Réchauffement climatique : une plante miracle contre la sécheresse et les pesticides

Elle pourrait bientôt remplacer le maïs trop gourmand en eau et en pesticides. La silphie apparait comme la plante idéale pour faire face à la sècheresse, produire du biogaz et réduire l'utilisation des produits phytosanitaires. (première publication en août 2020 avec actualisation).

C’est une plante qui a tout pour plaire. Avec ses fleurs d’un jaune doré et longiline (jusqu’à 3 mètres de haut), elle suscite beaucoup d’espoir chez les agriculteurs. La silphie, une plante vivace cultivée chez nos voisins d’Outre-Rhin, a de nombreuses qualités fourragères et environnementales. Elle est testée depuis 3 ans sur les communes de Dompaire et d’Uxegney dans les Vosges.

C’est la société HADN qui a déniché la perle rare en Allemagne. La Silphie a été semée sur 160 ha dans les Vosges et pour le moment elle tient toutes ses promesses. Peu gourmande en eau, elle résiste particulièrement bien aux périodes de sècheresse et de canicule que nous rencontrons actuellement. Elle atteint aujourd’hui les 3 mètres, quand le maïs, lui, dépasse à peine les 1 mètres.

Paradoxalement, elle peut également tenir deux mois et demi les pieds dans l’eau.

Idéale pour le bétail et le méthane

Riche en protéine, cette plante vivace convient pour la nourriture des animaux, et permet de réduire la dépendance des agriculteurs envers les tourteaux de soja, pour aller vers plus d’autonomie protéique.

Elle est également très intéressante pour alimenter d’autres ’ventres’, ceux des méthaniseurs, de plus en plus nombreux dans nos campagnes, et qui produisent de l’électricité verte. Elle peut permettre de produire entre 4.000 et 5.000 m 3 de biogaz par ha cultivé, et représenter jusqu’à 15 % des apports.

Intérêt écologique majeur

Mais son plus grand atout est sans aucun doute écologique. Outre que la plante a besoin de très peu d’eau, elle se passe carrément de pesticides, et se contente d’un peu de digestat (résidu du méthanisateur) comme fertilisant.

Cela résout d’un coup de baguette magique la problématique de contamination des riverains par les pesticides. La silphie est d’ailleurs semée au ras des maisons à Uxegney. Ses petites fleurs jaunes ne plaisent pas qu’aux agriculteurs, mais également aux abeilles.

Une disposition de ruches aux abords des parcelles permet une production de 150 Kg/ha de miel.

- Amédée Perrein, gérant HADN, Saint Etienne les Remiremont

Preuve de son intérêt écologique, l’agence de l’eau Rhin-Meuse et la Chambre d’Agriculture d’Alsace ont financé plusieurs essais d’implantation de cette culture dans les parcelles faisant partie d’une zone de captage d’eau. Dernier avantage et non des moindres, les sangliers ne s’aventurent pas dans les champs du fait de sa densité, contrairement aux champs de maïs.

Chère mais rentable

Mais alors pourquoi ne pas l’adopter immédiatement en remplacement de tous les champs de maïs lorrains me diriez-vous ? Pas si simple…car il y a un frein majeur, c'est son prix : 1.800 euros par hectare. De plus, elle ne commence à pousser que la deuxième année. Par contre une fois implantée, la culture n’a plus que le coût de la récolte. Elle ne se ressème pas, et pas besoin non plus de labourer.  

La silphie est certainement la culture la plus rentable qui existe pour les méthaniseurs. Le retour sur investissement se fait en moins de 4 ans.

-Amédée Perrein, gérant HADN, Saint Etienne les Remiremont

En Allemagne, plus de 6.000 ha de terres sont déjà cultivés avec de la silphie. Il est donc fort à parier que l’on voit fleurir ses grandes fleurs jaunes sur tout le territoire lorrain dans les prochaines années. HADN s’est fixé comme objectif d’atteindre rapidement les 3.000 ha en France.
 

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