Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie a annoncé hier être "prête" à prolonger de 10 ans la durée de vie des centrales nucléaires qui passerait ainsi de 40 à 50 ans. La Champagne-Ardenne compte deux centrales nucléaires, Chooz dans les Ardennes et Nogent dans l'Aube.
Cette annonce de la ministre a été aussitôt critiquée par EELV et l'ONG Sortir du nucléaire.
"Oui, je suis prête à donner ce feu vert, sous réserve de l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire" (ASN), a déclaré Mme Royal hier sur France 3, ajoutant que ces centrales exploitées par EDF "sont déjà amorties, donc produiront une électricité meilleur marché".
Cette décision s'inscrirait cependant "dans le contexte de la baisse de la part du nucléaire de 75 à 50% dans la production d'électricité pour monter en puissance sur le renouvelable", tel que prévu par la loi de transition énergétique (LTE) adoptée l'an dernier, a-t-elle rappelé.
Le patron d'EDF, Jean-Bernard Levy, avait déjà affirmé mi-février que "l'État (avait) donné son accord pour que nous modernisions le parc actuel de façon à ce que la durée de vie qui a été conçue pour 40 ans, nous la montions à 50 et 60 ans, sous réserve que la sécurité nucléaire soit garantie".
EELV et Sortir du Nuclaire réagissent
Le nouveau secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, David Cormand, a réagi dans un tweet dimanche :De #Barjac et après #NDDL j'apprends que @RoyalSegolene met à mort la #LTE en prolongeant les centrales nuc de 10ans. L'écologie c'est fini.
— David Cormand (@DavidCormand) 28 février 2016
Pour le réseau Sortir du nucléaire, la ministre de l'Environnement "sacrifie la protection des citoyens aux intérêts d'EDF". L'ONG a exprimé dans un communiqué "sa plus vive indignation face à la capitulation de Ségolène Royal, qui vient de céder à EDF". "Cette décision constitue un reniement total de la loi de transition énergétique", estime-t-elle.
La fermeture de deux réacteurs prévue
La loi de transition énergétique prévoit de réduire à 50% la part de l'atome dans la production électrique de la France à l'horizon 2025 et plafonne à son niveau actuel de 63,2 gigawatts la production nucléaire du pays.Cette dernière disposition contraindra EDF à fermer deux réacteurs, normalement ceux de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), pour compenser la mise en service du réacteur EPR de Flamanville, reportée à fin 2018.
"Il n'y a pas d'autre fermeture de prévue dans les dix ans à venir", avait souligné M. Levy.
Le gouvernement doit présenter prochainement sa programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui détaillera l'évolution des moyens de production par type d'énergie (nucléaire, gaz, renouvelables, etc.).