À l’intérieur du "colis", du cannabis, des mini-téléphones, des cartes SIM et des cigarettes, entre autres. La police nationale des Vosges a annoncé avoir intercepté une nouvelle livraison par drone, destinée à des détenus de la maison d'arrêt d'Épinal, lundi 11 novembre. Une pratique de plus en plus fréquente et difficile à endiguer.
Les livraisons par engins volants commandés à distance, à destination des prisonniers, se multiplient. La police nationale des Vosges a annoncé avoir intercepté une nouvelle livraison par drone, le 11 novembre 2024 dans la nuit, destinée à des détenus de la maison d'arrêt d'Épinal. Une goutte d'eau dans l'océan, tant le phénomène tend à se développer.
"C'est un véritable fléau"
Dans la nuit du 11 novembre 2024, deux véhicules suspects sont repérés par les policiers du commissariat d'Épinal (Vosges). Un homme, télécommande en main, pilote un drone transportant un sac plastique, tandis qu’un second attend dans l’un des véhicules. Dans le sac, les forces de l’ordre découvrent du cannabis, des mini-téléphones, des cartes SIM, des cigarettes et un grinder (petit hachoir souvent détourné pour déchiqueter du cannabis). Les deux individus sont interpellés et placés en garde à vue.
Ces techniques de livraisons par drone aux détenus sont de plus en plus fréquentes
Alain Meltz, commandant de police à Épinal
Exit la technique, plus classique, du "lancer de colis", désormais les réseaux opèrent par drone. "Ces techniques de livraisons par drone aux détenus sont de plus en plus fréquentes, c’est devenu un sport national. À Épinal, nous avons au moins deux alertes par semaine. On trouve des armes blanches, comme des couteaux, mais aussi des stupéfiants, des téléphones. La maison d’arrêt d’Épinal bénéficie depuis quelques mois d’un dispositif mobile de brouillage, qui permet de contenir le problème", rapporte Alain Meltz, commandant de police à Épinal.
On a du matériel de brouillage qui fonctionne mais qui se retrouve très vite obsolète
Jean-Claude Roussy, secrétaire général de l’union régionale Ufap-Unsa Justice Grand Est
Les technologies évoluant sans cesse, les établissements pénitentiaires se retrouvent souvent dépassés. "Nous essayons d’endiguer le trafic du mieux que nous pouvons mais c’est un véritable fléau. On a du matériel de brouillage qui fonctionne mais qui se retrouve très vite obsolète. Il faut toujours se mettre à niveau, ce qui est efficace aujourd’hui ne le sera plus demain. Les dispositifs de brouillage sont très chers, ils coûtent des centaines de milliers d'euros et les mises à jour nécessaires, des dizaines de milliers d’euros. Aujourd’hui, avec les contraintes budgétaires, c’est très difficile", insiste Jean-Claude Roussy, secrétaire général de l’union régionale Ufap-Unsa Justice Grand Est.
"Un détenu sur deux a un téléphone en prison"
Dans le Grand Est, comme partout en France, des réseaux de délinquants envoient aux détenus tous types de marchandises. "Malgré les dispositifs mis en œuvre, une bonne partie des colis arrive à destination. Je dirais qu’au moins un détenu sur deux a un téléphone en prison. Ils sont de plus en plus petits et difficiles à détecter. C’est une lutte permanente et nous n’avons pas les moyens de l’endiguer. Soit le législateur assouplit les règles sur la possession de téléphone, soit il faut de vrais moyens techniques et humains si c’est toujours interdit. Les prisons sont surpeuplées et nous manquons de budget pour lutter efficacement contre ce genre de pratiques", estime le représentant du personnel.
En ayant notamment accès aux stupéfiants, comme certaines drogues de synthèse, certains détenus se mettent en danger et deviennent complètement ingérables
Jean-Claude Roussy, secrétaire général de l’union régionale Ufap-Unsa Justice Grand Est
Une situation qui finit, fatalement, par causer du tort aux détenus eux-mêmes ou aux agents pénitentiaires. "En ayant notamment accès aux stupéfiants, comme certaines drogues de synthèse, certains détenus se mettent en danger et deviennent complètement ingérables, violents entre eux ou envers le personnel. En France, on dénombre 6000 agressions par an dans les centres pénitentiaires pour un effectif de 40.000 personnes. C’est énorme, les personnels ont une chance sur six de se faire agresser dans l’année", déplore Jean-Claude Roussy, secrétaire général de l’union régionale Ufap-Unsa Justice Grand Est.
Le Grand Est compte près de 6.000 détenus incarcérés dans 23 bâtiments de placement pénitentiaire dans le Grand Est.