Après deux semaines de vacances, les écoles primaires et les maternelles vont accueillir leurs élèves pour la dernière rentrée avant les vacances d’été. Pour une majorité des établissements scolaires, les portes ne se sont pas complètement refermées pendant cette pause.
Le retour des enfants de maternelle et d’école primaire se déroulera bien à partir du lundi 26 avril. Si des doutes persistaient, Jean Castex les a vite levés lors de son allocution ce jeudi 22 avril. Mais pour une majorité de ces écoles, les grilles n’étaient que partiellement fermées. Certaines sont restées ouvertes pour accueillir notamment les enfants du personnel soignant. Autant dire que les écoles sont déjà prêtes pour la rentrée.
Des mesures quasiment identiques
Les mesures annoncées par le Premier ministre, Jean Castex, et le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, ont été évidemment écoutées par le monde éducatif. Le premier sentiment qui s’en dégage : des mesures identiques à celles déjà en place avant les vacances. "Dans la pratique, nous repartons exactement pareil," explique ce directeur d'école en Moselle, qui préfère garder l'anonymat. "on évite que les élèves se croisent, on fait rentrer chaque classe par une porte différente, à un horaire différent, lavage des mains, port du masque. Ça va rester exactement comme avant les vacances".
Mais pour Emmanuel Holtz, adjoint à l’Éducation à la mairie d’Amnéville, même si le protocole est identique, il constate quelques évolutions : "Effectivement, le ministère s’est appuyé sur le protocole déjà présent. Mais il y aura quand même de petites évolutions : deux auto-tests disponibles pour les enseignants pour qu’ils puissent se tester, une généralisation des tests salivaires. On va voir comment ça va être mis en place. Si ce sont les enseignants qui vont les faire, vont-ils être formé ? Est-ce que c’est quelqu’un d’extérieur qui va devoir les faire ? Nous n’avons pas encore d’informations".
Un protocole remis en question
Mais les acteurs du monde scolaire semblent unanimes pour dire qu’il est très difficile d’améliorer le protocole sanitaire déjà en place. "On n’appréhende pas plus que d’habitude la rentrée de lundi" analyse Roberto Toscano, co-secrétaire de SUD Éducation, "on va devoir faire avec les moyens qu’il y a. C’est ce qu’on fait depuis le début. On ne peut pas faire mieux, on ne peut pas plus éviter le brassage, on ne peut pas plus protéger les élèves, on ne va pas leur mettre un deuxième masque ! La seule chose que l’on peut faire, c’est diminuer les effectifs dans les classes, donc il faut des personnels".
Pour Isabelle Nicolas, co-secrétaire du SNUipp-FSU 54, le constat est encore plus négatif : "Nous sommes inquiets pour la reprise de lundi, on voit bien que la contamination est très élevée, on va forcément participer à la reprise de l’épidémie et exposer tout le monde si les mesures sont les mêmes. On nous a martelé qu’il n’y avait pas de contamination à l’école, qu’il s’agissait d’un lieu sûr, mais si les classes se sont fermées, c’est évidemment parce que c’est un lieu de fortes contaminations. Ça n’a pas de sens de réouvrir les écoles si les mesures ne sont pas renforcées".
La plateforme de signalement de cas, cible de critiques
Ce renforcement des mesures peut aussi concerner la plateforme de signalement de cas de Covid dans les écoles, destinée à tous les directeurs et directrices. C’est en tout cas le souhait émis par l’un des proviseurs de Moselle : "La plateforme nous rappelle pour nous donner des consignes deux semaines après un signalement, alors que l’enfant est déjà revenu ! Si des cas se déclarent, ils s’arrangeront pour ne pas fermer la classe. On m’a déjà dit : 'Vous fermez la classe sept jours, mais comme l’enfant l’a contracté il y a cinq jours, laisser passer le week-end, ça fera sept, vous pouvez rouvrir lundi' ".
Un constat parfois incompréhensible qui s’expliquerait par un manque de remplaçants, selon le co-secrétaire de SUD Éducation, Roberto Toscano : "Les enseignants absents, car cas contact ou cas positifs ne sont, pour la plupart, pas remplacés. On était en manque de remplaçants avant la crise sanitaire, ça devient critique". Isabelle Nicolas, du syndicat SNUipp-FSU 54 précise : "L’an dernier, il n’y a pas eu de création de postes suffisantes. Dans notre département, il n’y a eu aucune création de remplaçants et on en manque cruellement".
Vacciner les enseignants, une solution ?
Alors, pour tenter de prendre le mal par un autre bout, vacciner les enseignants et le personnel éducatif serait-il une bonne réponse ? C’est en tout cas ce que souhaite vivement Isabelle Nicolas : "Il faudrait un vrai accès prioritaire à la vaccination à la fois pour protéger les personnels, mais aussi pour éviter que les classes ne ferment".
Pour Emmanuel Holtz, à Amnéville, la municipalité se sent chanceuse, mais comprend la tension des enseignants : "Amnéville a été un centre de vaccination. On a réussi, sur les doses supplémentaires, à faire vacciner des personnels enseignants et des Atsem dans les écoles maternelles, sans prendre la place aux personnes prioritaires. Mais effectivement, je pense que le personnel enseignant est en première ligne et aurait pu naturellement faire partie des prioritaires de la vaccination".