Paris 2024 : qualifié en para canoë et amputé d'une jambe, "le sport est devenu ma thérapie"

Cinq ans après avoir découvert le para canoë, Abel Aber vient d'être sélectionné pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. Amputé de la jambe droite à l'âge de 17 ans, le Spinalien a fait du sport "son médicament". Son nouveau défi : briller à Paris cet été.

Abel Aber est un homme de défi et il vient d'en réussir un, presque aussi impressionnant que la taille de ses biceps. En mai, le colosse Spinalien a décroché son ticket pour les Jeux paralympiques en para canoë. Une discipline qu'il ne pratique pourtant que depuis 2019.

"Pour moi cette qualification, ce n'est qu'une étape, rien n'est fait ! tempère le Vosgien de 38 ans. Je reste un éternel insatisfait, c'est ce qui me permet d'aller chercher toujours plus haut et de repousser mes limites".

Amputé de la jambe droite suite à un accident de scooter à l'âge de 17 ans, Abel Aber s'est très vite réfugié dans le sport. D'abord la musculation, puis la boxe, anglaise et thaïlandaise. Mais pas question de montrer son handicap ou de chercher un traitement de faveur. À l'entraînement, il a longtemps caché sa prothèse sous un survêtement pour rivaliser avec les valides.

"Je n'ai jamais accepté l'idée d'être assisté. J'ai toujours voulu me prouver à moi-même et prouver aux autres, que j'étais capable de faire les choses, sans me limiter, raconte-t-il. Après mon amputation, le sport a été mon médicament, ma thérapie pour me reconstruire moralement et socialement".

Combats de boxe contre des valides

À force de rigueur, d'efforts et de persévérance, Abel Aber est parvenu à retrouver une mobilité impressionnante, aussi bien pour se déplacer que pour sauter à la corde (vidéo ci-dessous). Grâce à une prothèse très perfectionnée, il a pu monter sur le ring à plusieurs reprises pour des combats officiels face à des valides.

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Abel Aber impressionne lors de ses séances de saut à la corde. ©France 3 Lorraine

Il y a cinq ans, les capacités physiques du roc vosgien ont tapé dans l'œil de la Fédération française de canoë-kayak lors d'une campagne de détection destinée à étoffer l'équipe de France paralympique en vue des Jeux de Paris. Alors qu'il n'était jamais monté sur une pirogue, Abel a rapidement montré de belles aptitudes sur l'épreuve du 200 mètres en ligne.

On peut aller très loin dans la douleur et j'aime ça!

Abel Aber

"Le para canoë est une discipline très explosive, très dynamique, avec de beaux athlètes  complets et polyvalents, ça m'a très vite parlé, car en termes de préparation physique, je retrouvais sensiblement ce que je faisais en boxe, explique le Vosgien. On peut aller loin dans la douleur à l'entraînement comme en course et j'aime ça!"

Après avoir pris une licence au GESN, le club de canoë-kayak d'Epinal, Abel Aber va très vite briller sur la scène nationale, puis internationale : aux championnats du monde en 2022, il décroche une magnifique cinquième place en finale et s'impose comme un prétendant à la qualification aux Jeux paralympiques.

Pour mettre toutes les chances de son côté, il obtient d'être détaché de son emploi de médiateur social par la Ville d'Epinal. Il alterne de longues sessions d'entraînement seul dans les Vosges et les stages avec l'équipe de France. Son hygiène de vie est parfaite et ses efforts vont payer.

Le 5 mai dernier, lors des mondiaux à Szeged en Hongrie, il termine deuxième de la finale B, en réalisant le deuxième chrono de sa catégorie VL3 (47"78) et décroche un quota olympique pour la France. Quelques jours plus tard, il est officiellement sélectionné en équipe de France.

Vers une première médaille internationale avant les Jeux ? 

"J'ai aimé cette course car j'ai réussi à être dans l'instant présent. J'ai réalisé la prestation que j'avais imaginée en explosant mon record personnel, détaille le Lorrain. J'ai accompli un beau défi, mais il faut garder les pieds sur terre et ne pas se relâcher en vue des Jeux. Je vais continuer à travailler dur ces prochaines semaines, sans me mettre trop de pression par rapport à cet évènement".

Avant de se projeter sur les épreuves paralympiques, qui auront lieu à la base nautique de Vair-sur-Marne (6-8 septembre), Abel Aber est bien décidé à briller lors des championnats d'Europe à partir du 12 juin. Son nouveau challenge : remporter en Hongrie sa première médaille internationale. Histoire de faire le plein de confiance, en vue des Jeux de Paris.

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