À bout, ce médecin urgentiste démissionne : "la machine qu'est devenu aujourd'hui l'hôpital, broie les médecins"

Les urgences des hôpitaux de Remiremont et d'Épinal sont en grève illimitée depuis lundi 16 octobre 2023. Les agents hospitaliers dénoncent des conditions de travail dégradées. Robin Scubla, médecin urgentiste depuis quatre ans, explique les raisons de sa démission.

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Les urgences des hôpitaux de Remiremont et d'Épinal (Vosges) sont en grève illimitée depuis lundi 16 octobre 2023. Les agents hospitaliers dénoncent des conditions de travail dégradées. Robin Scubla, médecin urgentiste depuis quatre ans dans l'établissement spinalien, vient de poser sa lettre de démission : "je sors de ma garde de nuit qui a duré quatorze heures, il y a quatre patients dans le service qui attendent depuis 48 heures. C'est quotidien".

Présent dans sa blouse blanche déboutonnée, avec le piquet de grève, devant l'hôpital Émile Durkheim, il explique pourquoi la prise en charge défaillante des patients a fini par avoir raison de son engagement :"on pallie tous les problèmes au service des urgences, même quand il n'y a pas d'urgence. Souvent de façon déshumanisée, car on n'a pas le choix, il faut toujours aller vite".

Robin Scubla reconnaît aller bien, sous-entendu, pour le moment. Il affirme que d'autres collègues sont en souffrance, et qu'il parle pour eux.

J'adore ce que je fais, mais je ne veux pas le faire dans ces conditions-là. La machine qu'est devenu l'hôpital, broie les médecins et tout le personnel hospitalier.

Robin Scubla, médecin urgentiste démissionnaire.

Des solutions pour sortir de cette situation délétère ? Robin Scubla est conscient que les problèmes ne se résoudront pas d'un coup de baguette magique. Il estime cependant qu'il existe des marges de manœuvre même si elles sont réduites : "je crois qu'il faut un effort collectif qui, à mon sens, n'est pas mis en place. C'est ce que je ressens aujourd'hui".

Dominique Cheveau, dirige les six centres hospitaliers d'Épinal, de Remiremont, du VDM, du Thillot, de l'Ouest Vosgien et de Lamarche. Les difficultés auxquelles sont confrontés les six sites vosgiens sont identiques à celles rencontrées par tous les établissements publics de France : "nous subissons la pénurie de médecins, en particulier en pédiatrie, anesthésie et gynécologie-obstétrique". 

Les grévistes demandent la mobilisation de la réserve médicale ?"Elle a été demandée sur Remiremont qui est en plus grande difficulté. Nous ferons la demande pour Épinal, mais c'est une compétence de l'État, de l'ARS et il y a peu de chance que cela aboutisse", explique Dominique Cheveau. 

Dominique Cheveau regrette aussi la mauvaise publicité faite ces derniers temps sur les dysfonctionnements du secteur hospitalier des Vosges. Il craint qu'elle n'agisse comme un repoussoir pour les médecins qui seraient tentés de venir exercer dans le département.

Il est évident que nous sommes en difficulté, mais communiquer de manière négative en permanence n'attirera pas les professionnels

Dominique Cheveau, Directeur des six sites hospitaliers des Vosges

La direction affirme déjà travailler au rapprochement des six établissements afin d'avoir une réflexion territoriale globale. Elle estime indispensable que les établissements hospitaliers soient solidaires les uns par rapport aux autres.

Elle dévoilera prochainement les projets qu'elle entend mettre en œuvre pour restaurer l'image dégradée des hôpitaux publics vosgiens et surtout recruter les médecins qui aujourd'hui font cruellement défaut. Rien qu'aux urgences, il n'y a que trente-huit médecins alors qu'il en faudrait soixante et onze.

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