20 maires des Hauts-de-France réclament 1 milliard d’euros à Emmanuel Macron pour les quartiers prioritaires

Les maires de Roubaix, Calais, Arras, Douai, Saint-Quentin, Marck, Béthune, Lilliers, Etaples, Téteghem, Maubeuge, Lens, Mons-en-Baroeul, Frevent, Hesdin, Marquion, Raimes, Montataire, Hem et Beauvais veulent qu'un milliard d’euros du plan de relance soit consacré aux quartiers populaires.

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Les maires de la région Hauts-de-France s’inquiètent. 20 d’entre eux, de tous les bords politiques, sont signataires d’une lettre, publiée le 14 novembre dans Le Monde, avec 90 autres édiles de France, censée alarmer le président de la République sur la situation des Français dans les quartiers populaires. La région, avec 199 QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville), est la deuxième qui en compte le plus après l’Ile-de-France. Logique donc de voir au bas de la lettre la signature de nombreux maires du territoire.

Le timing de celle-ci n’est pas innocent. Le 14 novembre 2017, Emmanuel Macron, avait fait le déplacement à Tourcoing pour appeler à "la mobilisation nationale pour les villes et les quartiers". A l’époque, le chef de l’Etat avait chargé Jean-Louis Borloo de proposer un plan pour les quartiers, plan qu’il n’avait finalement pas suivi. "Il apportait des solutions, mais Emmanuel Macron l'a balayé d'un revers de main", regrette aujourd’hui Jean-Pierre Bosino, maire (PCF) de Montataire.

"3 ans après son discours, le président de la République n’est pas au rendez-vous. Son discours avait suscité beaucoup d’espoirs, nous sommes aujourd’hui déçus. Avec cette lettre, nous souhaitons lui rappeler ses engagements", explique Arnaud Decagny, le maire (DVD) de Maubeuge.

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"L’ascenseur social est en panne, nous demandons à prendre les escaliers"  

Dans les quartiers populaires, les indicateurs sont dans le rouge : la demande d’aide alimentaire explose, à Roubaix, "l’équivalent d’une année d’aide alimentaire a été distribuée en 3 mois", expliquent-ils dans leur lettre. La demande de RSA suit la même tendance ; à Arras, elle a été multipliée par deux entre octobre 2019 et octobre 2020. Enfin, les inscriptions dans les associations culturelles et sportives ont largement diminué.

En effet, l’épidémie de Covid-19 a rendu encore plus difficile une situation qui l’était déjà. "Les habitants les plus touchés par le Covid sont ceux des quartiers populaires. Or à Maubeuge, entre 50 et 60% de la ville est placé en zone prioritaire", explique Arnaud Decagny. Les habitants de ces quartiers sont généralement très jeunes. "40% de l’intercommunalité a moins de 30 ans", a calculé Olivier Gacquerre, maire (UDI) de Béthune, qui ajoute le chiffre suivant : "50% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté".

L’Etat doit donner des perspectives à des jeunes qui n’ont pas eu de coup de pouce familial

Olivier Gacquerre, maire de Béthune

Le milliard demandé permettrait de financer des mesures d’urgence pour les jeunes. "Il faut aider les jeunes à démarrer, les aider à retourner en formation, ceux qui sont complètement perdus, qui ne sont ni à l'école ni au travail, les "invisibles". Il faut du monde sur le terrain pour aller à leur rencontre, pour les aider à reprendre pied", estime le maire de Montataire. "L’Etat doit donner des perspectives à des jeunes qui n’ont pas eu de coup de pouce familial", abonde Olivier Gacquerre. "L’ascenseur social est en panne, nous demandons à prendre les escaliers".

Les édiles proposent la création de 7 000 postes aidés "médiation et tranquillité publique" : "ceux qui souffrent le plus de cette crise sont les plus pauvres et ces personnes se trouvent dans ces quartiers. Donc il faut aider les collectivités à pouvoir recruter des gens pour le terrain, et je ne parle pas de la police, je parle d'éducateurs, de médiateurs", juge Jean-Pierre Bosino.

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Lutter contre les déserts médicaux

Une autre mesure incite à la création de maisons de santé. "Nous demandons notamment la création de maisons de santé dans les quartiers prioritaires car les gens ne se soignent plus. Il y a un désert médical et en plus les gens renoncent à aller voir un médecin à cause de l’argent qu’ils pensent devoir dépenser", explique Arnaud Decagny.

Ces mesures, si elles sont prises, pourraient être partagées et évaluées par le Conseil National des Solutions, organisme que les maires souhaitent créer. Composé d’élus, d’associatifs, de fonctionnaires et d’entrepreneurs et universitaires bénévoles il pourrait "se réunir 1 fois par mois pour partager des initiatives qui marchent et une fois par trimestre pour évaluer celles mises en place", propose Guillaume Delbar (DVD), maire de Roubaix.

Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de recevoir les signataires de la lettre selon l'AFP. "Le président a bien reçu la lettre. Il partage les inquiétudes et les objectifs des signataires" et "demande au gouvernement de recevoir ces élus et de travailler avec eux", a déclaré l’Elysée à l’agence de presse. "Si le président ne nous écoute pas, on court à la catastrophe", conclut le maire de Maubeuge.
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