on nous dise que nous n’avons pas réussi. Nous avons une obligation de moyens, tout le monde doit s'y mettre". 

Cela suffira-t-il pour enrayer la crise de la foi qui secoue l’Église et redorer son image? Luc Ravel reste optimiste. "Notre réaction est tardive, mais ce n’est pas trop tard" conclut-il.
 
France 3 Alsace a recueilli le témoignage d'une victime abusée par un curé haut-rhinois alors qu'elle n'avait qu'une quinzaine d'années. Le prêtre est aujourd'hui décédé mais les plaies elles, demeurent. 
 
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