Appelée aussi la baie de Sibérie ou la baie de mai, la camerise avait été implantée dans les Vosges il y a 7 ans. En 2023, c’est la première vraie récolte qui se termine avec quatre tonnes de fruits ramassés.
Elle est originaire du Canada ou encore de Russie, mais la camerise se plaît bien dans les Vosges. Après plusieurs années d’essais, la petite baie vient d’être récoltée en grandes quantités. Quatre tonnes de petits fruits ramassés sur les trois dernières semaines de juin 2023. On vous explique tout sur cette petite baie qui pourrait bien devenir le nouvel emblème des Vosges aux côtés de la brimbelle (myrtille sauvage), ou bleuet.
Un fruit fragile
Elle ressemble à un bleuet à la forme ovale. La camerise est le premier fruit mûr dans la saison, avant le bleuet ou la myrtille sauvage. Mais surtout c’est une plante extrêmement rustique qui ne craint ni les gelées tardives, ni les étés chauds.
Ce matin-là, Olivier Georges et Lionel Ehrhart, producteurs associés dans la SCEA des mille fruits, se sont levés à l’aube. Le fruit est fragile, il se ramasse tôt le matin.
"Nous somme pépiniéristes, en production de jeunes plantes, et on s'est dit pourquoi ne pas planter cette baie qui est intéressante pour notre climat et nos sols vosgiens ", explique Olivier George de la pépinière de la Demoiselle à Remiremont.
Sur plusieurs parcelles, progressivement vingt hectares ont été implantés depuis 2017. A l’aide d’une machine utilisée pour le bleuet, les plantes sont secouées et soufflées, les fruits mûrs tombent, les autres peuvent continuer à mûrir.
"On fait figure de pionniers dans le domaine puis qu’il n’y avait pas véritablement de culture en France dédiéé à la camerise… C’est un atout fort quand on est sur un département qui a la vocation de produire de petites baies, d’avoir un panel large de manière à pouvoir offrir quelque chose de différent d’une saison à une autre", ajoute Lionel Ehrhart, producteur associé.
L’intérêt économique
Depuis des années, le Département des Vosges incite les producteurs à se diversifier. La camerise est très connue au Japon ou au Brésil. Les fruits sont surgelés et exportés à l’autre bout du monde car en France les débouchés sont relativement minces pour l’instant. Mais cette nouvelle opportunité économique ne déplait pas aux élus locaux.
" La bonne question qu'il faut se poser c'est comment on peut garder sur nos territoires les activités économiques comme la culture et la transformation de produits naturels. Il y a 40 ans c’était le bleuet, aujourd’hui c’est la camerise… Effectivement, Il faut qu’on s’adapte", Dominique Peduzzi, conseiller départemental (Vosges).
Les débouchés
En Lorraine, on trouve la camerise pressée en jus, dans les magasins des producteurs. La consommation de fruit frais est très courte, seulement quelques semaines en juin. On peut en commander directement chez les producteurs, comme pour ce boulanger pâtissier à Remiremont. Dans cette enseigne située au faubourd d’Epinal, le chef pâtissier et son équipe travaillent la camerise pour la première fois. Ils ont élaboré une tartelette à base de chocolat et compotée de camerise.
"C’est une belle découverte… C’est un fruit qui régule le sucre… On a travaillé avec un chocolat à 80%. Pour atténuer et mettre en avant le produit qui est légèrement acide, on a fait une petite crème brulée ", précise Georges Lalot, chef pâtissier à la boulangerie Matthieu Hocquaux à Remiremont.
Pour ces qualités nutritionnelles, cette petite baie est très riche en calcium et fer. Elle est aussi plus riche en vitamine C que l’orange. Des propriétés qui intéressent Nicolas Robacher directeur de recherche dans un laboratoire alsacien. Il a déjà élaboré des gammes de cosmétiques à partir de cette petite baie. Aujourd’hui, la création de compléments alimentaires est envisagée.
"Une fois la camerise transformée en jus, nous on récupère les résidus de pressage qui contiennent énormément de composés antioxydants… Ces molécules ont des propriétés en prévention de toutes les maladies métaboliques : le diabète, l’obésité, le surpoids. Elles sont intéressantes aussi pour les sportifs pour la mobilisation de la réserve énergétique et puis la camerise est excellente en goût", explique le scientifique.
Avec un goût entre le bleuet et la framboise, la camerise résiste aux gelé jusqu’à -8°C. Chez vous, elle peut être installée à l’automne.