Les sœurs hospitalières. Voilà un nom bien porté. Hospitalières, ces femmes l'ont été. Pendant 31 mois, Elles ont pris soin des enfants et des vieillards, dans une ville occupée par les Allemands.
Quand Noyon fut libérée en 1917, le général Nivelle remis à leur mère supérieure une Croix de Guerre raflée sur l'uniforme d'un de ses officiers. Récompense offerte après bien des épreuves. La faim, le froid, la peur et les brimades.
Une de ces sœurs a tenu un journal. Elle raconte le quotidien sous la botte ennemie. Dès septembre 14, les réquisitions s'enchaînent. La cloche de la chapelle est kidnappée. Un simple crucifix est même confisqué. Les habitants mangent du pain noir, rationné. La viande est un vieux souvenir. Sauf quand les Allemands font la fine bouche. Les têtes de bœuf qu'ils n'ont pas mangé feront les délices des Français.
Le front est à trois kilomètres. Noyon est bombardée quotidiennement. Les sœurs soignent soldats et civils estropiés. L'occupant se fait plus dur. Les habitants filent en prison, pour ne pas avoir salué un officier. Les sœurs adressent des suppliques à Saint-Expédit, Saint Siméon et Saint Judes, patrons des causes pressées et désespérées. Les Allemands veulent déporter certaines d'entre elles. Les Saints ne les entendent pas. L'exode aura lieu.
Les Allemands se retirent en mars 1917. L'armée française est là. Les religieuses ne reconnaissent pas leurs libérateurs. Elles n'ont jamais vu l'uniforme bleu horizon. Soeur Saint Romuald est récompensée pour son courage. Mais le plus beau des cadeaux, c'est ce repas offert par leur Congrégation après deux années de famine. Un superbe jambon, un poulet, du beurre et du fromage.