Jacqueline Goepfert a 83 ans et 167 000 fèves au compteur. Un record absolu qui fait d'elle la plus grande fabophile (comprenez collectionneuse de fèves) de France. Nous l'avons rencontrée chez elle, à Pfastatt (68).
A 83 ans, Jacqueline Goepfert a été couronnée 167 000 fois exactement. Et ce n'est pas terminé. Jacqueline Goepfert n'est pas autocrate, pas même affabulatrice. Non. Jacqueline est fabophile. Elle jette les couronnes et garde les fèves.
"Y en a partout"
Notre octogénaire est même la plus grande collectionneuse de fèves de France. Dans son appartement de Pfastatt, elle règne en tyran domestique sur des sujets miniatures. Qui peuplent boîtes, placards, tiroirs. Qui peuplent tout en fait. " Je ne sais plus où les mettre tellement il y en a. Il y en a partout dans tout ce que vous voulez. J'essaie de donner une certaine cohérence à ma collection mais ce n'est pas évident : sur le même thème il peut y en avoir des plates, des 3D, des porcelaines, des plastiques."
Il n'est pas chose aisée d'assurer l'ordre avec 167 000 sujets. Du coup, Jacqueline s'est mise à l'informatique. "Mon fils prend en photo chaque fève. Ensuite je les numérote, je fais une description détaillée avec la date et tout ça et je fais mes fichiers pour les retrouver facilement. C'est beaucoup de travail."
40 ans de collection ...
Devenir reine des fèves requiert du temps. 40 ans pour Jacqueline. "C'est mon fils qui a commencé sa collection à l'âge de 3 ans avec sa première fève. C'était en 1980. Une fève en plastique que j'ai gardé évidemment. Il a continué jusqu'à ses études et puis j'ai pris le relai." Et quel relai. Au rythme de 7500 nouvelles acquisitions en moyenne par an, Jacqueline devient vite boulimique. Pas de frangipane car, ironie du sort, elle est diabétique, mais de fèves.
" Je les trouve sur internet, dans les bourses, dans les boulangeries, je les échange, c'est un véritable réseau les fabophiles. Et puis je les trouve dans les galettes aussi. Les galettes briochées, les autres je peux pas." Du coup, Jacqueline se rabat sur les brioches bâloises, moins sucrées : " En quantité industrielle. Parfaites pour le petit-déjeuner. D'ailleurs ce matin, au café, je suis tombée sur ma dernière fève, un personnage du carnaval. Et puis là aussi j'ai mon stock. J'ai de quoi tenir des semaines. J'en ai vingt au congélateur." Gouverner c'est prévoir.
... toute une histoire
Le secret de Jacqueline c'est qu'elle fait aussi fabriquer des fèves. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Elle les conçoit, les dessine. " Ca aussi ça me prend un temps fou. Je cherche les idées, je choisis les motifs, les blasons, je trouve les fabricants, en France exclusivement. Bref je gère tout." Jacqueline a déjà imaginé pas moins de 150 fèves pour des communes alsaciennes, des amicales, des évènements ...
Sans compter toutes celles qui racontent sa propre histoire. Petits cailloux enrobés de pâte semés le long de sa route. " J'ai conçu des fèves pour nos noces d'or en forme de coeur doré, pour le mariage de mon fils, pour le baptême de mon petit fils : un ourson sur un cheval à bascule et cette année, pour ses six ans, il a eu un tricératops. Ben oui, il aime les dinosaures."
Jacqueline a un petit faible pour ces dernières : " Toutes mes fèves racontent une histoire. Mes plus anciennes datent du 19e siècle. A travers elles, on peut voir les évolutions de la société, les personnages marquants, les héros de bd ou de cinéma, les monuments régionaux. On voyage. Mais je vous avoue que mes préférées restent celles qui racontent mon histoire. Ha oui et aussi mes émaux de Longwy."
Calendrier chargé
Pour la suite, pas de raison que la collectionnite s'atténue. Et d'ailleurs en cette pleine période des rois, difficile de fermer les yeux sans se casser une dent. Les bourses aux fèves se multpilient. Le 19 janvier à Wittenheim, le 9 février à Oltingue et le 15 février à Mundolsheim. Jacqueline sera de la partie. Evidemment.
De quoi compléter, si c'est le mot qui convient encore, sa fabuleuse fabophilie.