Reprise des cinémas le 22 juin : Sans « blockbusters », les salles de Champagne-Ardenne rouvrent à l’aveugle 

Le Premier ministre l’a annoncé à la surprise générale : les cinémas rouvriront à partir du 22 Juin. Plus tôt que ne l’escomptaient les professionnels. Faute de grosses productions, le redémarrage sur grand écran s’annonce périlleux. Réactions en Champagne-Ardenne.

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Une reprise prévue un lundi, alors que le mercredi marque traditionnellement le début de semaine dans les salles. Et qui plus est le 22 juin, alors que le secteur se préparait à repartir début juillet… Pas de doute, l’annonce du Premier ministre ce jeudi 28 mai a désarçonné les professionnels du cinéma.
Tous se disent « très heureux » de la reprise, mais s’interrogent sur la fréquentation demain dans leurs salles. Le mois de juin est traditionnellement un mois calme, et la reprise devra se faire sans grosses locomotives. « Le James Bond qui devait sortir ce printemps est repoussé à novembre, idem pour Top Gun décalé à décembre. On va avoir une période de deux ou trois semaines compliquée », explique le Vosgien Thierry Tabaraud, président du syndicat des directeurs des cinémas de l’est, à la tête de plusieurs cinémas en Lorraine et Champagne-Ardenne, notamment à Saint-Dizier, Chaumont et Vitry-le-François.
 

« Tenet » et « Mulan » attendus fin juillet 

C’est tout le paradoxe de cette crise :  la reprise s’annonce plus périlleuse que le confinement. Pour les cinémas, le recours au chômage partiel restera possible jusqu’à la fin de l’été. Mais ceux qui reprendront leur activité dès juin sont condamnés à retrouver rapidement un équilibre économique. « Les blockbusters arrivent mi-juillet, il va falloir tenir jusque-là », confirme  Jérôme Quaretti, gérant du cinéma le « New Vox » à Langres en Haute-Marne. Le salut repose sur deux films : « Tenet » de Christopher Nolan et « Mulan » chez Disney prévus dans la seconde moitié de juillet. «Nous vivons au rythme des sorties des films américains. Tenet et Mulan doivent relancer la saison », confirme Philippe Gasmi, le directeur du multiplexe Gaumont de Thillois, un mastodonte de 13 salles dans l’agglomération rémoise. 
En attendant, il va falloir capitaliser sur l’existant, « cela va être l’occasion pour le public de voir les films qu’il a loupés avec le confinement. « De Gaulle » (avec Lambert Wilson, ndlr)  était par exemple en pleine ascension avant la crise, nous allons continuer de le proposer », explique le directeur. 
 

Des nouveautés françaises bienvenues

Côté nouveauté, il faudra s’appuyer sur la production française. « Alors que les cinémas sont tributaires des sorties mondiales, nous pouvons aussi compter en France sur une production nationale, et ce n’est pas neutre ! Il faut simplement un délai de quatre semaines pour que la promotion puisse se faire, c’est une chance à saisir », insiste Thierry Tabaraud, qui compte notamment rouvrir ses salles avec « Filles de Joie », où Sara Forestier apparaît à l’écran. D’autres sorties devraient être annoncées pour le 22 juin, espère-t-il. 


« La distanciation, facile ! » 

Pour que les films soient vus, il faut d’abord que le public revienne avec sérénité dans les salles. Rassurer sur les mesures sanitaires, c’est la priorité de la profession. Personnel masqué, gel, plexiglas, et un mètre au moins de distanciation… la clé du succès pour les semaines à venir. Le Gaumont de Thillois avait déjà pris des mesures avant le confinement, là encore il ne va ouvrir « qu’un rang de siège sur deux, et éviter les passages dans le hall d’entrée après la séance » pour éviter les croisements. Plus de la moitié des billets du multiplexe sont déjà vendus par internet, le mouvement sera encore encouragé pour limiter l’attente aux caisses. 

A Langres, tous les rangs seront ouverts, mais l'espace entre chaque spectateur -ou plutôt groupe de spectateurs- sera porté à deux fauteuils, "je vais ainsi passer de 350 à 115 places mais cela va rassurer les gens », explique Jerôme Quaretti. Des désinfections seront de mise aussi après les séances. Les mesures de sécurité précises réclamées par les autorités seront connues la semaine prochaine, mais le sujet inquiète finalement peu : « La distanciation ce sera facile, nous ne sommes pas dans le cas des restaurants ! Le taux d’occupation moyen des cinéma en France est inférieur à 20%, il y a de la place. A Chaumont et Saint-Dizier, j’ai des salles de 400 places, si je les remplis avec 200 spectateurs je serai heureux !», résume Thierry Tabaraud. Comme dans les autres commerces, les masques seront recommandés aux clients mais pas obligatoires, précise-t-il. 


Inquiétude pour les salles privées 

Reste que l’épisode pourrait laisser des traces au niveau économique. « Oui, je suis inquiet. Il y a une multitude de cas particuliers, mais la crise va fragiliser des salles privées, certains loyers sont très élevés », insiste Thierry Tabaraud. 
Du côté de Gaumont et de ses 70 cinémas en France, on rappelle qu’une large surface financière veut aussi dire des pertes en conséquence.  A Thillois, « au moins 200 000 entrées » ont été perdues durant la crise, soit 25 % du chiffre d’affaires annuel. Avec son cinéma langrois et ses quatre autres structures en France,  Jérome Quaretti dit jouer « sa survie », «  si ça ne repart pas d’ici un an, peut-être faudra-t-il tout revendre». Pour l’Instant, un « PGE », prêt garanti par l’Etat, lui a donné un peu de temps. Idem pour Thierry Tabaraud.  


La fête du cinéma en octobre ? 

Alors, comment repartir ? En tablant sur l’amour du cinéma pardi ! « Le goût du cinéma n’a pas disparu ;  les abonnements à Netflix le montrent, c’est complémentaire. Et les gens en ont sans doute assez de leurs trois mois devant la télé. Ils veulent un grand écran » , veut croire Thierry Gasmi. 
Pour Jérôme Quaretti, le salut passe par la fête du cinéma proposant comme tous les ans des billets à moitié prix. Pas de chance, elle ne se tiendra pas cette année en juin… « Il est trop tard  pour l’organiser. Nous tablons sur octobre », confie Thierry Tabaraud. Alors, le « New Vox » organisera sa propre fête avec des promotions dès l’ouverture du cinéma, le 26 juin.  
Surtout, un espoir est partagé par tous : une fin d’année « tonitruante ». Le report des fameux « blockbusters » à l’automne et le sevrage des cinéphiles durant plusieurs mois devraient y contribuer. 

 
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