Le château de Donjeux domine la vallée du Rognon depuis 1755. En grande partie détruit par un incendie en février 2000, il a été restauré par la famille Viney. Un travail récompensé cette année par le prix coup de cœur du jury du Trophée Dassault Histoire et Patrimoine.
Juché sur un éperon rocheux à 280 mètres de haut, le château de Donjeux veille sur la vallée du Rognon, berceau des sires de Joinville dont l’un d’eux fut compagnon de Saint-Louis lors des Croisades.
Sous la garde de la famille Viney depuis plus de 200 ans, le site a reçu cette année le prix coup de cœur du jury du Trophée Dassault Histoire et Patrimoine. Une enveloppe de 40 000 euros pour récompenser le programme de restitution de l’édifice.
En effet, le château de Donjeux a failli disparaître. Après les dégâts causés dans le jardin et le parc par la tempête de décembre 1999, un incendie ravage l’aile ouest en février 2000.
"Le toit était en réparation lorsque le feu s’est déclaré. La charpente et l’ensemble de la toiture sont réduits en cendres. Un spectacle navrant. Nous avons bien failli abandonner, mais ensemble, nous avons trouvé le courage de retrousser nos manches. Cinq années de travaux, de 2000 à 2005, ont été nécessaires pour réparer les dégâts", raconte l’un des 31 copropriétaires du château de Donjeux au sein de l'indivision Viney.
En 2008, la toiture sud du pavillon central est refaite. À partir de 2010, plusieurs fenêtres ont été changées, une à une.
En 2016, les boiseries et les planchers de la salle à manger sont restaurés. "Ce travail de réfection et d'entretien, cela ne s'arrête jamais. C’est sans fin ", affirme Bertrand Viney, dirigeant du groupement forestier du château en charge de la gestion des bois.
Des arbustes adaptés au réchauffement climatique
Désormais, les jardins sont la priorité "Depuis cette année, nous avons banni les produits phytosanitaires pour le désherbage des allées et des carrés, indique Dominique Viney, un des grands artisans des travaux des jardins. Un travail qui nécessite davantage de manutention. Un jardinier et le gardien du lieu travaillent donc avec nous."
Toujours dans un souci écologique, la famille a aussi décidé d’adapter les plantations aux évolutions climatiques. "Après les orangers, nous tentons de planter des lilas d’Indes. Des arbustes fleuris. Il s’agit de voir si ces plantes qui résistent mieux à la chaleur peuvent s’adapter à notre région".
"L'entretien et la restauration du château, cela ne s'arrête jamais, c’est sans fin.
Bertrand Viney, un des copropriétaires du château de Donjeux
L’approvisionnement en eau est l’un des gros soucis du château. Avant, les glacières situées au pied de l’éperon, vers le Rognon, étaient alimentées par l’eau de la rivière : elle débordait l’hiver et gelait dans les prés. "Cette glace servait alors pour la conservation des viandes et des pâtisseries", raconte Françoise Viney.
Désormais, la source pour le château est située à 1 km dans le bois. Elle alimente toujours les citernes pour la maison, mais elle ne peut plus alimenter le bassin du jardin. Ce dernier est donc à sec. "Il faut faire des réserves et opter pour des plantes moins gourmandes en eau."
Des projets pour le jardin
Outre la poursuite des travaux intérieurs (toitures, corniches, façades...), la famille s'attaque donc à la réfection du jardin, avec la serre, une partie des murs d’enceinte et des grilles, et le bassin du verger.
Après les orangers, nous tentons de planter des lilas d’Indes. Des arbustes fleuris. Il s’agit de voir si ces plantes qui résistent mieux à la chaleur peuvent s’adapter à notre région.
Dominique Viney, un des copropriétaires du château de Donjeux
Aujourd’hui, les seuls revenus de la propriété proviennent des cotisations des copropriétaires et de l’exploitation des bois. La visite des jardins reste gratuite et elle est ouverte au grand public uniquement de juillet à septembre.
La nouvelle association créée début 2022, Les Amis du château de Donjeux, veut attirer des mécènes et des partenaires. Un livret a aussi été édité pour rendre la visite du site plus ludique.
Toutes les générations à l'ouvrage
Ce travail colossal, quotidien, ne rebute pas les membres de la famille, du plus jeune au plus âgé. "Cette propriété a été achetée en 1810 par l’un de nos ancêtres, qui était maître de forges. Nous en sommes les dépositaires ; nous avons à cœur de l’entretenir, de la faire vivre et de l’habiter", explique Bertrand Viney.
Toutes les générations sont donc attachées à cette demeure, lieu de nombreuses fêtes familiale comme les mariages ou les anniversaires. "Il y a beaucoup de souvenirs. Chacun a conscience que c’est une folie douce de continuer à entretenir cette propriété de nos jours, mais ensemble, nous pouvons y arriver", conclut un autre copropriétaire.