Le vol avait choqué les viticulteurs : 1.000 pieds de jeunes plants avaient été déplantés mi-mai chez cinq propriétaires différents du secteur de Kaysersberg. Le voleur serait un viticulteur des environs, il s'est présenté à la gendarmerie et a avoué le larcin.
Des jeunes plants de vignes de 10 cm de haut qui commencent à bourgeonner, trois semaines après leur plantation. Voilà ce qui a disparu des parcelles du domaine Schmitt et Carrer la semaine dernière. Anne-Cécile Hattermann n'en revient toujours pas. "C'est choquant et incompréhensible. On ne s'attend pas à ça d'un confrère, surtout sans explication", raconte la viticultrice.
En début de semaine, un viticulteur du même secteur s'est présenté à la gendarmerie de Kaysersberg, il a été auditionné et a avoué le vol de 1.000 plants de vignes. La moitié sur des parcelles situées sur les communes de Siegolsheim et Ammerschwihr. "499 plants exactement", précise la viticultrice du domaine Schmitt et Carrer. Les autres plants volés viennent de parcelles situées à Bennwihr, Kaysersberg et au Kaefferkopf (Ammerschwihr) qui appartiennent à quatre autres viticulteurs.
Geste encore incompris
L'homme n'a pas pu expliquer son geste. Les enquêteurs l'ont entendu brièvement mardi matin, alors qu'il s'est présenté spontanément à la compagnie de gendarmerie de Kaysersberg-Vignoble. Le travail d'investigation est encore en cours, pour déterminer le nombre de plants volés, les lieux des larcins et de replantages, le nombre de victimes. "Ensuite il faudra identifier les préjudices subis par les victimes", explique la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, "le coût des plants, le temps de travail pour les viticulteurs, les pertes de récoltes, toutes les conséquences du vol doivent être précisées avant de pouvoir procéder à une deuxième audition de l'auteur et de déterminer les suites judiciaires à donner à cette affaire".
Il aurait ensuite replanté ces plants sur ses propres parcelles, "ça a dû lui prendre plusieurs nuits", observe Anne-Cécile Hattermann. Les enquêteurs se sont rendus sur ses parcelles, avec des viticulteurs concernés, pour reconnaître les plants. Entre temps, certaines jeunes plants avaient été arrachés et détruits.
La jeune viticultrice a très vite reconnu ses jeunes plants. "Le porte-greffe que nous avons pris cette année est très spécifique, il donne des pieds de vigne plus gros que la normale. Et puis nous avions acheté nos plants à deux pépiniéristes différents, qui utilisent des paraffines de deux couleurs différentes. On a tout de suite pu identifier les nôtres", explique-t-elle.
800 à 1.000 bouteilles en moins l'an prochain
"C'est perdu définitivement pour nous, on ne pourra pas encore déplanter et replanter ceux qui restent. Pour nous, c'est un manque à gagner sur la récolte de l'an prochain. Ce sont 800 à 1.000 bouteilles de Riesling que nous n'aurons pas l'an prochain. Sur les 38 ares de jeunes plants, 10 ares nous ont été volés." La viticultrice a porté plainte, mais elle ne veut pas en faire trop non plus. "Pour moi, il a tout perdu, sa réputation est déjà faite, pas besoin d'en rajouter". Elle veut pouvoir être indemnisée à la hauteur de son préjudice matériel et du manque à gagner pour la prochaine récolte, pas plus pas moins.
Moralement, ce sera plus dur de tourner la page pour Anne-Cécile Hattermann. "On va planter chaque année avec la crainte de voir disparaître des plants. Du moment où ils arrivent en terre, jusqu'aux premiers bourgeons, il faudrait sinon camper pendant trois semaines devant nos vignes toutes les nuits. C'est impossible..." La viticultrice veut aller de l'avant. "Pour l'instant, savoir si on replante cette année ou pas, c'est la grande question. Il faudrait que la météo s'améliore vite. Sinon on le fera l'an prochain."