Suspecté d’avoir volé un talkie-walkie à un CRS, un journaliste strasbourgeois est sous contrôle judiciaire

Interpellé dans la « jungle » de Calais le 26 octobre, le Strasbourgeois Gaspard Glanz est poursuivi pour « vol simple » et « injure publique ». Le rédacteur en chef de Taranis News doit désormais pointer chaque semaine au commissariat de Strasbourg et a interdiction de séjour à Calais.

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Fait rare : Gaspard Glanz a passé le week-end en famille en Alsace. Placé sous contrôle judiciaire, le journaliste originaire de Strasbourg a désormais l’obligation de se rendre chaque semaine au commissariat.

Rédacteur en chef de l’agence de presse Taranis News, il a été interpellé le 26 octobre dernier au matin. Il s’apprêtait à tourner seul un reportage dans la « jungle » de Calais, en plein démantèlement, prenant la relève de ses collègues.

Aussitôt, le jeune journaliste de 29 ans tweete « gav », comprendre garde à vue où il sera entendu 33 heures, à l’issue de laquelle il est doublement inquiété.


Gaspard Glanz est placé sous contrôle judiciaire et est interdit de séjour à Calais « jusqu’à la fin de l’état d’urgence ».

Il sera jugé le 16 janvier 2017 par le Tribunal de grande Instance de Rennes pour « injure publique sur douze fonctionnaires de police » sur Facebook (où il a posté une photo de policiers accompagnée du slogan nazi « Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer ») et le 2 mars par le tribunal de Boulogne-sur-Mer pour le vol présumé d’un talkie-walkie de CRS dans le camp de migrants.

 

« Vous savez ça vient d’en haut. De tout en haut. »


Le 28 octobre, Gaspard Glanz publie un long article sur son site dans lequel il dénonce les poursuites judiciaires à son encontre. Placé trois fois en garde à vue en un an, il évoque cette fois-ci une incohérence dans les chefs d’accusation. « Si j'avais eu une carte de presse, ça ne serait pas arrivé. »

« Il y a un problème textuel dans votre fiche de Garde à Vue, je vais devoir y mettre fin… » et le policier fait un petit silence. Sur le moment je me dis : « Woh putain le miracle, je vais sortir ! » avant de déchanter quand il ajoute : « … pour faire une nouvelle fiche de garde à vue à compter de maintenant »


« Vous savez ça vient d’en haut. De tout en haut », lui aurait indiqué un policier à Calais. « Ils étaient prêts avant que j’arrive, ils avaient ma photo à la main », explique-t-il à France 3 Alsace.

Sur les faits qui lui sont reprochés, Gaspard Glanz affirme avoir laissé sur place le talkie-walkie tombé de la poche d’un CRS.

A propos de la photographie des policiers publiée sur Facebook, il se justifie et invoque un parallèle historique : « Je suis strasbourgeois, on en a bouffé de l’histoire du parti nazi, je sais de quoi je parle. »

Une couverture des mouvements sociaux


Le Strasbourgeois Gaspard Glanz a fondé Taranis News en 2011. L’agence de presse couvre principalement les mouvements sociaux pour lesquels il existe « un déficit d’informations » mais, « qui font partie de la démocratie ». Un thème de prédilection pour ce jeune homme de 29 ans, ancien étudiant en sciences humaines et sociales, à Rennes, puis en sociologie criminelle, à Strasbourg.

Neuf personnes participent à ce site d’informations entièrement gratuit et sans publicité, au slogan « Liberté Égalité FullHD ». Le site revendique 10 millions de vues pour ses vidéos depuis le début de l’année qu’il vend à « toutes les chaînes françaises », à la BBC anglaise mais aussi à des médias russes.

Une campagne de financement participatif a été lancée en juin après une année intense : la couverture pendant 6 mois des manifestations contre la loi travail, la « jungle » de Calais et, dernièrement, les rassemblements policiers.

S’il évoque volontiers et avec ironie son action lors du mouvement contre la première embauche au cours de ses années lycéennes, Gaspard Glanz balaye d’un revers de main les accusations de militantisme.

Les vidéos du site ne contiennent ni commentaire, ni voix off, une garantie de neutralité selon son fondateur. « Dernièrement, on a couvert les manifestations des policiers. Si l’on était militant, on n’y serait pas allé », continue-t-il.

Le fondateur de Taranis News déplore désormais une incapacité d’exercer son métier. Le contrôle judiciaire l’oblige à financer des allers-retours hebdomadaires à Strasbourg.

« Jusqu’à maintenant, on était blessé. Ils ont vu que ça ne marchait pas alors ils nous arrêtent. On est passé de la cicatrice à la prison (…) on passe du ridicule au flippant. »

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