À Épinal, dans les Vosges, l’expérimentation du versement du revenu de solidarité active en échange de quinze heures d’activité hebdomadaire a été lancée il y a un an. Le premier bilan est encourageant.
Depuis le printemps 2023, une réforme du RSA, versé sous condition de quinze heures d'activités hebdomadaires, est expérimentée dans dix-huit départements. Dans les Vosges, le bassin d’Épinal et ses 1100 bénéficiaires font ainsi partie de l’opération depuis un peu plus d’un an. Les différents concernés et acteurs locaux dressent un premier bilan encourageant.
On ne ressent pas le caractère obligatoire de cette expérimentation, car les personnes concernées savent quels en sont les bénéfices
Nathalie Antczak, la directrice de l'association Ami
À Épinal, l’association Ami emploie 150 salariés en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI), dans le but de leur permettre de réintégrer le monde du travail. La plupart étaient bénéficiaires du RSA avant d’intégrer ce chantier d’insertion et 11 d'entre eux font partie de la nouvelle expérimentation de "RSA sous conditions" lancée par France Travail (ex-Pôle emploi). "Le premier bilan est positif. On ne ressent pas le caractère obligatoire de cette expérimentation, car les personnes concernées savent quels en sont les bénéfices. Après avoir été très éloignées de l’emploi, elles retrouvent peu à peu des droits, une mutuelle, une insertion socioprofessionnelle, une dignité", explique Nathalie Antczak, la directrice d’Ami.
Nino, qui était bénéficiaire du RSA depuis octobre 2023, est l’une d’entre elles. À 44 ans, elle est reconnue travailleuse handicapée et travaille depuis quatre mois au sein de l’association Ami, 26 heures par semaine. Cette structure sans but lucratif effectue, entre autres, des activités de recyclerie et valorise des objets, comme du textile, du mobilier, de la décoration ou de l’électroménager, revendus à travers ses sept points de vente. Payée au Smic horaire (11,65 euros de l'heure bruts et 9,23 euros nets), Nino est chargée du tri des objets, dont elle estime le prix pour la revente en boutique. "Je suis très contente, c’est très important d’avoir un travail", insiste cette mère de famille d’origine géorgienne.
Maintenant, j'aimerais être autonome et trouver un emploi dans la vente ou la restauration
Nino, 44 ans, ex-bénéficiaire du RSA
Comme la grande majorité des travailleurs en insertion, le parcours de vie de Nino a été semé d'embûches. En 2017, elle était déjà passée par l’association Ami. Elle avait par la suite réussi à trouver un emploi, d’abord comme couturière pendant deux ans et comme employée d’un restaurant du Crous, pendant trois ans. Puis son mari est décédé et elle a "replongé" et arrêté de travailler. "J’ai dû m'occuper seule de mes deux enfants, c’était une période difficile. Maintenant, j'aimerais être autonome et trouver un emploi dans la vente ou la restauration", confie la quarantenaire, en contrat à durée déterminée d’insertion au sein de l’association Ami et bénévole à la Banque alimentaire.
Nathalie Antczak, la directrice de l’association Ami, dresse un premier constat positif de l’expérimentation de France Travail : "Les premiers retours sont encourageants. C’est souvent une belle découverte pour les personnes éloignées de l'emploi et les bénéficiaires du RSA, même s'ils ne seraient pas venus d'eux-mêmes. Ils redécouvrent le savoir-être, le fait de devoir se lever le matin, écouter des consignes, travailler en équipe. Cela aide à lever des freins qui entravaient l’embauche. Dans notre association, on s’approche des 50% de sorties positives, c'est-à-dire des personnes qui ont trouvé un emploi ou une formation professionnalisante".
Ici, avant, un bénéficiaire du RSA sur deux ne bénéficiait d’aucun accompagnement
Stéphane Viry, député de la 1ère circonscription des Vosges
Un avis que partage Stéphane Viry, député Divers droite fraîchement réélu dans la 1ère circonscription des Vosges. "Les résultats sont très positifs. Aujourd’hui, 1100 personnes ont retrouvé une perspective de réinsertion dans notre société, grâce à un accompagnement personnalisé. Nous avions candidaté pour être une zone expérimentale car ici, avant, un bénéficiaire du RSA sur deux ne bénéficiait d’aucun accompagnement. Il ne faut laisser personne au bord du chemin, on ne peut pas laisser une partie des gens être des non-citoyens, il faut les considérer. Il y a eu des réussites et des échecs, mais aujourd’hui 35% des allocataires du RSA du bassin d’Épinal sont en situation d’emploi durable (tous types de contrats de travail), c’est une vraie réussite", insiste le député.
Il n’est actuellement pas prévu qu’une personne percevant le RSA puisse perdre son allocation pour le non-respect des 15 à 20 heures d’activité. Le gouvernement a annoncé, en mars 2024, l'extension de l'expérimentation à 29 nouveaux territoires, dont celui de Rambervillers (Vosges), un secteur rural avec un taux important de bénéficiaires du RSA, depuis le début du mois de juillet. Le dispositif doit être généralisé à 2025, dans le cadre de la loi "Plein-emploi".