Comme toutes les communes de France, ce village de Meurthe-et-Moselle a célébré l'Armistice de 1918 avec la ferveur du centenaire. Professeur d'histoire à la retraite, le maire Jean-Pierre Couteau a tenu à relier la commémoration nationale et la mémoire locale.
Après les combats de 1914, le front s'est stabilisé à une quarantaine de kilomètres de Villey-Saint-Etienne. Assez loin pour se sentir en relative sécurité : les forts de Villey et la place de Toul dissuadaient toute offensive ennemie dans le secteur. Mais assez près pour entendre, au loin, le fracas des canons.
Ce dimanche 11 novembre 2018, c'est le son des cloches qui a fait sortir les habitants dans la rue. Car à Villey, la Grande Guerre n'est pas un passé abstrait. Le patrimoine militaire en excellent état est animé par un groupe de passionnés. Le maire lui-même, longtemps prof d'histoire, a collecté les souvenirs des enfants du pays. A commencer par le journal de guerre de son prédécesseur, Paul Paris, artilleur en 14/18 puis premier magistrat de 1925 à 1929. Dans les années trente, le curé de la commune a également consigné dans un livre la mémoire de ces années de guerre au village.
C'est en grande tenue de poilus - et même de soldat prussien pour l'un d'entre eux - qu'un bataillon a emmené la population de l'église au monument aux morts. Villey-Saint-Etienne a perdu 34 jeunes gens dans la tourmente. Le maire a tenu à évoquer le sort de chacun d'entre eux. Le plus jeune avait 18 ans. Ils sont tombés d'août 14 à novembre 18, de Calais à Mulhouse. Contribution terriblement ordinaire d'un village ordinaire.