Jérôme Zindy, avec ses "aventuriers", a réalisé une boucle de 1.400 kilomètres autour de Strasbourg (Bas-Rhin). Il s'est limité à des lieux situés à moins de 100 kilomètres de la capitale de l'Europe, et a utilisé un vélo électrique à énergie solaire... même s'il a plu les deux tiers de l'escapade.
Avec 28 jours de pédalage, quasiment 1.400 kilomètres parcourus, et 20 étapes bouclées, Jérôme Zindy a un sacré récit de voyage à livrer. On peut le retrouver sur son site Internet, richement commenté et illustré.
C'est en vélo électrique que Jérôme Zindy (assisté de son équipe) a avalé tous ces kilomètres. Un vélo qui se recharge grâce à un panneau solaire (même quand il pleut - et ce fut le cas), et à la force des mollets du cycliste. Le but de ce projet, qui a commencé le 26 avril : voyager plus vert, et faire de belles rencontres. Mission accomplie le dimanche 23 mai.
Après un tour de chauffe en Provence, c'est autour de Strasbourg (Bas-Rhin) que le Mulhousien d'origine a visité la multitude de lieux situés à moins de 100 kilomètres de l'agglomération (voir le parcours sur la carte ci-dessous). Ce VRP du voyage local a répondu aux questions de France 3 Alsace. Petite confidence pour commencer : il a un peu débordé des 100 kilomètres en allant dans le Sundgau...
Comment ça s'est passé ?
"Plutôt bien, malgré la météo absolument... capricieuse. On a eu du mauvais temps pendant les deux-tiers du parcours, parfois des journées entières sous la pluie. Mais l'objectif a été rempli : voyager différemment autour de chez soi. On n'est pas obligé d'aller loin, en avion, avec une énorme empreinte carbone. Il n'y a pas eu une seule étape où je n'ai pas découvert quelque chose, j'ai pu m'intéresser aux gens du terroir."
Comment avez-vous fait sans soleil ?
"L'idée de départ, c'était de réaliser un voyage autonome en énergie. Il y avait un panneau solaire sur mon vélo : ça marche aussi quand il y a des nuages, l'apport est juste moindre. Il y a aussi 50% de l'énergie récupérée en montée... Au final, le voyage a été autonome à 60% : on a branché le vélo électrique pour les 40% restants."
Que peut-on dire de votre vélo électrique ?
"C'est un moyen de déplacement qui consomme très peu : les 400 kilomètres pour lesquels il a fallu brancher ont coûté... neuf centimes d'euro. Le vélo est aussi léger, et adapté aux gens peu sportifs - comme moi - qui veulent changer leurs habitudes."
Quel est votre meilleur souvenir de cette aventure ?
"Je dirais l'accueil des Alsaciens et des Alsaciennes. De la petite dame qui sourit à sa fenêtre, au boulanger qui nous sert des croissants... C'était comme ça à chaque fois : c'est ça, la force d'un voyage."
"J'ai aussi été marqué par la pluie diluvienne qui est tombée pendant qu'on pédalait sur le Champ du feu. Je n'aurais jamais fait ça en temps normal. Mais les difficultés font aussi partie des moments forts d'un voyage."
Et quelle est votre meilleure rencontre ?
"C'est dur de répondre... Car je retiens que le vélo change le rapport aux gens. Toutes ? Je peux citer Line Schurrer. Elle a changé de vie en devenant maraîchère sur sol vivant. Elle a banni les produits chimiques de son exploitation. Elle expérimente, elle apprend de ses erreurs..."
"Et elle est profondément impliquée. Si une bestiole commence à lui manger une salade... elle la laisse faire car c'est la nature. C'est une mère de famille - elle a un enfant - très courageuse, qui jongle pour s'en sortir depuis quatre ans. Elle m'a appris des choses : par exemple, planter des radis avec des pommes de terre créé une symbiose : l'une des plantes protège l'autre."
Et le plus beau paysage, c'était lequel ?
"Celui qui m'a beaucoup, beaucoup plu, c'est la vallée de la Mossig, vers Wangenbourg. Il y avait des forêts absolument magnifiques, des arbres immenses, que je ne m'attendais pas à voir ici."
"Le massif du Schneeberg m'a donné l'impression d'être dans un autre pays. Alors que ce n'est qu'à 50 kilomètres de Strasbourg... J'ai passé vingt ans dans la région, et pourtant, je ne connaissais pas."
Niveau nourriture, votre meilleur plat ?...
"Plusieurs, là aussi. Mais dans un gîte près de Strasbourg, on nous a recommandé un traiteur qui nous a servi un immense baeckeoffe, et délicieux. On voyait que ce n'était pas un plat fait en cinq minutes..."
"Je voudrais aussi citer le chef étoilé Alexis Albrecht. Pour garnir ses plats, il part au bord du Rhin cueillir ses légumes, ses plantes sauvages... Et il en ramasse plein, du plantain par exemple, et plein d'autres choses que je ne connais pas."
Quel est le bilan de ce voyage ?
"Ça a été formateur. Oui, il y a eu la météo difficile, c'était parfois dur, mais ces moments-là apprennent à nous adapter. Le premier jour, c'était horrible de pédaler sous la pluie; le dernier, ça allait... C'est un message en faveur des mobilités douces. Ça fait réfléchir sur ce qu'on peut changer pour réduire notre empreinte carbone. On ne peut pas forcément se passer de voiture pour aller au travail, mais voyager comme je l'ai fait, ça peut peser."
Quelle sera votre prochaine destination ?
"J'y réfléchis, ça prend beaucoup de temps à préparer. Pour le moment, je vais prendre un peu de repos..."