Le tribunal de commerce d’Orléans devait statuer ce mardi 22 septembre 2020 sur le rachat d’INTEVA Products France qui compte trois sites de production. Il confirme que le plan de reprise ne prévoit pas de conserver le site vosgien. Un gros coup dur pour les salariés. Jugement le 2 octobre.
Il y avait peu de chance que les salariés d'Inteva du site de Saint Dié dans les Vosges fassent partie du plan de reprise par leur actionnaire. Seuls deux repreneurs étaient en lice pour le rachat des trois usines d'Inteva Products France, équimentier automobile, filiale d'un grand groupe américain. Ce dernier ayant le dossier le plus solide.
En manifestant devant le tribunal de commerce ce mardi 22 septembre, ils espéraient sans doute une meilleure nouvelle. Ils dénoncent l'utilisation par leur actionnaire de la loi du 20 mai qui a permis à la filiale Inteva France d'effacer ses dettes et de racheter une partie de ses propres activités..les plus rentables.
"C’est clairement un plan de délocalisation organisé", dénoncent les syndicats. Olivier Praia, de l’UD-CGT trouve "cette façon de faire scandaleuse".
Après avoir déposé le bilan et mis sa filiale INTEVA Product France en redressement judiciaire le 9 juin dernier, l’actionnaire principal du groupe Américain, proposait ce mardi 22 septembre 2020, aux juges du tribunal de commerce d’Orléans, de reprendre deux des trois sites français. Les vosgiens sont tout bonnement exclus de ce plan de reprise.
La COVID-19, une excuse pour délocaliser ?
Pourtant, les 241 salariés d’INTEVA dans les Vosges n’ont pas démérité. Ces dernières années ils ont donné un ‘bon coup de collier’ pour équilibrer les comptes, et le site était "redevenu rentable" , selon les syndicats et le maire de la ville David Valence qui s’est battu à leurs côtés.L’entreprise qui affichait enfin un résultat positif en 2019 ( + 4M euros), a préféré profiter de la dernière ordonnance Macron passé le 20 mai 2020, pour effacer sa dette de 170 millions d’euros. Le plan social, lui ne sera pas assuré par l‘entreprise, mais par l’AGS un fonds de solidarité interentreprises mis en place pour soutenir notamment les entreprises en difficulté et leurs salariés impactés par la crise Covid-19.Je trouve cela très cynique de la part de ces grands groupes financiers qui ont les moyens financiers et juridiques, de profiter des situations en accusant la COVID-19 pour se délester de ce qui n’est pas suffisamment rentable
Les patrons de l'équipementier Inteva Products veulent reprendre leur entreprise en redressement judiciaire, mais sans les 241 salariés de l'usine de Saint-Dié-des-Vosges
— CGT OBS - matricule n°5875 (@cgt_obs) September 20, 2020
Merci #COVID19 et merci #Macron, président des patrons ! https://t.co/jImvdqEdpD
Des indemnités réduites
Pour les salariés, cela signifie qu’ils toucheront l‘indemnité minimum légale, en fonction de leur ancienneté, pas plus. L’entreprise n’aura pas à leur verser les indemnités supra-légales dues aux deux précédents plans sociaux. C’est la douche froide !Le personnel est d’autant plus déçu que l’entreprise a investi dans une usine en Roumanie qui entre en concurrence avec la production vosgienne. Elle produit elle aussi des serrures de voitures pour Peugeot.
Les deux autres sites à Sully sur Loire (Loiret, siège du groupe) et à Essson (Calvados) qui produisent des lèves vitres pour Tesla notamment, seraient conservés, si le plan de relance présenté ce jour au tribunal de commerce d’Orléans.
"L’ennui, c’est qu’il n’y aurait pas d’autre repreneur solvable" selon des sources syndicales. Un seul investisseur privé s’est présenté.
Quel avenir ?
Reste la solution de trouver un repreneur pour le site de Saint Dié. Il a été demandé à Peugeot de s’engager sur un volume de production, afin de maintenir le site vosgien et ses emplois. Mais Le groupe PSA n’a pas confirmé.Les salariés d’INTEVA Vosges se sentent abandonnés, à l’instar de leurs collègues d’infortune de l’usine Smart à Hambach dont le propriétaire Mercedès Benz, souhaite aussi se séparer.
Les pouvoirs publics se sont mobilisés pour faire pression sur le gouvernement, et sur Peugeot, pour conserver les emplois, mais en vain. La Région a déjà annoncé qu’elle accompagnerait tous les salariés qui le souhaiteront vers une reconversion.A Inteva, 80 % des effectifs sont des femmes de plus de 47 ans, et il n’y a pas beaucoup de perspectives d’emploi dans la région.
Pour le maire de Saint Dié, David Valence, la pilule est difficile à avaler. Il a œuvré depuis des années pour faire baisser le taux de chômage qui est passé de 16 % en 2013 à 10.7 % en février. Mais si Inteva ferme, il pourrait bien remonter. L’équimentier automobile est le 9e employeur du bassin déodatien.